Le vicaire patriarcal maronite de Haïfa et de Jérusalem, l’archevêque Moussa el-Hage, subit une nouvelle fois le feu des critiques du camp du Hezbollah.
En cause, sa participation le 21 décembre, aux côtés des chefs des Eglises de Jérusalem, à la cérémonie annuelle de vœux donnée par le président israélien, Isaac Herzog, qui intervient cette année en pleine guerre à Gaza et au Liban-Sud.
Le représentant du patriarcat maronite du Liban et d’Antioche à Jérusalem est en effet vertement critiqué dans les milieux du Hezbollah, rapporte le site al-Modon. « L’image m’a provoqué, car il ne peut y avoir de religieux, adorant Dieu et croyant en la justice et le droit, qui se range du côté d’Israël, de la tyrannie et du colonialisme », a affirmé à la chaîne télévisée al-Jadeed Sadek Naboulsi, un cheikh religieux proche du Hezbollah, accusant de « trahison » « quiconque rencontre un Israélien ».
La riposte est venue de l’ancien député Farès Souhaid, proche de l’Eglise maronite et du camp souverainiste opposé au Hezbollah. Il a rappelé au cheikh Naboulsi que « le clergé est libre », et que « rendre visite au geôlier ne signifie pas sympathiser avec lui ». « Si vous voulez vaincre Israël comme vous le prétendez, travaillez à élargir vos amitiés au lieu d’attaquer les prêtres », a-t-il souligné sur le réseau X. De même, le compte « Lebanon archive » a rappelé sur X le caractère annuel de la visite du prélat au président israélien, dans le cadre de la visite de l’ensemble des chefs des Eglises de Jérusalem, publiant les photos du même événement en 2016, 2017, 2018 et 2021, tout en précisant qu’en 2021, un autre dignitaire religieux libanais, Mgr Camille Semaan, avait également participé à la réunion.
En juillet 2022, Moussa el-Hage avait été brièvement arrêté au poste-frontière de Ras Naqoura par la Sûreté générale, alors qu’il revenait d’Israël où il se rendait une fois par mois. Conformément à l’accord d’armistice signé entre l'Etat hébreu et le Liban en 1949, l’archevêque est autorisé à traverser le frontière en toute liberté. Mais ce qu’il transporte est souvent problématique. Le religieux était alors en possession notamment de 460 000 dollars en liquide et d’une vingtaine de valises de médicaments, destinés à une mission humanitaire. Son passeport a été confisqué, de même que tout ce qu’il transportait, argent y compris. L’affaire qui s’était envenimée entre Bkerké et la Sûreté générale (proche du Hezbollah) avait nécessité les interventions de l’ancien président Michel Aoun (en poste à l’époque), et de l’Arabie saoudite, notamment.
La réaction du Hamas
Aujourd’hui, l’affaire prend une ampleur internationale. Car l’ensemble des chefs des Eglises de Jérusalem ont été critiqués par les Palestiniens notamment, pour leur participation à cette cérémonie de vœux avec le président israélien, alors que la guerre fait rage à Gaza où près de 21 000 Palestiniens ont été tués, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas. « Nous avons été choqués par la photo des dignitaires chrétiens des Territoires palestiniens occupés rencontrant le président de l'entité sioniste à l'occasion de Noël (...) d'autant plus qu'aucun d'entre eux n'a parlé des épreuves traversées par notre peuple en raison des crimes de nettoyage ethnique commis par l'armée de l'entité sioniste », a écrit le Hamas samedi.
Les patriarches et chefs des Eglises se sont défendus le jour-même affirmant dans une mise au point que la rencontre n'était pas destinée « à échanger les vœux » mais à transmettre au président israélien « la position universelle de l'Eglise réclamant la fin du bain de sang à Gaza ».
La tenue de cette cérémonie traditionnelle jeudi, à laquelle avaient notamment participé le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, le patriarche grec-orthodoxe de Jérusalem, Théophile III, et le custode de Terre sainte, Francesco Patton, a été annoncée le même jour par la présidence israélienne, qui en a publié des photos sur son site.
Selon le site d'information al-Aahed, proche du Hezbollah, le collectif des Représentants des prisonniers et détenus libérés a présenté à la justice une demande d'ouverture d'une information judiciaire contre les évêques el-Hage et Semaan, les accusant d'être « entrés en contact avec l'ennemi sioniste ».
Le Hezbollah n'a jusque-là pas fait de commentaires, de manière officielle, sur cette affaire.
commentaires (17)
QUI LIT MES TIRADES DOIT AVOIR UN MINIME DEGRE DE COMPREHENSION POUR LES COMPRENDRE. VERITE ET EQUITE ! POUR TOUS ET CONTRE TOUS. JE SUIS LA LIBRE EXPRESSION.
LA LIBRE EXPRESSION
19 h 09, le 27 décembre 2023