Rechercher
Rechercher

Culture - Festival

Beirut Chants : un calendrier de l’Avent à déballer avec joie

La quinzième édition de Beirut Chants, placée sous le thème « 15 hivers chaleureux... en musique », tient ses promesses, celles de la culture et de l’art démocratisés, à travers vingt-six concerts gratuits qui démarrent comme à son habitude le 1er décembre et se tiendront entre les églises de la capitale, les souks du centre-ville et l’Assembly Hall de l’Université américaine de Beyrouth (AUB).

Beirut Chants : un calendrier de l’Avent à déballer avec joie

Les chœurs des universités antonine et Notre Dame chantant l’espoir et la paix en 2020 dans le cadre de Beirut Chants, en l’église Saint-Joseph, rue Monnot. Photo DR

Ça y est, l’hiver arrive... Les journées ont raccourci. Le froid se fait sentir dans nos montagnes et commence à descendre sur la côte, où les soirées fraîches, bientôt froides, arrivent à Beyrouth. On aperçoit, à travers quelques fenêtres d’appartement et devantures de magasin, des sapins déjà bien décorés. Ce jeudi, premier jour de décembre, ceux qui auront la chance d’avoir un calendrier de l’Avent ouvriront déjà leur première petite fenêtre et y trouveront une surprise : une sucrerie, une friandise, un chocolat, un dessin à colorier ou… un concert dans une église beyrouthine ! Ces 24 petites ouvertures, qu’on ouvre jour par jour en attendant Noël, aident surtout les petits, mais aussi les grands, à patienter jusqu’au grand jour.

Pour le calendrier de l’Avent de Beirut Chants, les surprises sont de taille, malgré les difficultés auxquelles fait face le pays. À force de détermination et de passion, l’événement annuel est parvenu à maintenir ses engagements, en continuant de proposer pour sa quinzième édition l’accès gratuit à l’ensemble de ses concerts. À la manière de la tradition germanique, il offre une série de concerts quotidiens, du 1er au 23 décembre, avec non pas 24 mais 26 expériences à découvrir et partager. La musique et les chants, qui résonneront chaque jour dans les églises de la capitale, les souks du centre-ville et l’Assembly Hall de l’Université américaine de Beyrouth (AUB), sont l’occasion de rassembler, de se réchauffer et de faire patienter adultes et enfants jusqu’au passage du père Noël. Pendant la période de l’Avent, Beyrouth sera prise par un enchantement musical, portée par de joyeuses mélodies, et retrouvera un peu de sa magie, à travers celle de Noël.

La magie de Noël… celle qui rassemble, le bonheur d’être ensemble, « sans aucune distinction religieuse, politique, culturelle, ou confessionnelle », confirmera Toufic Maatouk à L’Orient-Le Jour. Et le directeur artistique du festival de poursuivre : « Beirut Chants représente le Liban, notre diversité, et réussit à faire résonner des chants de Noël devant un public multiconfessionnel dans une église. C’est pourquoi ce festival répond aux goûts de tous les Libanais en étant composé de tous les genres musicaux : musique classique, musique arabe, musique de Noël, musique religieuse… »

En raison de la situation actuelle du pays, le thème de cette année, « 15 hivers chaleureux… en musique », s’inscrit dans la continuité des précédents : « La musique n’est pas un luxe », elle est l’expression d’une volonté de vie, car pour l’équipe du festival, « la musique et la culture font partie de l’identité libanaise, et resteront toujours, même en ces temps difficiles, l’expression de cette volonté de vivre et de présenter le meilleur », martèle Toufic Maatouk. Ainsi, grâce aux efforts d’une équipe motivée sous la présidence de Micheline Abi Samra, grâce aussi au soutien des ambassades et de leurs partenaires*, « la grande famille de Beirut Chants », comme l’appelle avec fierté le directeur artistique, se réunira à nouveau, unifiée pour soutenir, défendre et partager les valeurs du festival, et chanter avec joie l’arrivée de l’hiver.

