Avigdor Lieberman, ancien ministre israélien de la Défense et homme politique d'opposition de droite, a appelé l'armée israélienne à contrôler certaines parties du Liban-Sud afin de créer une zone tampon de sécurité.
M. Lieberman, qui dirige le parti laïc et nationaliste de droite Yisrael Beiteinu, opposé au gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a déclaré lundi que le Liban devait « payer en territoire » pour les dommages causés par les frappes du Hezbollah sur les localités du nord d'Israël, selon le site d'informations Times of Israel.
Dans des commentaires publiés lundi lors d'une réunion du parti, l'ex-ministre de la Défense a suggéré que l'armée israélienne crée une zone tampon de sécurité dans le sud du Liban, pour « empêcher les tirs anti-aériens et l'occupation physique de la ligne de conflit, comme cela s'est produit (...) le 7 octobre (2023) » à Gaza. Il a indiqué que cette zone, décrite par Times of Israel comme une forme d'occupation, pourrait rester en place « jusqu'à ce qu'un gouvernement capable d'exercer sa souveraineté sur l'ensemble du territoire soit établi à Beyrouth », même si cela devait signifier d'occuper cette zone durant cinquante ans.
Frappes incessantes entre le Hezbollah et l'armée israélienne
Les propos d'Avigdor Lieberman interviennent alors que les échanges de tirs se poursuivent entre le Hezbollah et l'armée israélienne le long de la frontière libano-israélienne depuis le 8 octobre. Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a qualifié les activités du parti dans cette région de « front de soutien » au Hamas, son allié dans l' « axe de la résistance » , lors de son premier discours après le début de la guerre. Des dizaines de milliers de personnes ont été évacuées de leurs habitations dans le nord d'Israël, tandis que celles qui sont restées estiment que le gouvernement israélien ne fait pas assez pour assurer leur sécurité en leur fournissant des abris.
Au Liban-Sud, au moins 109 personnes ont été tuées dans les bombardements quasi-quotidiens de l'armée israélienne, selon les dernières données publiées par le ministère libanais de la Santé le 20 décembre. Selon un décompte de L'Orient-Le Jour, 137 membres du Hezbollah ont été tués depuis le début des combats le 8 octobre. 64.053 personnes ont été déplacées jusqu'à présent, selon les données de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les frappes aériennes et de drones de l'armée israélienne sur les villages du Liban-Sud ont endommagé de vastes étendues de terres agricoles, ainsi que des habitations.
Le sud du Litani « doit être sous le contrôle de l'armée israélienne »
Dans les propos rapportés lundi, M. Lieberman a proposé que l'armée israélienne « ferme » certaines parties du Liban-Sud et que « tout ce qui se trouve entre le Litani et Israël soit sous le contrôle » de l'armée israélienne.
Cette proposition fait suite à une suggestion similaire faite par l'actuel ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, selon laquelle l'armée israélienne pourrait repousser le Hezbollah au nord du fleuve Litani, afin de permettre aux habitants du nord d'Israël de rentrer chez eux. Dans son message du Nouvel An, le porte-parole de l'armée israélienne, Daniel Hagari, n'a pas spécifiquement mentionné le Liban, mais il a déclaré que les troupes étaient préparées à des « combats prolongés » et que des adaptations étaient en cours pour « assurer la planification et la préparation de la poursuite de la guerre en 2024 ». « L'armée israélienne doit planifier à l'avance en sachant qu'il y aura des missions supplémentaires et que les combats se poursuivront le reste de l'année », a-t-il souligné.
Ses propos interviennent à l'heure où la résolution 1701 du Conseil de sécurité, qui a mis fin à la guerre de juillet 2006 entre le Hezbollah et Israël, devient un passage obligé pour une sortie du tunnel. Elle appelait à la cessation totale des hostilités, au déploiement de l'armée libanaise au Liban-Sud, au retrait des forces israéliennes derrière la Ligne bleue et à l'établissement d'une zone démilitarisée entre la Ligne bleue et le fleuve Litani.
Avigdor Lieberman a déclaré qu'Israël « n'annexerait rien et ne construirait pas de colonies », comparant sa proposition à l'occupation militaire de l'Allemagne (par les forces alliées, NDLR) après la Seconde guerre mondiale. « Il n'est pas possible qu'il y ait des villes entières dont près de la moitié des bâtiments ont été simplement détruits », a-t-il ajouté.
En octobre, M. Lieberman avait déjà déclaré que la destruction du Hamas, la lutte contre le Hezbollah et la libération des otages avaient la priorité sur « d'autres défis », selon le quotidien Haaretz.
Le secrétaire général adjoint du Hezbollah, Naïm Kassem, a affirmé dimanche qu'Israël « ne peut pas déplacer les colons vers le nord, en pleine bataille, et ne tirera aucun avantage de ce combat ». Tel Aviv « doit d'abord mettre fin à la guerre à Gaza pour que cessent les hostilités au Liban », a-t-il poursuivi. Et si l'État hébreu « persiste à bombarder des civils au Liban, la réponse sera plus forte et proportionnelle à l'agression israélienne », a-t-il dit.
commentaires (10)
Lieberman s’avère plus arrogant que ses compères. Les israéliens sont cupides, malhonnêtes et megalos même après avoir essuyé un camouflet de la part d’une milice qualifiée comme minus devant la puissance de l’armée israélienne.
Hitti arlette
15 h 02, le 03 janvier 2024