« Alors que nous lançons la 16e édition de Beirut Chants, nos cœurs sont remplis de tristesse, de peur et d’anxiété. Mais si l’espoir est notre remède en temps de paix, il l’est bien plus en temps de guerre, lorsque la culture et la musique deviennent victimes, elles aussi, de l’implacable machine de mort et de destruction qui veut les éradiquer de nos vies. » Le message lancé par les organisateurs de Beirut Chants est très clair. La résistance continue, aujourd’hui plus que jamais.
La seizième édition du festival a été lancée samedi lors d’une conférence de presse au Yacht Club de Beyrouth (Zaytouna Bay, centre-ville), en présence de représentants des médias, d’un certain nombre d’artistes participants et de sympathisants du festival.
C’est d’une voix ferme, déterminée mais aussi tendue d’émotion que la présidente du festival, Micheline Abi Samra, a avoué qu’il n’a pas été facile d’organiser et de lancer cette édition, tandis que nous sommes témoins au quotidien de « la brutalité de la guerre, avec ses meurtres, ses destructions et sa violence ».
Après avoir rendu un hommage aux habitants de « notre Liban-Sud bien-aimé », qui sont exposés aux horreurs de la guerre, après avoir offert une rose à Gaza, une rose au Liban et un rose à la Vierge Marie, elle s’est demandé : « Si la musique, cette expression de l’humanité, se taisait, comment marquer la naissance de Jésus sans partager l’amour et l’amitié ? »
« Ce festival est un espace de rencontres, de musique et d’amour, a encore affirmé la présidente de Beirut Chants. C’est aussi un espace pour exprimer nos douleurs et nos peurs, un espace où nous partageons ce qui reste d’espoir malgré toute la douleur, un espace où, en toute humilité, nous prions pour la paix de ceux qui restent, et pour le repos éternel de ceux qui sont partis », a conclu Mme Abi Samra.
Pour sa part, le directeur artistique du festival, le père Toufic Maatouk, a présenté le programme de cette édition, qui comprendra, sous réserve de modification, des noms internationaux et locaux de premier plan.
Le festival s’ouvre donc le 30 novembre avec une Messa di Gloria pour marquer le centenaire de la mort de Giacomo Puccini, avec la participation d’un orchestre composé de musiciens libanais et de membres de l’Orchestre symphonique arménien, du ténor libanais Joseph Dahdah et du baryton César Naasi. L’ouverture présente également une œuvre de Beethoven, la Fantaisie chorale, largement considérée comme une première version de la composition utilisée dans la Neuvième Symphonie. Invité de marque : le pianiste coréen Kyubin Chung, lauréat du concours international de piano de Tokyo. Les deux œuvres sont interprétées par le chœur de l’Université antonine et le chœur de l’Université Notre-Dame dirigés par Toufic Maatouk.
À ne pas rater non plus, l’ensemble de quatre sopranos italiennes LE DIV4S , qui célèbre, le dimanche 3 décembre, le centenaire de Maria Callas, en coopération avec l’ambassade d’Italie à Beyrouth. À signaler également la participation (le 14 décembre) du jeune clarinettiste Pablo Barragan, lauréat du premier prix du concours international Prix Crédit suisse jeunes solistes, en coopération avec l’ambassade d’Espagne à Beyrouth, et celle, le 7 décembre, du violoncelliste Michal Kanka, en coopération avec l’ambassade de République tchèque à Beyrouth. Le festival invite également, en coopération avec l’Institut français du Liban, pour la seconde fois, le 21 décembre, après l’insistance de nombreux fans du concert de l’année dernière, le pianiste français Jonathan Fournel, lauréat du premier prix du concours Reine Élisabeth. Parmi les temps forts également, l’Hymne de Beyrouth présenté le 20 décembre par la jeune violoniste suisse primée Ilva Eigus, en collaboration avec l’ambassade de Suisse, et un concert de Noël le 19 décembre avec le musicien Oussama Rahbani et Hiba Tawaji.
Afin de réaffirmer son engagement auprès des talents libanais, le festival organise un concert le 6 décembre réunissant le violoniste Mario Rahi, le violoncelliste Sary Khalifé et le pianiste Ayad Khalifé, ainsi qu’une autre soirée, le 9 décembre, avec l’organiste Khalil Chahine et la soprano Louisa el-Khoury.
Sans oublier un concert d’El Sistema, offert par des enfants qui participent au programme de l’orchestre éponyme qui comprend une série d’ateliers en coopération avec des musiciens, une initiative de Beirut Chants pour participer à l’éducation musicale des jeunes talents libanais.
Suivre les détails du programme ici.
Comme j’aurais aimé être à Beyrouth pour y assister. Est ce que se serait enregistré et placé sur YouTube? Ça pourrai peut-être donner des fonds pour perpétuer cette activité culturelle qui fait du Liban un pays si spécial.
14 h 04, le 20 novembre 2023