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Moyen-Orient - Guerre Hamas - Israël

Capacités, objectifs, missions : décryptage du déploiement US en Méditerranée orientale

L’ensemble des navires et équipements militaires déployés par la marine américaine en Méditerranée orientale répond à un triple objectif, selon l’expert militaire Aram Nerguizian de la chaire de stratégie du Centre d’études internationales et stratégiques à Washington.

Capacités, objectifs, missions : décryptage du déploiement US en Méditerranée orientale

Des avions sur le porte-avions USS Gerald R. Ford, au large des côtes italiennes, le 17 septembre 2023. Photo tirée du compte X de l’USS Gerald R. Ford, US Navy

Depuis l’offensive du Hamas contre Israël le 7 octobre, les États-Unis ont envoyé une force navale conséquente en Méditerranée orientale. Quelques jours à peine après le déclenchement de la guerre, Washington a annoncé le déploiement du groupe aéronaval USS Gerald R. Ford, puis celui du USS Eisenhower et, depuis mercredi 18 octobre, celui de l’USS Mount Whitney, un navire de commandement et de contrôle. Samedi soir, le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a également annoncé un « renforcement » de leur dispositif militaire dans la région, prenant la forme d’un système de défense antimissile à haute altitude, ainsi que de plusieurs batteries de missiles sol-air Patriot qui vont être déployées « à travers la région ». Des forces militaire « supplémentaires » seront également placées en état de « prédéploiement », sans précision quant au nombre de soldats américains supplémentaires qui pourraient être déployés, en sus des 2 000 hommes déjà en alerte, comme l’avait annoncé le Pentagone la semaine dernière. Une décision que le chef du Pentagone a prise « après discussion avec le président Biden », la justifiant par les « récentes escalades par l’Iran et ses forces affiliées », alors que l’on assiste à une intensification des tensions entre le Hezbollah et Israël au Liban-Sud et que les craintes d’un embrasement régional se renforcent.

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Triple objectif

L’ensemble des navires et équipements déployés par la marine américaine en Méditerranée orientale répond à un triple objectif, selon l’expert militaire Aram Nerguizian de la chaire de stratégie du Centre d’études internationales et stratégiques à Washington : « Apporter un soutien stratégique à Israël ; dissuader le Hezbollah et d’autres belligérants ; avoir un rôle de défense aérienne ou bien de patrouille aérienne de combat, si cela s’avère nécessaire. » Le déploiement actuel n’est « pas destiné à être utilisé dans un rôle offensif, bien que cela puisse changer rapidement si Israël se retrouve dans un conflit “total”, à 360 degrés, et qui est interprété comme représentant un risque existentiel », ajoute toutefois Aram Nerguizian, interrogé par L'Orient-Le Jour. Un risque qu’il juge « improbable » actuellement, même s’il ne peut être écarté. Malgré tout, l’objectif premier et principal de ce déploiement « est censé rester le soutien, la dissuasion et la défense », résume Nerguizian.

Qu’en est-il de la « proportionnalité » de ce déploiement américain face au conflit entre le Hamas et Israël ? « Il s’agit d’une réponse adéquate » pour dissuader les acteurs régionaux d’élargir le conflit au-delà d’Israël et de la bande de Gaza, estime Aram Nerguizian, notamment au regard des autres moyens des Américains et alliés, disposés à Chypre, en Grèce ou en Italie, et qui pourraient être mis à contribution. Peut-on donc s’attendre à un changement d’échelle dans le conflit en cours ? Difficile à dire « sans spéculer », explique l’expert, mais « un conflit de plus grande ampleur impliquerait potentiellement des missiles anti-navires », dont la précision et la létalité sont bien plus importantes. « Cela risquerait de déboucher sur un conflit beaucoup plus vaste qui inclurait la mer Rouge et le Golfe », souligne-t-il.

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Ce déploiement américain est donc bien plus qu’un simple message envoyé à la région et aux acteurs souhaitant potentiellement tirer profit de la situation. Aujourd’hui, aucun pays au monde n’a la capacité de lutter contre la puissance militaire américaine : son armée peut mener des guerres à grande échelle sur pas moins de deux théâtres mondiaux, assure Aram Nerguizian. « Aujourd’hui, les forces américaines dans la péninsule arabique disposent d’une plus grande marge de manœuvre et d’une plus grande flexibilité pour agir que lorsque des forces plus importantes ont été engagées en Irak et ailleurs », souligne-t-il.

