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Politique - Exécutif

Dossier Joseph Aoun : les compteurs remis à zéro ?

La question n’a pas été discutée en Conseil des ministres jeudi, les contacts menés par le Hezbollah n’ayant vraisemblablement pas abouti ; Mikati se déchaîne contre le CPL.

Dossier Joseph Aoun : les compteurs remis à zéro ?

Le chef du gouvernement sortant, Nagib Mikati, à la tête du Conseil des ministres tenu au Sérail le 16 novembre 2023. Photo fournie par le bureau de presse du Premier ministre

C’est encore une fois partie remise. Réuni jeudi au Sérail, le Conseil des ministres a évité d’évoquer la question de la prorogation du mandat du chef de l’armée, Joseph Aoun, qui arrive à terme en janvier. Pourtant, tout prêtait à croire que le cabinet sortant s’orientait vers une décision officielle qui maintiendrait le général Aoun à son poste pour une durée d’au moins six mois ou jusqu’à l’élection d’un président. Mais il n’en était rien, Nagib Mikati et, surtout, le Hezbollah voulant temporiser et réunir les conditions propices à une telle démarche. Le parti chiite semble ne pas vouloir se mettre à dos le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, farouche opposant au patron de la troupe. Pour en finir avec Joseph Aoun, le leader du CPL se serait même montré disposé à avaliser la nomination d’un nouveau commandant de l’armée, quand bien même il ne cesse d’affirmer qu’une telle démarche relève des prérogatives du président de la République. Sauf que le Premier ministre sortant et son principal soutien, le président de la Chambre Nabih Berry, seraient hostiles à cette option. Les compteurs sont donc remis à zéro, le temps que le Hezbollah mène les contacts nécessaires entre ses alliés.

« Il y a encore deux longs mois pour trancher la question. » C’est en ces termes que Nagib Mikati commente pour L’Orient-Le Jour le fait qu’il ait sciemment évité de soulever la question en dehors de l’ordre du jour du Conseil des ministres. « Le cabinet s’orientait vers la prorogation du mandat de Joseph Aoun et la nomination d’un chef d’état-major. Mais une composante du gouvernement a demandé le report de ce débat », révèle toutefois un ministre centriste, dans une allusion claire au Hezbollah.

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Dans les milieux du parti chiite, on présente à L’OLJ un autre son de cloche. « Le Premier ministre ne nous a pas dit qu’il voulait évoquer l’affaire Joseph Aoun en dehors de l’ordre du jour. Nos ministres n’ont donc pas été notifiés de la position officielle (du parti) à exprimer. Il n’a donc plus soulevé la question », déclare le porte-parole du Hezbollah, Mohammad Afif Naboulsi. « Ces deux derniers jours, nous étions sur le point de conclure une entente avec le chef du CPL, qui a fait une importante concession », raconte le responsable du Hezbollah, faisant valoir que « Gebran Bassil a accepté que le successeur de Joseph Aoun soit nommé à la faveur d’une décision prise en Conseil des ministres, contresignée par tous les membres du cabinet, et avec la participation de tous les ministres aounistes, y compris Maurice Slim (Défense) ». « Mais ce sont Nagib Mikati et Nabih Berry qui se sont opposés à cette formule, affirme M. Naboulsi. Maintenant, il faut les convaincre à eux », dit-il, non sans une certaine ironie. 

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L’attitude du duo Berry-Mikati est loin d’avoir l’effet d’une surprise. Car les deux dirigeants de facto du pays se sont toujours montrés hostiles à ce que tous les ministres apportent leur signature aux décisions du gouvernement. « Le contreseing ministériel est une hérésie constitutionnelle. La loi fondamentale est claire sur ce plan », commente Kassem Hachem, député berryste. Il fait référence à l’article 65 de la Constitution qui stipule que la nomination des fonctionnaires de première catégorie requiert le feu vert des deux tiers des ministres (16 sur 24). Du côté du Sérail, on fait valoir que le Premier ministre attend toujours une entente élargie pour régler le dossier. « Il ne veut pas opter pour des choix qui seraient interprétés comme relevant de la surenchère dans une affaire qui concerne un poste réservé aux maronites et qui est important pour Bkerké », affirme un proche de M. Mikati, en référence au feu vert explicitement donné par le patriarche Béchara Raï à une prorogation du mandat du général Aoun.

