Rechercher
Rechercher

Politique - Éclairage

À part le Hezbollah, qui tire sur Israël au Liban-Sud ?

Malgré sa supériorité sur le terrain en termes de matériel et d’hommes, le parti chiite aurait ouvert la ligne de front à d’autres belligérants pour s’offrir une « couverture sunnite ».

À part le Hezbollah, qui tire sur Israël au Liban-Sud ?

Des combattants du Hezbollah, lors d’une démonstration militaire du parti chiite à Aaramta, au Liban-Sud, en mai 2023. Photo Mohammad Yassine

Dès le début de la guerre à Gaza, il n’y avait aucun doute que le Hezbollah – qui a fait de sa « résistance » contre Israël son principal cheval de bataille et qui est le seul à avoir officiellement gardé les armes après la guerre civile (1975-1990) – allait mener des attaques au Liban-Sud. Un engagement qui s’inscrit dans le cadre de l’« unité des fronts » qui implique une coordination étroite entre les membres de « l’axe de la résistance » dans leur lutte contre l’État hébreu. Mais, au-delà de la présence attendue du parti chiite, d’autres belligérants sont également impliqués sur le front au Liban-Sud, désormais ouvert à tous les scénarios.

Outre les actions du parti de Dieu, plusieurs attaques ont ainsi été revendiquées depuis le 8 octobre dernier par des partis et groupes armés, libanais et palestiniens, suscitant de nombreuses inquiétudes dans le pays. Ces dernières semaines, ce « front de soutien » à Gaza a vu défiler des combattants liés au mouvement Amal de Nabih Berry, président du Parlement, mais aussi des membres des Brigades al-Fajr de la Jamaa islamiya libanaise et des combattants des « Aigles du tourbillon », la branche armée du Parti syrien national social (PSNS). Sans oublier les combattants des Brigades al-Qassam du Hamas et ceux des Brigades al-Qods du Jihad islamique palestinien qui ont également fait acte de présence.

Couverture sunnite ?

Pourquoi autant de factions armées au Liban-Sud, alors que le Hezbollah se réservait jusque-là le droit exclusif d’intervenir à la frontière, mis à part de rares lancers de roquette qu’il autorisait de temps à autre ?

Imad Salamé, professeur en relations internationales à la Lebanese American University (LAU), favorise la thèse de la « couverture sunnite » que le Hezbollah tenterait d’obtenir en s’alliant aux factions palestiniennes ou à la Jamaa islamiya. « Le Hezbollah veut montrer qu’il est proche des sunnites et que sa guerre contre Israël sert à défendre les sunnites palestiniens. Il essaie, ainsi que l’Iran, de montrer qu’il ne leur est pas opposé. Ainsi, il rendra plus difficile aux pays arabes, notamment à l’Arabie saoudite, de normaliser leurs relations avec l’État hébreu», analyse-t-il.

Une explication réfutée par un responsable du Hamas à Beyrouth qui explique à L’Orient-Le Jour que « le front (du Liban-Sud) est ouvert, et ceux qui ont les moyens de se battre le font, sans pour autant entraîner le Liban dans une guerre élargie ». « Il est normal que d’autres groupes se joignent au combat (aux côtés du Hezbollah). Le Liban-Sud n’est pas hermétique. Ces groupes n’ont pas besoin de coordonner avec le Hezbollah », commente pour sa part le journaliste Kassem Kassir, un proche du parti chiite, qui ajoute que « le Hezbollah n’a pas besoin de couverture sunnite, tant qu’il agit dans le cadre de ses responsabilités ». Contacté, un haut responsable au sein du parti de Dieu n’était pas disponible pour un commentaire.

Lire aussi

Quand Beyrouth est poussé par le Hezbollah... vers un accord avec Israël

Interrogé sur la présence du mouvement chiite Amal et du PSNS laïc, Imad Salamé explique que « plus le Hezbollah élargit la ligne de front et diversifie les participants, plus il légitime la présence des armes au service de la résistance contre Israël ». 

Dans un entretien au site britannique The Independent en octobre dernier, le vice-président du bureau politique de la Jamaa islamiya, Bassam Hammoud, justifiait, lui, la présence armée de sa formation en assurant que « les déclarations ministérielles (des gouvernements successifs au Liban, qui reconnaissent la « résistance » du Hezbollah contre Israël) ont consacré le droit du peuple libanais à résister. Cela s’applique à nous et à toutes les factions qui résistent (au Liban-Sud) ». 