Quelles sont les capacités des navires envoyés ?

• Le Gerald R. Ford est le plus récent des porte-avions des États-Unis, mais aussi le plus grand au monde. Il comprend un réacteur nucléaire et peut accueillir plus de 75 avions militaires, notamment des avions de chasse comme les jets F-18 Super Hornet et le E-2 Hawkeye, qui peut servir de système d’alerte précoce. Il dispose d’un arsenal de missiles, dont le « Evolved Sea Sparrow », un missile sol-air de moyenne portée utilisé généralement contre les drones et les avions. Il est également équipé d’un lanceur de missiles pour la défense rapprochée des navires (missile à cadre aérien roulant, ou RAM), ainsi que d’un système d’armement conçu pour la défense rapprochée contre les menaces aériennes et permettant de tirer des balles perforantes (MK-15 Phalanx Close-In Weapon System, CIWS). Le USS Gerald R. Ford comprend des radars pouvant aider à contrôler le trafic aérien et la navigation. Les navires qui l’accompagnent (Normandy, Thomas Hudner, Ramage, Carney et Roosevelt) sont équipés d’un système d’armes sol-air et d’un système d’armes de surface. Ils sont dotés de capacités de guerre sol-air, sol-sol et anti-sous-marine.

• Le Pentagone a également ordonné au groupe de frappe du porte-avions Dwight Eisenhower de se rendre en Méditerranée orientale. Ce porte-avions à propulsion nucléaire peut transporter jusqu’à neuf escadrons d’aéronefs, tels que des avions de chasse, des hélicoptères et des appareils capables d’effectuer des opérations de renseignement, de surveillance et de reconnaissance. Tout comme le USS Gerald R. Ford, le USS Eisenhower est accompagné d’autres navires (Philippine Sea, Gravely et Mason) avec pour mission la défense du porte-avions, bien qu’ils puissent aussi mener des opérations offensives ; ils ne sont pas les mieux placés pour servir de système de défense antimissile pour Israël, qui dispose déjà de systèmes sophistiqués.

• Enfin, l’USS Mount Whitney a quitté le 18 octobre son port d’attache de Gaeta, en Italie, pour rejoindre la Méditerranée orientale. « Il n’est pas inhabituel que l’USS Mount Whitney soit en poste étant donné son rôle lié à la 6e flotte en Méditerranée », estime Aram Nerguizian. Pour le moment, il n’est déployé qu’en soutien aux opérations américaines en Méditerranée orientale, selon le communiqué de la marine américaine.


Même si le déploiement actuel semble impressionnant en termes de nombre d’éléments liés à chaque groupe, il répond à une logique militaire claire, explique Aram Nerguizian à L'OLJ : « Les porte-avions ne se déplacent jamais sans leurs navires de soutien pour le réapprovisionnement, la défense et la dissuasion. » Les moyens maritimes tels que les croiseurs, les destroyers ou bien les sous-marins nucléaires d’attaque « sont normalement déployés dans le cadre d’un groupe de frappe de porte-avions », précise-t-il. Cela signifie que lorsqu’on déploie un porte-avions sur un théâtre d’opérations, celui-ci ne vient jamais seul : il est à la tête de toute une équipe et de matériels qui se déplacent systématiquement avec lui pour remplir entièrement la mission qui lui incombe. Enfin, il faut savoir que les navires de classe Ticonderoga et Burke « peuvent fournir une capacité de frappe longue en plus de la défense aérienne » car ils sont équipés d’une des dernières versions de système de combat. Ainsi, le présent déploiement américain constitue « un large éventail de moyens maritimes », résume Aram Nerguizian.