La contre-attaque CPL
Pour sa part, le CPL balaie d’un revers de la main les faits rapportés par le Hezbollah. « Personne ne nous a parlé de cette affaire. Et personne ne le fera car il n’y a aucune chance de nous voir changer de position », tranche Antoine Constantine, conseiller politique de Gebran Bassil, indiquant que les contacts de ce dernier avec le Hezbollah sont presque quotidiens.

En attendant le prochain Conseil des ministres, le chef du gouvernement semble déterminé à tenir tête au CPL. « Nous ne travaillons pas conformément à des agendas que certains tentent de nous imposer, surtout quand il s’agit d’échéances cruciales », a-t-il tonné à l’ouverture de la séance gouvernementale. « Toute décision prise sera dictée par l’intérêt du pays et la nécessité de préserver les institutions », a-t-il abondé. Et de poursuivre : « Le gouvernement ne sera certainement pas un outil aux mains de ceux qui se lancent dans des règlements de comptes individuels aux dépens de l’intérêt général. » Une pique évidente à Gebran Bassil dont Joseph Aoun (un des plus sérieux candidats de troisième voie à la présidence de la République), pourtant nommé par l’ancien président Michel Aoun, est devenu aujourd’hui la véritable bête noire.

Le chef du gouvernement s’est rapidement attiré les foudres de plusieurs ténors du CPL qui l’ont accusé, via X (ex-Twitter), d’enfreindre la Constitution. Ils ont même donné une idée de leur contre-attaque en gestation : un recours en invalidation. Sera-t-il présenté au Conseil d’État ou au Conseil constitutionnel ? Jusque-là, la réponse est entourée de flou. Surtout que Nabih Berry persiste à renvoyer la balle dans le camp de Nagib Mikati, mais seulement jusqu’à fin novembre, comme il l’avait promis lundi.

C’est encore une fois partie remise. Réuni jeudi au Sérail, le Conseil des ministres a évité d’évoquer la question de la prorogation du mandat du chef de l’armée, Joseph Aoun, qui arrive à terme en janvier. Pourtant, tout prêtait à croire que le cabinet sortant s’orientait vers une décision officielle qui maintiendrait le général Aoun à son poste pour une durée d’au...
commentaires (2)

Le CPL suit la constitution libanaise à la lettre. Proroger le mandat du général Joseph Aoun est totalement contraire à la constitution lorsqu’il existe un mécanisme pour remplacer quelqu’un qui va à la retraite. Je répète ce que j’ai dit hier: n’y a-t-il aucun général dans l’armée libanaise qui serait meilleur que le général Aoun? Pourquoi donc insister à ce que qu’il soit maintenu à son poste si ce ne serait que pour des raisons politiques? Le CPL voudrait nominer quelqu’un pour une période d’un an, et nos ecclesiastes feraient mieux de prier pour le Liban au lieu de se mêler de politique!

Sami NAJJAR

02 h 22, le 18 novembre 2023

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Commentaires (2)

  • Le CPL suit la constitution libanaise à la lettre. Proroger le mandat du général Joseph Aoun est totalement contraire à la constitution lorsqu’il existe un mécanisme pour remplacer quelqu’un qui va à la retraite. Je répète ce que j’ai dit hier: n’y a-t-il aucun général dans l’armée libanaise qui serait meilleur que le général Aoun? Pourquoi donc insister à ce que qu’il soit maintenu à son poste si ce ne serait que pour des raisons politiques? Le CPL voudrait nominer quelqu’un pour une période d’un an, et nos ecclesiastes feraient mieux de prier pour le Liban au lieu de se mêler de politique!

    Sami NAJJAR

    02 h 22, le 18 novembre 2023

  • Si seulement le CPL pouvait être aussi revendicatif sur l’ingérence de l’Iran dans les affaires internes de notre pays. Non ils restent muets face à l’opprobre mais sont fiers de faire la guerre à leur chef d’armée qui représente la seule institution encore debout sur un pied pour l’anéantir et ainsi donner les clés et les pioches à nos adversaires pour enterrer notre démocratie et nous achever une fois pour toute pour abréger nos souffrances. Honte à eux tous qui permettent à des usurpateurs de décider du sort de leur pays et se contentent de faire la guerre à leurs compatriotes désarmés.

    Sissi zayyat

    11 h 23, le 17 novembre 2023

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