Concert à l’image de la force de résilience du festival et des Libanais qui, malgré les épreuves traversées, continuent de vivre et de faire vivre la culture. Photo DR

Un calendrier chargé

Depuis ses débuts en 2007, Beirut Chants propose un sélection de concerts de très grande qualité. Le Sextette de l’Académie du Théâtre de la Scala de Milan en 2012, qui était venu présenter un vaste répertoire de musiques de Boccherini, Mascagni, Verdi et du Capriccio de Strauss, le pianiste sud-coréen Seong-Jin Cho en 2018, premier lauréat du prestigieux Concours international de piano Frédéric-Chopin, ou encore les venues du prodige français Xavier de Maistre, qualifié par beaucoup de « meilleur harpiste du monde », qui lors de ses dernières visites avait su transporter chacun de ses auditeurs loin de ses tracas quotidiens, avaient tous porté l’esprit doux et féerique de Noël… Pour sa quinzième édition, Beirut Chants sera à l’image des précédentes, marqué par l’héritage local et la diversité de talents internationaux.

Impossible de détailler dans ces colonnes l’intégralité du calendrier, mais voici quelques-uns des moments forts, parmi les vingt-six concerts du programme de cette année :

– Jeudi 1er décembre, le concert d’ouverture, où les sonorités baroques du Magnificat en ré majeur de l’Allemand Jean-Sébastien Bach et classiques du Concerto pour piano n° 23 en la majeur de l’Autrichien Wolfgang Amadeus Mozart résonneront en l’église Saint-Joseph de Monnot. Les membres de l’Orchestre philharmonique libanais, accompagnés par la pianiste italo-suisse Chantal Balestri, les sopranos libanaise Mira Akiki, et italienne Caterina di Tonno, la mezzo-soprano italienne Federica Carnevale, le ténor libanais Charles Eid et le basse-baryton libanais César Nassy, ainsi que les chœurs des universités antonine et Notre Dame, seront emmenés par le chef d’orchestre libanais Toufic Maatouk.

– Samedi 3 décembre, un duo italien original formé par le violoniste Giuseppe Gibboni à la technique incroyable, médaillé d’or de la compétition Van-Cliburn, et la guitariste Carlotta Dalia, aux sonorités aussi puissantes et envoûtantes que profondes et passionnées, s’emparera de l’église Saint-Maron à Gemmayzé. Ils iront puiser dans des répertoires italiens avec les compositeurs florentins Mario Castelnuovo-Tedesco et génois Niccolò Paganini, espagnol avec le compositeur Francisco Tárrega et argentin avec le compositeur Astor Piazzolla.

– Samedi 10 décembre, le pianiste slovaque Marián Lapšanský se produira à l’Assembly Hall de l’Université américaine (AUB). Soliste exceptionnel, aujourd’hui devenu l’un des chambristes les plus recherchés de la scène contemporaine, il parcourra un répertoire à la fois romantique avec les compositeurs allemand Johannes Brahms, norvégien Edvarg Grieg et hongrois Franz Liszt, et classique, avec les compositeurs espagnol Isaac Albeniz et slovaque Eugen Suchoň.

Toufic Maatouk, chef d’orchestre et directeur artistique de Beirut Chants. Photo DR

– Lundi 12 décembre, la soprano brésilienne Raquel Paulin et le pianiste italien Fabio Centani se produiront ensemble en l’église Saint-Maron de Gemmayzé. Le duo nous fera voyager en nous faisant découvrir des répertoires américain, avec Leonard Bernstein, brésilien, avec Heitor Villa-Lobos, espagnol, avec Enrique Granados et Fernando Obradors, italien, avec Gaetano Donizetti et Giacomo Puccini, et français, avec Jules Massenet.

– Mardi 13 décembre, deux Libanais, amoureux et défenseurs du répertoire local, Mario Rahi au violon, membre de l’Orchestre philharmonique, et Georges Daccache au piano, joueront des sonates libanaises. Les sonorités de Claude Chalhoub, Boghos Gélalian, Naji Hakim et Iyad Kanaan résonneront sous les voûtes de l’église Saint-Maron de Gemmayzé.

