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Nos Lecteurs ont la Parole

« See you in Beirut, whatever happens ! »

Cette fameuse affiche, partiellement déchirée, en collage sauvage sur les murs de Mar Mikhaël, revient toujours sur les réseaux sociaux au mois de décembre.

See you in Beirut, whatever happens !

Combien de fois je l’ai dit à mes amis, à mes parents, à mes collègues. Combien de fois j’ai répété au monde entier que j’y vais au Liban, pour Noël, « whatever happens ». Qu’est-ce qu’elle est déjà vue, cette scène...

Mon pays est en guerre, le sud du Liban résonne au rythme des sirènes et des explosions, toute la région est en ébullition, avec des crimes et des injustices mais… see you in Beirut, whatever happens !

L’aéroport, le seul à desservir tout le pays, est submergé par l’eau, l’attente au check-out est infernale, les escaliers roulants sont hors service et il y a un risque que ta valise ne soit pas disponible à temps, mais… see you in Beirut, whatever happens !

La corruption est profondément enracinée au sein du pays, nous n’avons toujours pas de président, les autoroutes demeurent dans l’obscurité, la sécurité fait défaut, mais… see you in Beirut, whatever happens !

See you in Beirut, pour toute la beauté, la chaleur humaine et l’authenticité au-delà des crises sociales, économiques et politiques.

Pour la beauté des spectacles, la scène musicale et théâtrale, qui existe encore, avec les artistes qui créent pour l’amour de l’art et qui montent encore sur scène pour nous, pour eux-mêmes, pour faire briller la culture.

Pour la beauté des commerçants et des designers locaux qui t’accueillent avec le sourire, qui galèrent pour les fins de mois mais qui persistent dans leur croyance, se battant pour innover et soutenir la production locale.

See you in Beirut, whatever happens !

Pour la beauté des marchés de Noël, qui émergent des ruines, qui se créent pour transmettre l’espoir et la vie dans un pays qui absorbe en permanence les conflits régionaux.

Pour la beauté des sapins et des crèches de Noël qui ne cessent de croître d’année en année, car la foi demeure l’unique pilier pour un peuple désespéré.

See you in Beirut, whatever happens !

Pour la beauté des montagnes, qui témoignent de la première nappe blanche, celle qui recouvre la peine et le déni, qui annonce la paix et incite au voyage tout en restant présent.

Pour la beauté des soirées familiales, des dîners autour des cheminées, de toutes les bouteilles de vin attendant le retour des expatriés, pour la dinde, le taboulé, le hommos, la man’ouché qui, enfin, est entrée au patrimoine de l’Unesco, qu’est-ce qu’elle est délicieuse et n’atteindra jamais son apogée qu’en étant dégustée debout, face au foren, dans les montagnes ou dans les ruelles de Beyrouth.

See you in Beirut, whatever happens !

Pour la beauté de mes parents, de ma famille, pas le cliché de la beauté superficielle, mais la beauté de leur âme, leur amour, pur et inconditionnel. Cet amour qui se manifeste en actions pour un accueil des plus chaleureux, l’accueil qui nous fait oublier l’anxiété de la guerre, le risque de ce voyage et la crainte d’être bloqué.

Pour la beauté de leur existence extraordinaire, malgré toutes les épreuves passées et celles qu’ils continuent d’affronter, ils rayonnent d’optimisme ; mon père en stand-by pour répondre à toutes nos envies, et ma mère reste fidèle à elle-même avec ses sacrées tables, garnies de mes plats préférés, même lorsque j’arrive à 3 heures du matin.

See you in Beirut, whatever happens !

Pour la beauté de ce pays qui m’appartient, où je suis née, j’ai grandi, j’ai appris ma langue maternelle, j’ai fait mes premiers amis, mes premières rencontres.

Mon pays de toutes les premières fois, mon pays de cœur, mon chez-moi, mon « home », mon pays au passé simple, au présent et au futur.

See you in Beirut, whatever happens !

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Cette fameuse affiche, partiellement déchirée, en collage sauvage sur les murs de Mar Mikhaël, revient toujours sur les réseaux sociaux au mois de décembre.See you in Beirut, whatever happens ! Combien de fois je l’ai dit à mes amis, à mes parents, à mes collègues. Combien de fois j’ai répété au monde entier que j’y vais au Liban, pour Noël, « whatever...

commentaires (1)

Que c’est beau merci

Eleni Caridopoulou

16 h 26, le 20 décembre 2023

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Commentaires (1)

  • Que c’est beau merci

    Eleni Caridopoulou

    16 h 26, le 20 décembre 2023

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