Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

La vache gouvernementale qui regarde passer le train

Il faut se rendre à la très évidente évidence qu’avec l’entrée en « guéguerre » (puisque ce n’est pas tout à fait la guerre) du Hezbollah en soutien au Hamas et à la bande de Gaza, l’État libanais a confirmé, hors de tout doute, son statut d’État (ou mini-État) mineur, sous tutelle iranienne, par la main armée du Hezbollah. Il ne serait donc pas exagéré de parler de l’instauration d’un « mandat iranien » de facto au Liban, à l’instar du mandat français, à la différence près que la première force mandataire était bien plus civilisée et nous avait laissé, entre autres, un héritage culturel et linguistique, et notamment une culture pacifique de vie, et non une culture belliqueuse de mort.

Depuis ce funeste 7 octobre, date du déclenchement du sanglant Déluge d’al-Aqsa qui a eu pour effet boomerang de dévaster Gaza par un contre-déluge éminemment plus criminel et sanglant, les Libanais – du moins ceux et celles qui conservent un sentiment d’appartenance nationale – assistent, médusés ou blasés, à la sujétion, voire l’assujettissement de leur État à une force tutélaire étrangère, à la réduction de leur gouvernement au rôle de « vache qui regarde passer le train » : le train de la guerre importée sur le sol libanais, avec son train de calamités ; le train de la Palestine qui passe, une fois de plus, par le Liban, avec à son bord les groupes armés palestiniens, à savoir le Hamas, le Jihad islamique et tutti quanti, train dont la locomotive est le Hezbollah ; le train des déplacés du Sud qui vont trouver refuge dans les hauteurs de Beyrouth.

C’est ainsi que depuis le 7 octobre 2023, le sud du Liban est retourné aux années soixante-dix pour devenir le « Hezbollah-

Hamas Land », après le fameux et mortifère « Fateh Land ». En effet, on y vaque aujourd’hui librement et effrontément à ses occupations guerrières dans le total mépris du Liban officiel, de ses institutions démocratiques, de son armée, de la Finul et de la résolution 1701.

Au lieu d’appeler, à cor et à cri, au respect des lois et des résolutions, de rappeler à ce beau (?) monde milicien et à ses chefs de guerre l’existence d’un État de droit, d’un État libanais souverain qui devrait seul détenir le monopole légal et légitime de la violence et de la décision de guerre ou de paix par la voie (et la voix) des pouvoirs exécutif et législatif, notre gouvernement avachi se contente de préparer des plans d’urgence pour parer à l’éventualité d’une guerre décidée par l’Iran, et ce, dans la résignation devant le fait accompli et sans aucune gêne ni honte.

Et que dire de la société civile, des partis d’opposition, des représentants du peuple soi-disant souverainistes et indépendants qui ont rejoint le gouvernement pour regarder, eux aussi, passer le train à ses côtés. Qu’il est beau le spectacle ! Qu’elle est reposante la rumination passive devant la clôture du Sud au-delà de laquelle se joue le sort du Liban par des pseudos et des non-Libanais !

Aucune protestation contre le risque imminent d’une réédition de la guerre de juillet 2006, mais en pire, aux conséquences, cette fois-ci, apocalyptiques, compte tenu du fait que l’ennemi joue son va-tout et que sa machine de guerre fonctionne en ce moment sur le mode survie.

Aucune voix hardie pour rappeler que les Libanais ont assez donné et payé pour la cause palestinienne – quinze ans (au moins) de guerre civile – jusqu’à risquer de perdre leur identité et leur terre, et de voir leur patrie se muer en « patrie de remplacement » !

Aucun appel à la distanciation salutaire, avec tout le rapprochement humain et l’engagement humanitaire requis, aucun rappel du principe de neutralité du Liban, aucune manifestation en ce sens, aucune marche antiguerre, aucun rassemblement à la place des Martyrs pour éviter plein d’autres, advenant une mutation de la guéguerre en guerre, outre les destructions irrémédiables.

C’est à croire que les uns, au gouvernement, se sont littéralement aplatis devant la « moumanaa », et que les autres, dans l’opposition, ont baissé les bras, voire la culotte !


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Il faut se rendre à la très évidente évidence qu’avec l’entrée en « guéguerre » (puisque ce n’est pas tout à fait la guerre) du Hezbollah en soutien au Hamas et à la bande de Gaza, l’État libanais a confirmé, hors de tout doute, son statut d’État (ou mini-État) mineur, sous tutelle iranienne, par la main armée du Hezbollah. Il ne serait donc pas exagéré de...

commentaires (1)

Bien dit! Rien à ajouter.

Yves Prevost

08 h 35, le 01 décembre 2023

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Bien dit! Rien à ajouter.

    Yves Prevost

    08 h 35, le 01 décembre 2023

Retour en haut