– Mercredi 14 décembre, le pianiste classique sud-coréen Yekwon Sunwoo à l’excellence constante, médaillé d’or au quinzième Concours international de piano de Van-Cliburn, donnera un concert à l’Assembly Hall de l’AUB. Celui qui cherche à « atteindre la vérité et la beauté pure dans la musique » devrait produire un jeu lumineux et coloré sur le campus de Ras Beyrouth. La virtuosité du pianiste, toujours empreinte de musicalité, devrait laisser le public pantois et rêveur…

– Jeudi 15 décembre, un concert exceptionnel aura lieu en l’église Saint-Joseph de Monnot. Le virtuose allemand Benedict Kloeckner, lauréat d’OPUS Klassik, jouera l’intégrale des six suites au violoncelle du compositeur allemand Jean-Sébastien Bach. Il avait réalisé cette performance à la Philharmonie de Berlin, et viendra en cette soirée d’hiver l’offrir à Beyrouth.

– Mardi 20 décembre, le pianiste français Jonathan Fournel, vainqueur du concours musical international Reine Élisabeth de Belgique, donnera son concert à l’Assembly Hall (AUB). Reconnu pour son goût et son talent particuliers pour la musique de l’Allemand Johannes Brahms, du Polonais Frédéric Chopin ou encore de l’Autrichien Wolfgang Amadeus Mozart, il conserve un intérêt particulier pour la musique d’aujourd’hui, dont il maîtrise un répertoire large. Son jeu équilibré, oscillant entre raffinement et instinct sauvage, mettra en lumière une compréhension mature et détaillée des œuvres qu’il interprétera.

* Les ambassades du Brésil, de Corée du Sud, d’Espagne, de France, d’Italie, de République tchèque, de Slovaquie, de Suisse, et leurs partenaires de la diaspora Camille & Rhona Saba, ainsi que l’Institut français et l’Institut italien, entres autres.

« El-Sistema », la musique comme système social

Le festival Beirut Chants a annoncé le lancement d’un nouveau projet, fruit de deux années d’élaboration : « Beirut Chants el-Sistema », une initiative visant à mettre en œuvre au Liban le programme d’action sociale connu sous le nom d’« el-Sistema », initié et développé en 1975 par José-Antonio Abreu, qui ne supportait plus de voir les gamins des rues laissés pour compte au Venezuela.

En collaboration avec l’ambassade des États-Unis, l’objectif de cette initiative est de renforcer la culture du pays du Cèdre à travers la formation musicale d’une centaine de jeunes âgés de 8 à 15 ans, issus de milieux défavorisés et de communautés marginalisées. Des musiciens professionnels, eux-mêmes en proie à de graves difficultés, encadreront le projet et participeront à la création d’un orchestre symphonique et d’une chorale qui se produiront lors de la prochaine édition de Beirut Chants, ainsi qu’à d’autres événements culturels.

Ce programme digne d’un conte de Noël a la vocation de démontrer qu’en dépit de l’obscurité dans laquelle nous vivons, une poignée de musiciens, soutenus par une volonté politique, relayés par une multitude de passionnés, pourront faire de l’éducation musicale et de la culture des armes contre l’ignorance. Ainsi, le directeur du programme Richard Azouri encourage les ONG locales, les écoles, les communautés à les contacter, pour les aider à diffuser leur message et éventuellement collaborer, afin que les oubliés puissent découvrir autre chose que leur propre misère, et s’exprimer à travers de formidables histoires musicales.

Ça y est, l’hiver arrive... Les journées ont raccourci. Le froid se fait sentir dans nos montagnes et commence à descendre sur la côte, où les soirées fraîches, bientôt froides, arrivent à Beyrouth. On aperçoit, à travers quelques fenêtres d’appartement et devantures de magasin, des sapins déjà bien décorés. Ce jeudi, premier jour de décembre, ceux qui auront la chance...

commentaires (2)

C'est a quelle heure

Emile G

18 h 15, le 30 novembre 2022

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • C'est a quelle heure

    Emile G

    18 h 15, le 30 novembre 2022

  • "il parcourra un répertoire à la fois romantique avec les compositeurs allemand Johannes Brahms, norvégien Edvarg Grieg et hongrois Franz Liszt, et classique, avec les compositeurs espagnol Isaac Albeniz et slovaque Eugen Suchoň." Là j'ai beaucoup aimé! Brahms, Grieg et Liszt sont romantiques, personne ne le conteste, ayant tous vécu et travaillé après la mort de Beethoven, le dernier des Classiques. Mais faire d'Albeniz, né en 1860, et de Suchon, né en 1908, des Classiques, là il faudrait qu'on me l'explique un peu!

    Georges MELKI

    13 h 29, le 30 novembre 2022

Retour en haut