La composition du déploiement : 
Il y a les annonces publiques, et il y a le détail de chaque déploiement américain. Aram Nerguizian s’est essayé à l’énumération « des forces américaines et alliées se trouvant sur le théâtre des opérations, ou se dirigeant vers la Méditerranée ». Et la liste est longue :

– 2 porte-avions : USS Gerald R. Ford (CVN-78) ; USS Dwight D. Eisenhower (CVN-69)

– 1 navire de commandement amphibie : USS Mount Whitney (LCC/JCC 20)

– 2 croiseurs de classe Ticonderoga : USS Normandy (CG-60) ; USS Philippines Sea (CG-58)

– 7 destroyers de classe Arleigh Burke : USS Thomas Hudner (DDG-116) ; USS Ramage (DDG-61) ; USS Carney (DDG-64) ; USS Roosevelt (DDG-80) ; USS Laboon (DDG-58) ; USS Mason (DDG-87) ; USS Gravely (DDG-107)

– 1 destroyer de défense aérienne de type 45 : HMS Duncan (D-37)

– 5 frégates : ESPS Méndez Núñez (F-104) ; FS Surcouf (F-711) ; ITS Carlo Margottini (F-592) ; TCG Yavuz (F-240) ; HS Psara (F-454)

– 2 navires de soutien au débarquement : RFA Lyme Bay ; RFA Argus

– 1 navire d’assaut amphibie : USS Bataan (LHD-5)

–  1 dock d’assaut amphibie : USS Mesa Verde (LPD-19)

–  1 navire de débarquement : USS Carter Hall (LSD-50)

–  Un nombre inconnu de sous-marins nucléaires d’attaque (SSN) de la classe Los Angeles et/ou de la classe Virginia.

Depuis l’offensive du Hamas contre Israël le 7 octobre, les États-Unis ont envoyé une force navale conséquente en Méditerranée orientale. Quelques jours à peine après le déclenchement de la guerre, Washington a annoncé le déploiement du groupe aéronaval USS Gerald R. Ford, puis celui du USS Eisenhower et, depuis mercredi 18 octobre, celui de l’USS Mount Whitney, un navire de...

commentaires (4)

Et voilà une grande preuve que les USA sont impliqués à défendre Israël par la faute du Hamas. Il fallait que le commodo gazaoui du 01 octobre ne soit pas armé, mais aurait montré aux sionistes que eux aussi pouvaient semer la mort et la désolation parmi le peuple d’Israël comme les sionistes le font actuellement avec leurs aviations. Mais non, ils sont allés semer la mort et pris des otages dont sûrement il y’en avait parmi eux des anti sionistes qui manifestent contre leurs gouvernements monstrueux. Toutefois, ma voix ne vaut absolument rien et je me propose de me porter volontaire pour être échangé contre des juifs ANTISIONISTES ou des juifs tout court.

Mohamed Melhem

15 h 48, le 28 octobre 2023

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Commentaires (4)

  • Et voilà une grande preuve que les USA sont impliqués à défendre Israël par la faute du Hamas. Il fallait que le commodo gazaoui du 01 octobre ne soit pas armé, mais aurait montré aux sionistes que eux aussi pouvaient semer la mort et la désolation parmi le peuple d’Israël comme les sionistes le font actuellement avec leurs aviations. Mais non, ils sont allés semer la mort et pris des otages dont sûrement il y’en avait parmi eux des anti sionistes qui manifestent contre leurs gouvernements monstrueux. Toutefois, ma voix ne vaut absolument rien et je me propose de me porter volontaire pour être échangé contre des juifs ANTISIONISTES ou des juifs tout court.

    Mohamed Melhem

    15 h 48, le 28 octobre 2023

  • CORRECTION = LA SITUATION REGIONALE ETANT AUJOURD,HUI EXCEPTIONELLEMENT TRES DANGEREUSE ET EXPLOSIVE A TOUS LES NIVEAUX, IL FAUT UN RETOUR A L,HISTOIRE POUR CEUX QUI VEULENT ETRE OBJECTIFS, VRAIS ET NON INIQUES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 13, le 23 octobre 2023

  • MON ANALYSE BASEE 1948/ACTUEL PARTOUT CENSUREE

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 53, le 23 octobre 2023

  • LA SITUATION REGIONALE ETANT AUJOURD,HUI EXCEPTIONELLEMENT TRES DANGEREUSE ET EXPLOSIVE A TOUS LES NIVEAUX, IL FAUT UN RETOUR A L,HISTOIRE POUR CEUX QUI VEULENT ETRE OBJECTIFS, VRAIS ET INIQUES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 36, le 23 octobre 2023

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