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Dernières Infos - Liban-Sud

Les Casques bleus tentent de rester en sécurité au milieu de l'embrasement de la frontière libano-israélienne

Jeudi matin, l’armée israélienne a déclaré avoir intercepté une « cible aérienne » en provenance du Liban.

Les Casques bleus tentent de rester en sécurité au milieu de l'embrasement de la frontière libano-israélienne

Des Casques bleus et des soldats de l'armée libanaise le long de la frontière sud. Photo FINUL/Archives

Tout en essayant de remplir leur mandat de maintien de la paix, les soldats de l’ONU, déployés le long de la frontière libanaise avec Israël pendant les pires hostilités depuis près de 20 ans, ont une autre préoccupation urgente : assurer la sécurité de leurs propres forces.

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, il y a sept semaines, les troupes de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) se sont abritées à plusieurs reprises dans des bunkers lors de « bombardements intenses et de tirs de roquettes », a déclaré un haut commandant lors d’une visite de l’agence Reuters dans une base de la Finul au sud du Liban, non loin de Maroun el-Ras.

« Je dois faire de la protection de la force une priorité, tout en menant à bien la mission », a souligné le lieutenant-colonel Stephen MacEoin, chef de bataillon des soldats irlandais et polonais stationnés à Camp Shamrock dans le village de Tiri, près de la frontière méridionale du Liban avec Israël.

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Un obus touche le QG de la Finul au Liban-Sud

Dans le cadre du conflit à Gaza, à quelque 200 km au Sud, Israël et le Hezbollah échangent quotidiennement des coups de feu le long de la frontière israélo-libanaise. Les attaques israéliennes ont tué une centaine de personnes au Liban, dont 80 combattants du Hezbollah (86, selon les informations de L’Orient-Le Jour) depuis le 7 octobre.

M. MacEoin a observé qu’il espérait que la trêve à Gaza entre le Hamas et Israël serait prolongée, car ce sont les civils « qui souffrent le plus » des conflits, que ce soit au Liban ou à Gaza, et la violence à Gaza est liée à la situation au Liban-Sud.

« Les préoccupations de la mission sont que, après tant de semaines d’échanges de tirs, nous avons maintenant une trêve, un moment de calme, mais que ces échanges intensifs de tirs peuvent réellement déclencher un cycle de conflit beaucoup plus large », a pour sa part affirmé le porte-parole de la Finul Andrea Tenenti. « C’est le véritable avertissement et le danger auquel tout le monde est confronté, non seulement dans le Sud, mais aussi dans la région ». Il a ajouté que la Finul communiquait avec les deux parties lors des explosions à la frontière israélo-libanaise pour tenter de « désamorcer les tensions ».

Aucun soldat de la paix n’a été tué depuis l’escalade des hostilités. Mais deux soldats de la paix ont été blessés dans deux incidents distincts, et les installations et bases de la Finul ont été touchées et endommagées par des obus de mortier à plusieurs reprises, a déclaré M. Tenenti à l’agence Reuters.

« Nous avons eu beaucoup de tirs au nord et au sud de la ligne bleue... Beaucoup d’incidents rapprochés », a déclaré M. MacEoin, faisant référence à la ligne de démarcation de 120 km tracée par les Nations unies et qui marque la ligne de retrait des forces israéliennes lorsqu’elles ont quitté le Liban-Sud en 2000.

Aucune victime

Lors du dernier incident en date, une patrouille de la Finul a été touchée par des tirs israéliens dans les environs de Aïtaroun sans qu’aucune victime ne soit à déplorer. La force de l’ONU a qualifié cette attaque de « profondément troublante ».

La Finul a été créée par le Conseil de sécurité en 1978 après l’invasion du Liban par Israël. Son champ d’action et sa taille ont été élargis après la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah, qui a fait 1 200 morts au Liban, pour la plupart des civils, et 158 Israéliens, pour la plupart des soldats. La force est déployée dans le sud du Liban et a pour mission principale de contribuer au maintien de la paix et de la sécurité internationales. La mission indique qu’elle compte actuellement environ 10 000 soldats provenant de 47 pays et environ 800 membres du personnel civil, répartis sur 45 positions dans une zone de 1 060 km² (409 miles carrés) entre le fleuve Litani et la ligne bleue.