Une participation « symbolique »

En termes d’équilibre des forces sur le terrain, il ne fait pas de doute que le Hezbollah est celui qui a le plus de moyens pour agir. Fort d’un arsenal militaire développé et de quelque 100 000 combattants, selon des déclarations de Hassan Nasrallah en 2021, le parti chiite mène la grande majorité des opérations, notamment grâce à son unité d’élite, al-Radwane, estimée par des médias israéliens à 2 500 hommes. Par ailleurs, le Hezbollah est de loin celui qui a perdu le plus de combattants depuis le 8 octobre. Selon un décompte de L’OLJ, au moins 159 hommes du Hezb sont morts dernièrement dans les affrontements avec Israël, dont Wissam Tawil, un haut responsable de la force al-Radwane, tué lundi dernier.

Le Jihad islamique, lui, a perdu 10 hommes ; le Hamas 14, dont deux islamistes turcs venus se battre au Liban-Sud ; le PSNS a perdu un combattant. La Jamaa islamiya, elle, a annoncé la mort de deux de ses membres dans l’attaque qui a coûté la vie au numéro deux du Hamas, Saleh el-Arouri, dans la banlieue sud de Beyrouth. Quant à l’armée libanaise, qui n’intervient pas pour l’instant au Liban-Sud, elle a perdu un soldat lors d’une attaque israélienne.

Selon des estimations fournies par le professeur Imad Salamé, le Hezbollah aurait déployé 20 000 hommes sur le terrain, dont 5 000 en Syrie et 15 000 au Liban, répartis entre le Sud et la Békaa. Parmi les combattants au Liban, 2 000 seraient postés dans un rayon de sept kilomètres de la frontière, ajoute-t-il.

Lire aussi

Que sait-on sur la force al-Radwan, unité d’élite du Hezbollah ?

D’habitude discret sur ses activités militaires, le mouvement Amal a affirmé disposer d’armes sophistiquées et de 17 000 combattants, dont 2 000 faisant partie d’une unité d’élite, dans une vidéo diffusée en ligne le 28 décembre. Sa participation aux combats semble toutefois limitée, le mouvement de Nabih Berry ayant confirmé un seul mort dans ses rangs.

Interrogé par L’OLJ, le député Amal Hani Kobeissi a toutefois démenti toute présence militaire organisée au sein de son parti, malgré la diffusion de cette vidéo, dans laquelle il prend lui-même la parole. « Nous n’avons pas de présence (militaire) officielle. Il s’agit de jeunes issus des villages de la région qui se défendent. C’est un mouvement populaire et pas un groupe organisé », a-t-il déclaré à notre journal.


Quant au reste des belligérants, « il n’existe pas d’informations officielles sur leur armement ou le nombre de combattants  déployés », révèle le général à la retraite Khalil Hélou. « Mis à part le Hezbollah et Amal, qui disposent de bases au Liban-Sud, la participation du reste des groupes armés est avant tout symbolique », explique ce militaire. Imad Salamé estime, pour sa part, à une dizaine de milliers le nombre de combattants du Hamas au Liban.

« Certaines factions ont revendiqué quelques attaques au Liban-Sud (au début de la guerre à Gaza), puis elles ont disparu, en quelque sorte », commente le journaliste Bachir Moustapha. « La plupart d’entre elles n’ont pas les moyens de faire face à une guerre en bonne et due forme, comme c’est le cas désormais sur le terrain », souligne-t-il.

Face à cette situation qui risque de malmener encore plus le Liban, une « solution régionale » s’impose, selon Imad Salamé. « Tant que le dossier du nucléaire iranien et des sanctions imposées à Téhéran n’aura pas été réglé, les groupes qui gravitent dans l’orbite de l’Iran continueront à se battre. Mais si aucune solution n’est trouvée, le Liban risque d’être pris dans une bataille régionale sans issue », met-il en garde.

