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Brin de désespoir


Subissant au quotidien le matraquage soutenu des spadassins outre-frontière, les Libanais du Sud échangeraient bien leur douloureuse condition contre un brin d’espoir. Hélas ! ils sont condamnés à attendre. Attendre quoi, siouplaît ? Tout simplement que le Sayyed barbu puisse, à défaut d’une victoire militaire sur le terrain, se repaître d’un triomphe politique avant de calmer sa libido guerrière. Que les gens en soient réduits à encaisser les coups avant de se casser vers des secteurs plus cléments, c’est de la roupie de sansonnet à côté de la gloriole qu’il peut espérer tirer en paradant devant son fan-club. Depuis le temps que dure ce cirque, il devrait même remercier les Israéliens qui, par leur sauvagerie toute en finesse et humanité, lui fournissent régulièrement matière à haranguer.

Mais l’essentiel est ailleurs, pourvu que l’honneur et l’orgueil soient saufs. Le truc avait naguère réussi à Gamal Abdel en 1967 en Égypte, puis au Tyranneau de Damas en 2015, tous deux imberbes. Pourquoi ne réussirait-il pas aux barbus ? De fait, les dirigeants arabes gagnent les guerres non pas en raison de victoires engrangées sur le terrain, mais parce que leurs ennemis sont incapables de les anéantir. Une nuance à déguster finement. En somme, on s’était pris une dérouillée mémorable en 2006, nos routes ont été défoncées, nos ponts pulvérisés, nos villages transformés en patinoire, les Hébreux nous ont enfoncés à plus de 30 kilomètres... mais nous avons quand même gagné parce que le Chef est toujours chef et qu’il est toujours à la barre.

Sacré Nasrallah ! S’il a pu faire avaler ce boa ambigu à ses ouailles, il n’aura aucun mal à les mener jusqu’à la libération de Vladivostok. Il a d’ailleurs déjà fait breveter son concept de la vie active d’un Libanais bon teint : 20 ans de résistance, 20 ans d’intifada, 20 ans de libération. Bien sûr, cela vaut tous les diplômes, et à 60 ans passés, le militant loyal pourra toujours claper sa purée, le regard attendri posé sur ses missiles.

Les autres birbes politiques encore en responsabilité brillent par leur lâcheté. Normal, plus on a la trouille, plus on est poli. Et d’abord Mikou qui, lui, a visiblement trouvé le truc : pour calmer tout le monde, il dit à chacun ce qu’il veut entendre. Sauf que l’éternel Premier ministre sortant, dont plus personne ne se souvient à quel moment il était entré, évite soigneusement ne serait-ce que de roter dans le sens contraire des vents venant d’Iran et de Syrie. Quant à Istiz Nabeuh, 85 ans aux prunes et encore toutes ses dents, il a déjà pris la baballe au bond et dégluti la clé du Parlement après l’avoir bien verrouillé. Heureusement qu’on l’a, celui-là ! Dans le genre abonné absent en temps de crise, il peut prétendre à un bon point.

Deux symboles d’une classe politique dont le prestige, une crise après l’autre, se dégrade comme du PQ recyclé. Mais c’est peut-être bien aussi parce qu’ils sont au bout du rouleau...


gabynasr@lorientlejour.com

Subissant au quotidien le matraquage soutenu des spadassins outre-frontière, les Libanais du Sud échangeraient bien leur douloureuse condition contre un brin d’espoir. Hélas ! ils sont condamnés à attendre. Attendre quoi, siouplaît ? Tout simplement que le Sayyed barbu puisse, à défaut d’une victoire militaire sur le terrain, se repaître d’un triomphe politique avant de calmer sa...

commentaires (3)

C’est vrai qu’on entend plus Berry, hier encore très locace et frétillant, fier de ses blocages à tout va pour paralyser notre démocratie sans qu’aucun nos lâches ne parviennent à le pousser dehors pour collaboration et empêchement. Il est encore vivant celui la?

Sissi zayyat

11 h 11, le 17 novembre 2023

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Commentaires (3)

  • C’est vrai qu’on entend plus Berry, hier encore très locace et frétillant, fier de ses blocages à tout va pour paralyser notre démocratie sans qu’aucun nos lâches ne parviennent à le pousser dehors pour collaboration et empêchement. Il est encore vivant celui la?

    Sissi zayyat

    11 h 11, le 17 novembre 2023

  • Epoustouflant de vérité et de drôlerie, merci cher Gaby Nasr, pour ce régal du vendredi matin, et bon weekend ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 36, le 17 novembre 2023

  • Triste état des lieux. La lâcheté des politiciens de tout bord nous a conduit à cette triste fin.

    Goraieb Nada

    08 h 32, le 17 novembre 2023

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