Le moins qu’on puisse dire est que les populations arabes du Proche-Orient ne baignent pas dans l’allégresse et la joie de vivre. On dit que l’Histoire ne se répète jamais, chez elles, elle bégaie salement en tout cas.
Faut dire que les gens d’ici et du voisinage immédiat en ont connu des vertes et des pas mûres. À commencer par les chefs qui les mènent à la trique, leur inventent des objectifs guerriers dont ils se battent les claouis, les forcent à se serrer la ceinture pendant qu’eux-mêmes, gavés à ras-la-panse, n’arrivent pas à joindre les deux bouts de la leur. La suite du feuilleton est connue, et le scénario se décline de trois façons distinctes, selon la chance et les circonstances : un, le Conducator en place tombe du palmier et se fait viander par ses ennemis locaux qui exhibent sa barbaque à travers les rues ; deux, il détale courageusement déguisé en fatma, après avoir épuisé son stock de larbins préalablement envoyés au casse-pipe ; trois, il se prend une gamelle dans les grandes largeurs, mais il a la vie sauve et s’en tire par un V de la victoire au milieu des ruines fumantes et des niais ensanglantés qui l’acclament.
Yahia Sinouar, le chef barbo-moustachu du Hamas, préfère bien évidemment cette dernière issue honorable, qui permet de sauver la face et ménager les fesses. Sec et aride comme un sarment de vigne, il n’a de cesse de quémander un cessez-le-feu pour se refaire une santé. Depuis l’équipée de ses tontons macoutes en pays hébreu le 7 octobre, l’homme a dégringolé de son nuage. Il est vrai qu’au départ il avait joué le mauvais cheval, préférant claquer son trésor de guerre en tunnels pour ses hommes plutôt qu’en abris pour la population. Avec la petite monnaie qui lui reste, il n’a même plus de marge pour détruire Israël. Et puis comment pouvait-il savoir que Benji, qui pendant des années lui faisait passer des valises bourrées de billets qataris, se conduirait soudain comme un butor échappé d’une mangeoire, affamant les civils palestiniens tout en les abreuvant de projectiles variés ? Ce qui en toute logique renvoie au « Si j’avais su… », la saillie célèbre du Sayed Barbu au Liban en 2006.
Finalement, les véritables dindons de toute cette histoire de Gaza restent ces femmes, ces enfants, ces vieillards… Chairs à canon hachées menu par l’aviation et les bombes israéliennes, et à qui l’on débite des âneries en tranches à propos d’une Résistance palestinienne dévoyée depuis lulure dans des batailles de caniveau.
Résister à l’ombre de chefs mafieux, rêver de libération dans des villes assiégées, parler d’avenir sous le fracas des obus. Comment courir vers la Palestine quand on n’a plus de jambes ? Comment agiter des drapeaux quand on n’a plus de mains ? Quelque 18 000 morts, plus de 50 600 blessés, des centaines de milliers de sans-abri… À partir de quels chiffres se mesure la défaite ?
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (6)
- NOUS AVONS ASSEZ BIEN RI. - DE NOS PROPRES MASCARADES. - IL EST TEMPS, JE CROIS, GABY, - DE CHANGER VOS SERENADES. - VOTRE PLUME EN A L,ATOUT, - JE LUI SUIS UN TEMOIGNAGE, - DE NOUS LIBERER DU FOU, - QUI NOUS TIENS TOUS EN OTAGE.
LA LIBRE EXPRESSION
14 h 08, le 15 décembre 2023