Il est dieu, il est animal, il est homme. Ce n’est pas ainsi qu’on aurait imaginé un musicien, mais c’est ainsi que la mythologie grecque illustre Pan, le dieu berger à pattes et cornes de bouc, muni de sa large flûte qui module le vent. Lorsqu’il surgissait de manière inattendue dans les forêts, son aspect étrange et son cri puissant provoquaient la terreur. Cette peur panique est depuis des années le lot constant des habitants de notre région. Cela fait trop longtemps que l’animal en nous, animal démuni des sens puissants des animaux, évolue à travers une jungle où, à chaque instant, un danger existentiel peut surgir de nulle part et l’anéantir. Impossible de s’y habituer. Crâner est stupide et le courage n’est pas donné à tout le monde. Pan est un sacré farceur. Heureux ceux qui savent comment agir, comment faire face au danger, comment prendre les bonnes décisions au bon moment en gardant la tête froide pour protéger, se protéger ou sauver autrui. Ces qualités s’acquièrent, sans doute, mais il y faut une prédisposition, des substances mystérieuses ou le genre de foi qui soulève les montagnes.
Qui d’entre nous, vivant sous ce même ciel, n’a pas son souvenir de panique lié aux guerres et aux attentats qui nous labourent les nerfs depuis que nous avons vu le jour ? Combien de fois, enfants, avons-nous été portés aux abris en tremblant ? Une bien mauvaise idée, d’ailleurs, dictée par la peur, cette terrible conseillère, et qui vous expose à être enterré vivant. L’agression israélienne de juillet 2006 nous a fait oublier la monstrueuse explosion qui a emporté Rafic Hariri le 14 février 2005 et tous les attentats qui ont suivi ce moment terrifiant. La double explosion titanesque au port de Beyrouth le 4 aoüt 2020 a effacé à son tour tout ce qui a précédé et qui ne prend même pas en compte les quinze années de guerre clôturées au tournant du siècle dernier.
Effacé, vraiment ? Nos cicatrices s’empilent et notre comportement dans la vie, la manière dont nous élevons nos enfants, dont nous agissons sur les routes ou prenons nos responsabilités au travail, nos addictions sournoises et notre santé mentale, tout cela est conditionné par ce cumul de traumatismes sans lequel nous serions bien différents.
La boucherie qui se poursuit à Gaza nous renvoie un reflet terrifiant de ce que pourrait être une nouvelle guerre au Liban face à Israël. Aucune guerre n’est éthique, et quelles que soient les lois définies par la Convention de Genève, il semble qu’elles ne soient presque jamais respectées. Mais dans son acharnement aveugle à vider Gaza et anéantir sa population, Israël ouvre un nouveau chapitre dans le registre de l’inhumanité. On n’est plus dans la riposte et l’autodéfense, mais dans la vengeance la plus vile. Se serait-on jamais attendu à ce que les descendants des victimes de la pire entreprise génocidaire qu’ait connue l’humanité soient capables d’une cruauté à ce point scandaleuse ? La fuite en avant visiblement irresponsable du gouvernement de Netanyahu risque de déclencher une guerre régionale sans merci dont l’économie mondiale ressent déjà les effets avec la paralysie du trafic maritime en mer Rouge. La complaisance – ou l’impuissance – de la communauté internationale dans cette tragédie est un mauvais présage. La peur a repris son empire et la raison est absente. Cet air de flûte, ce souffle sur la nuque… Pan est caché sous chaque pierre, dans chaque roncier. Vite trouver le courage de le débusquer.
Pauvre peuple que ses dirigeants ont abuse de mille facons: Qu'auriez-vous fait si vos femmes et enfants etaient tortures et mille fois violes et tortures??? Qu'auriez-vous fait pour atteindre ces memes dirigeants-assassins-barbares-laches caches dans leurs abris sous-terrains qui ont meticuleusement prepare le sous-sol entier de Gaza sous les hopitaux et sous les administrations civiles et sous les civils??? Dites-moi....
03 h 17, le 11 janvier 2024