En décembre dernier, un soldat irlandais servant dans la Finul a été tué après que le véhicule de la Finul dans lequel il se trouvait a été la cible de tirs alors qu’il circulait dans le sud du Liban. Sept personnes ont été inculpées par un tribunal militaire libanais en janvier pour sa mort, la première attaque mortelle contre des soldats de la paix de l’ONU au Liban depuis 2015.  Le principal suspect, Mohammad Ayad, a toutefois été libéré sous caution par la justice militaire libanaise mi-novembre.

Tension au Sud

Le calme régnait à la frontière depuis que le Hamas et Israël ont convenu d’une trêve temporaire qui a débuté le 24 novembre. Mais jeudi matin, l’armée israélienne a déclaré avoir intercepté une « cible aérienne » en provenance du Liban. Deux missiles israéliens du Dôme de fer ont explosé dans le ciel au-dessus du village de Rmeich, a déclaré une source de l’armée libanaise. « Israël soupçonnait une infiltration aérienne, et le (système de défense antimissile) Dôme de fer a réagi en tirant deux roquettes », a expliqué la source.

De son côté, la Finul a déclaré à Reuters que l’armée israélienne aurait riposté à des tirs transfrontaliers en provenance du Liban-Sud. Des témoins de l’agence ont entendu des explosions le long de la frontière sud-est du Liban avec Israël. La Finul a également indiqué à notre publication qu’un « tir a été détecté depuis le Liban, suivi d’une riposte israélienne aux abords de Rmeich ». Les Casques bleus n’ont toutefois pas pu confirmer si les tirs depuis le Liban ont atteint leur cible en Israël.

Le Haaretz israélien a rapporté pour sa part que l’armée israélienne a annoncé avoir « intercepté une cible aérienne suspecte qui a traversé le Liban vers Israël » et que les sirènes d’alarme ont été activées dans le nord d’Israël.

En début de soirée, cinq obus d’artillerie sont tombés dans les environs de Marouahine (caza de Tyr), ont indiqué des sources de sécurité et des habitants à notre correspondant dans la région Mountasser Abdallah.



Geagea : Les opérations du Hezbollah ne servent qu’à préserver la position de l’Iran

Dans un communiqué publié jeudi, le leader des Forces libanaises Samir Geagea a affirmé que « les affrontements qui se produisent au Liban-Sud ne sont en aucun cas une forme de soutien à la bande de Gaza », soumise à de puissants bombardements israéliens depuis le début de la guerre du 7 octobre. « Preuve en est, l’agression contre l’enclave ne s’est pas arrêtée et est toujours en cours. Peut-on lui causer plus de destructions qu’elle n’en a déjà subi ? » demande le chef des FL. Et d’ajouter : « Par conséquent, quel est le rôle des tirs de roquettes et d’obus depuis le Liban ? La réponse, c’est que ces attaques ne sont qu’une façon pour le Hezbollah de préserver la position de l’Iran dans le conflit israélo-arabe. » « Les dix millions (de dollars, NDLR) promis par le gouvernement libanais en compensation des dommages subis par les habitants du Liban-Sud doivent être piochés dans les poches des ministres qui ont voté en faveur de ce projet », ironise en outre le leader maronite dans son communiqué. Il fait référence à la décision prise par le Conseil des ministres sortant, mercredi, de mener une enquête pour évaluer les dégâts et verser des indemnités aux habitants affectés par le conflit. Or, affirme M. Geagea dans son communiqué, « la grande majorité du peuple libanais n’a autorisé aucun groupe à lancer des roquettes depuis le Sud vers Israël pour préserver son rôle régional ». Plus tôt, le Hezbollah avait annoncé, via le député Hassan Fadlallah, qu’il avait lui-même commencé à compenser les habitants pour leurs pertes.



Tout en essayant de remplir leur mandat de maintien de la paix, les soldats de l’ONU, déployés le long de la frontière libanaise avec Israël pendant les pires hostilités depuis près de 20 ans, ont une autre préoccupation urgente : assurer la sécurité de leurs propres forces.Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, il y a sept semaines, les troupes de la Force...