Beirut Chants est un festival qui, comme vous le savez, a lieu chaque année durant la période de l’avent et offre des concerts divers et variés. Nous avons depuis le début voulu insister sur l’importance d’offrir de la musique pour tous, mais aussi sur la gratuité, la diversité et la générosité. C’est plus qu’un message culturel, c’est un acte de foi en ce pays, notre ville et notre culture faite d’ouverture, de dialogue et de partage. Aujourd’hui, le festival assume un rôle exceptionnel de valeur musicale artistique, sociale et éducative dans la région. Il invite des artistes et des musiciens de renommée internationale, il est devenu une plateforme essentielle et unique qui unit les Libanais. Cette année, et pour la seconde fois, Beirut Chants présentera une série de masterclasses pour les musiciens au Liban qui sont en cours de formation musicale en collaboration avec les institutions de musique les plus prestigieuses au pays. Ces masterclasses seront données par les musiciens internationaux participants.
Comment et pourquoi un festival comme Beirut Chants peut-il survivre à la crise ?
Comme je vous le disais, Beirut Chants est un acte de foi, nous continuons et nous continuerons surtout dans une période de crise durant laquelle les Libanaises et les Libanais sont privés de beauté et de musique. Aujourd’hui plus qu’avant, notre mission est de dire à cette ville que nous ne baisserons pas les bras, au contraire, nos bras resteront grands ouverts. Et c’est une mission collective, c’est avec le public de Beirut Chants qu’on arrive à dépasser les défis pour pouvoir sauvegarder ensemble ce qui nous reste de beau et de réel dans ce pays.
Financièrement, nous avons des partenaires qui continuent de croire en nous et je dois leur dire merci du fond du cœur. C’est grâce à leurs aides que nous continuons et que nous pouvons préserver la gratuité.
Quelles sont vos priorités aujourd’hui ?
Notre priorité est de dépasser cette crise et de préserver la gratuité et la musique pour tous et surtout sauvegarder notre identité culturelle, bref, de survivre à cette phase qui ne sera un jour qu’un mauvais souvenir !
Depuis combien de temps travaillez-vous à la conception de cette édition ?
Chaque édition est le fruit d’une année de travail. L’organisation est importante, c’est pourquoi nous avons une véritable équipe de bénévoles qui participent à l’élaboration du festival.
Et quelle a été la plus grande difficulté à laquelle vous avez été confrontés cette année ?
Nous traversons une période de deuil depuis l’explosion du 4 août, la ville n’est plus la même. En même temps, la vie nous appelle et nous devons lui répondre. Les ressources financières sont un défi, mais le choix des artistes en est un autre. Par ailleurs, les artistes aiment ce pays et sont toujours généreux avec Beirut Chants.
Quels sont les points forts de Beirut Chants cette année ?
Le haut niveau de programmation dont je suis très fière.
Votre message final ?
Nous allons continuer à nous battre la tête haute. « La musique chasse la haine chez ceux qui sont sans amour. Elle donne paix à ceux qui sont sans repos, elle console ceux qui pleurent. » (Pablo Casals). Nous avons plus que jamais besoin de musique !
Les concerts phares de la 14e édition de Beirut Chants
En dépit des difficultés économiques et des restrictions sanitaires, Beirut Chants et son directeur artistique, le père maestro Toufic Maatouk, ont relevé le défi et présentent un programme 2021 trié sur le volet, dont voici quelques temps forts :
– Le 1er décembre : concert d’ouverture en l’église Saint-Joseph (USJ) avec le ténor italien Giorgio Berrugi. Le programme présente dans son ensemble un choix d’airs allant du bel canto au Verdi avec quelques choix de mélodies de Tosti et de Respighi.
– Le 4 décembre : le concert du ténor américain Jack Swanson avec l’Orchestre philharmonique du Liban dirigé par Toufic Maatouk à l’Assembly Hall de l’Université américaine de Beyrouth. L’occasion pour le public libanais de connaître cette « rising star » qui parcourt actuellement les scènes européennes. Le programme comporte des airs de Mozart et du bel canto italien.
– Le 5 décembre : du jazz dans les souks de Beyrouth, place Ajami, avec le trio Arthur Satyan et Fouad Afra à la batterie.
– Le 8 décembre : la violoncelliste espagnole Beatriz Blanco, premier prix de l’Association suisse des musiciens, interprétant des sonates de Beethoven et de Franck en l’église Saint-Joseph (USJ).
– Le 9 décembre : la violoncelliste libanaise Jana Semaan et la claveciniste allemande Anna Scholl. Un des moments baroques du festival où Telemann ainsi que plusieurs compositeurs baroques italiens seront à l’honneur en l’église Saint-Maron (Gemmayzé).
– Le 10 décembre : l’Orchestre philharmonique du Liban sous la direction du chef d’orchestre Romain Ion Iosif Prunner accompagné de son compatriote baryton Florin Estefan interpréteront, entre autres, la deuxième symphonie de Beethoven en l’église Saint-Joseph (USJ).
– Le 13 décembre : rendez-vous avec les variations Goldberg de Bach arrangées pour un trio de cordes par un trio de solistes italiens de Pavia, Enrico Filippo Maligno (violon), Riccardo Savinelli (alto) et Jacopo di Tonno (violoncelle), en l’église Saint- Maron (Gemmayzé).
– Le 15 décembre : la mezzo soprano égyptienne Farah el-Dibany présentera un programme très intéressant sur les divas de la Méditerranée allant de Carmen jusqu’à Feyrouz, dans les souks de Beyrouth, place Ajami.
– Le 17 décembre : la grand-messe en do mineur de Mozart sera interprétée pour la première fois au Liban par les chorales de l’Université antonine et l’Université Notre-Dame de Louaïzé avec l’Orchestre philharmonique du Liban et des solistes internationaux, en l’église Saint-Joseph (USJ).
– Le 21 décembre : le pianiste français Jonathan Fournel, premier prix à l’unanimité de la compétition Reine Élisabeth 2021. Ça sera une bonne occasion pour le public libanais d’assister au concert de ce grand pianiste qui se produit pour la première fois au Moyen-Orient et qui jouera du Brahms !