Le porte-avion américain USS Dwight D. Eisenhower, surnommé Ike, poursuit son avancée dans le Golfe persique. « Le Dwight D. Eisenhower Carrier Strike Group (IKECSG) a achevé, le 26 novembre, la traversée prévue du détroit d'Ormuz dans le golfe arabo-persique », a indiqué, lundi, le Commandement militaire central américain (Centcom) sur son site officiel.
Depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, les États-Unis ont déployé deux porte-avions dans la région : le USS Gerald Ford, le plus gros navire de guerre du monde, qui se trouve en Méditerranée au large d’Israël depuis octobre ; et le USS Dwight D. Eisenhower, qui était en mer Rouge depuis début novembre. Sont également déployés dans la région des navires de soutien, des dizaines d'avions et un sous-marin. L'ensemble naval militaire vise à dissuader toute velléité d’élargissement du conflit, avec notamment l'entrée de l'Iran et des milices qu'il soutient.
Le Haaretz a pour sa part précisé, le 28 novembre, en se basant sur des images satellites datant de lundi, que le porte-avions Ike se trouve à 100 kilomètres au sud des côtes iraniennes et à quelque 120 kilomètres au nord-est du Qatar. Le quotidien israélien précise que sur les images satellite, l'on voit aussi « un avion qui semble être sur le point d’atterrir ».
La présence du porte-avions américain dans ces eaux n’a évidemment pas échappé aux Iraniens, et ceux-ci ont tenu à le faire savoir. Le site de la chaîne pro-iranienne al-Mayadeen fait état d’« images de drones publiées par l’Iran ». « L’armée iranienne a publié mardi des images de surveillance prises à l’aide de drones montrant l’entrée du USS Dwight D. Eisenhower et des navires qui l’accompagnent (dans le Golfe persique), alors qu’ils transitaient par le détroit d’Ormuz », lit-on dans l’article. Cet événement « date du 26 novembre 2023, comme cela est indiqué sur les images divulguées par l’agence (de presse iranienne) Tasnim », ajoute le texte.
« Notre passage dans cet important détroit et notre présence continue dans la région jouent un rôle essentiel dans le maintien de la liberté de navigation, qui est indispensable à la sécurité et à la stabilité régionales », a déclaré le contre-amiral Marc Miguez, commandant du groupe naval IKECSG sur le site du Centcom.
La guerre à Gaza s’est déclinée en troubles dans toute la région, visant la présence américaine et israélienne. Pas moins de 73 attaques contre des intérêts américains en Irak et en Syrie ont été dénombrées depuis le déclenchement de la guerre. En représailles, Washington a bombardé à plusieurs reprises des sites liés à l'Iran en Syrie.
Par ailleurs, des incidents maritimes initiés par des groupes pro-iraniens se multiplient. Les houthis, rebelles yéménites alliés de l'Iran, ont ainsi capturé, le 19 novembre, le M/V Galaxy Leader, un navire marchand avec ses 25 membres d'équipage, en représailles à la guerre menée par Israël contre le Hamas. Le Galaxy Leader était opéré par une compagnie maritime japonaise mais appartient à une société britannique elle-même propriété d'un homme d'affaires israélien. Le 23 novembre, un navire de guerre américain patrouillant en mer Rouge, le USS Thomas Hudner, a intercepté des drones explosifs lancés depuis une région du Yémen contrôlée par les houthis. Le 24 novembre, un autre navire lié à Israël avait été légèrement endommagé dans l'océan Indien par un drone explosif de type Shahed de fabrication iranienne, sans faire de blessés. Enfin, une tentative de capture du M/V Central Park, un pétrolier appartenant à une société liée à Israël, a été déjouée, le 26 novembre, dans le Golfe d'Aden par un destroyer américain, le USS Mason, qui a interpellé dans la foulée les cinq assaillants présumés, supposés être des pirates somaliens.
Dans ce contexte tendu, le Pentagone avait, annoncé, le 6 novembre dernier, qu'un sous-marin américain se trouvait également au Moyen-Orient dans le but de « dissuader » toute tentative d'extension de la guerre entre Israël et le Hamas en conflit régional. Le sous-marin de classe Ohio se trouve « maintenant dans la zone d'opération de la Ve flotte », qui comprend notamment le Golfe et la mer Rouge, avait déclaré à la presse le porte-parole du Pentagone, le général Pat Ryder. Il s'agit de renforcer les « efforts » américains de « dissuasion dans la région », avait-il ajouté, sans donner davantage de détails. Un autre navire de commandement et de contrôle, l'USS Mount Whitney, avait quitté le 18 octobre son port d'attache de Gaeta en Italie, pour rejoindre la Méditerranée orientale.
L’ensemble des navires et équipements déployés par la marine américaine en Méditerranée orientale répond à un triple objectif, expliquait fin octobre à L'Orient-Le Jour l’expert militaire Aram Nerguizian de la chaire de stratégie du Centre d’études internationales et stratégiques à Washington : « Apporter un soutien stratégique à Israël ; dissuader le Hezbollah et d’autres belligérants ; avoir un rôle de défense aérienne ou bien de patrouille aérienne de combat, si cela s’avère nécessaire. »
Curieux de savoir si les usa accepteraient des navires de guerre iraniens a 100 km de New York !
20 h 34, le 30 novembre 2023