Dès le début de la guerre à Gaza, il n’y avait aucun doute que le Hezbollah – qui a fait de sa « résistance » contre Israël son principal cheval de bataille et qui est le seul à avoir officiellement gardé les armes après la guerre civile (1975-1990) – allait mener des attaques au Liban-Sud. Un engagement qui s’inscrit dans le cadre de l’« unité des fronts » qui...

commentaires (8)

Tous ces gens là qui s'érigent en héros alors que le mot LIBAN n'existe pas aussi bien dans leur appellation que dans leur obédience. En revanche, nous avons NOTRE ARMEE LIBANAISE qui devrait prendre en charge cette région. Une armée propre, honnête formée par les enfants du Liban qui ne revendique ni islamisme, ni christianisme, ni autre allégence étrangère. Le Sud, Le Liban ont assez souffert à cause de cette pagaille au sud où tout ce petit monde integriste essaie de nous imposer cette appelation de "JIHAD" auquel plus de 80% des libanais n'est pas concerné et ne se reconnait pas.

LE FRANCOPHONE

18 h 35, le 15 janvier 2024

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • Tous ces gens là qui s'érigent en héros alors que le mot LIBAN n'existe pas aussi bien dans leur appellation que dans leur obédience. En revanche, nous avons NOTRE ARMEE LIBANAISE qui devrait prendre en charge cette région. Une armée propre, honnête formée par les enfants du Liban qui ne revendique ni islamisme, ni christianisme, ni autre allégence étrangère. Le Sud, Le Liban ont assez souffert à cause de cette pagaille au sud où tout ce petit monde integriste essaie de nous imposer cette appelation de "JIHAD" auquel plus de 80% des libanais n'est pas concerné et ne se reconnait pas.

    LE FRANCOPHONE

    18 h 35, le 15 janvier 2024

  • -NI TOI, NI MOI, NI NOS FRERES. -QUAND L,ETAT N,EXISTE PLUS, -QUAND MIKO ET LE PERCHE, -SONT AMIS DES MERCENAIRES, -DE PARTOUT LES GRANDS BARBUS, -CHEZ NOUS VIENNENT SE NICHER. -QUI TIRENT, FOULANT NOS HERBES ? -LES BARBUS ET LEURS IMBERBES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 33, le 15 janvier 2024

  • Une résistance est un élément dans un circuit électrique qui gaspille l’énergie. Avec la présence du Hizbollah sur nos terres, il n’est pas étonnant que l’EDL n’arrive pas à fournir le pays avec tout l’énergie nécessaire. Il est temps d’aller à la chasse aux gaspils

    Micheline

    12 h 56, le 15 janvier 2024

  • Quel Bordel à la frontière !!! De Fatah land à l’Iran land

    william semaan

    05 h 01, le 15 janvier 2024

  • Correction. Le Hezbollah n’a pas pris part a la guerre civile et n’etait pas encore forme.

    Riwa Jabri

    11 h 33, le 13 janvier 2024

  • "Ces groupes n’ont pas besoin de coordonner avec le Hezbollah ". Oh le beau mensonge que voilà! Chacun sait que pas un pétard ne peut être lancé au Liban-Sud sans l'aval de la milice iranienne.

    Yves Prevost

    07 h 35, le 13 janvier 2024

  • Avec tout ce petit monde bordélique qui dit "se battre" ..... ensuite, ces gens se demandent d'où viennent "les espions". Certains d'entre eux, pourraient "sans doute", lancer une ou plusieurs roquettes sur Israel parce qu'ils auraient reçu l'ordre de la part de Tel Aviv. Si cette dernière aurait besoin d'un prétexte pour attaquer. Comme d'hab, le sud sera toujours territoire NON contrôlé par l'armée libanaise. Ensuite, tout le monde s'étonne que l'aviation israélienne survole le sud pour "surveiller" : Un vrai bordel le sud. Vivement que l'armée libanaise fasse le ménage un de ces jours.

    LE FRANCOPHONE

    15 h 43, le 12 janvier 2024

  • Voilà pourquoi les américains ont intérêt à exiger le désarment du HB sans condition pour confier le contrôle des frontières à la seule armée nationale qui empêcherait que notre pays ne se transforme en plaque tournante des terroristes qui s’infiltrent dans toutes nos régions afin de leur compliquer la tâche plus tard, le jour où ils décideraient de sévir comme en Afghanistan et en Irak. Il faut battre le feu pendant qu’il est chaud. C’est maintenant ou jamais. On se demande comment les américains n’ont rien appris des expériences foireuses avec ces terroristes qu’ils disent vouloir anéantir.

    Sissi zayyat

    11 h 09, le 12 janvier 2024

Retour en haut