Rechercher
Rechercher

Politique - Exécutif

Affaire Joseph Aoun : Mikati gagne du temps

Alors qu’il n’a pas pu réunir le gouvernement, faute de quorum, le Premier ministre a informé les membres de son équipe qu’il compte examiner une étude visant à trouver une solution légale au dossier.

Affaire Joseph Aoun : Mikati gagne du temps

Le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, à la tête d’un Conseil des ministres le 1er novembre 2023. Photo fournie par le bureau de presse du Sérail

La tambouille mijoterait encore... Contre toute attente, le Conseil des ministres qui devait se tenir mardi matin au Sérail n’a pas eu lieu, faute de quorum. Bien que les raisons de cet échec à réunir son cabinet seraient liées à des mésententes autour de l’appel d’offres concernant les services postaux, Nagib Mikati a pu gagner du temps et retarder la prise d’une décision dans un dossier épineux, qui suscite la polémique depuis plusieurs semaines. Ainsi, le Premier ministre sortant ne s’est pas retrouvé contraint de soulever (en dehors de l’ordre du jour de la séance) la question du sort du commandement en chef de l’armée, deux mois avant le départ à la retraite du général Joseph Aoun (le 10 janvier 2024). Même s’il bénéficie d’une large couverture chrétienne et du feu vert du Hezbollah pour proroger le mandat du patron de la troupe, Nagib Mikati préfère en effet attendre que toutes les conditions d’une telle démarche soient réunies. Entre-temps, il est officiellement parti à la recherche d’une solution légale pour calmer les appréhensions de la seule partie encore opposée au maintien du patron de la troupe à son poste : le Courant patriotique libre de Gebran Bassil, représenté au gouvernement notamment par le ministre de la Défense, Maurice Slim.

À l’heure où le quorum des deux tiers (16 ministres sur 24) est requis pour la tenue d’un Conseil, seuls treize ont fait acte de présence mardi, selon le bureau de presse du Sérail. Outre les ministres aounistes (qui boudent, depuis décembre dernier, les séances gouvernementales tenues en période de vacance présidentielle), plusieurs membres du cabinet se sont absentés. Parmi ceux-ci figurent le ministre sortant de l’Éducation, Abbas Halabi (dont le frère est décédé il y a quelques jours), ainsi que le vice-président du Conseil, Saadé Chami, et le ministre sortant de l’Économie, Amine Salam. Quant à Ziad Makary (Information, Marada), il a indiqué sur son compte X qu’alors qu’il se trouvait à l’entrée du Sérail, le secrétaire général du Conseil des ministres, Mahmoud Makkiyé, l’a informé que la séance a été reportée à lundi. Comme pour faire comprendre qu’il n’a pas provoqué le défaut de quorum.

Lire aussi

La prorogation du mandat de Joseph Aoun avance lentement, mais sûrement

Le chef du gouvernement sortant a quand même profité de la présence de plusieurs ministres pour tenir une réunion informelle semblable à celle qui avait eu lieu il y a une vingtaine de jours et qui avait témoigné d’un échange verbal acerbe entre Nagib Mikati et Maurice Slim avec en toile de fond l’affaire Joseph Aoun. Cette fois-ci, le dossier a été discuté en l’absence du ministre concerné. De sources ministérielles concordantes, on apprend que M. Mikati a informé les membres de son équipe qu’il compte examiner une étude préparée par Mahmoud Makkiyé pour trouver une solution légale à l’affaire Joseph Aoun. Il entendrait en remettre une copie à tous les ministres afin de prendre la décision adéquate. « Je lui ai demandé que ce dossier soit discuté lors d’une réunion rassemblant tous les ministres », confie à L’Orient-Le Jour Walid Nassar (Tourisme). « Il est important d’épargner au gouvernement une secousse inopportune, surtout en cette période où les tambours de la guerre battent au Liban-Sud », ajoute-t-il.

Le Hezb souffle le chaud et le froid
Dans sa bataille contre le chef de l’institution militaire, qui constitue une figure sérieuse de compromis pour débloquer la présidentielle, Gebran Bassil ne pourra vraisemblablement pas compter sur son allié de longue date, le Hezbollah. Sauf que le ministre sortant du Travail, Moustapha Bayram, a créé la surprise mardi. S’exprimant en marge de la réunion ministérielle informelle, il a déclaré : « La question de la prorogation du mandat du chef de l’armée n’a pas encore été évoquée avec nous. » Ces propos interviennent alors que le porte-parole du parti avait annoncé il y a quelques jours que le Hezb a donné son feu vert au président de la Chambre, Nabih Berry, pour un maintien du chef de l’armée à son poste. Comme si le parti de Dieu soufflait le chaud et le froid pour calmer les appréhensions de son allié chrétien de plus en plus isolé. Moustapha Bayram ne partage pas cette lecture. « Le directoire du Hezbollah ne nous a pas encore notifiés de la position officielle du parti à ce niveau », se contente-t-il d’expliquer à L’OLJ.

C’est d’ailleurs vraisemblablement sous l’effet d’un forcing du Hezbollah que M. Berry a mis un peu d’eau dans son vin. Le chef du législatif serait désormais disposé à réunir le Parlement fin novembre pour proroger le mandat de Joseph Aoun, comme il l’a clairement dit devant le groupe parlementaire des Forces libanaises, lundi. Dans le cadre de la même tournée, ces députés se sont entretenus mardi avec le chef du Parti socialiste progressiste, Taymour Joumblatt. Les discussions ont porté sur la proposition de loi FL retardant d’un an le départ à la retraite de tout commandant de l’armée. Une option que les joumblattistes valident… à une nuance près. Ils pressent également pour la nomination de tous les membres du conseil militaire (organe décisionnel de l’armée), dont le chef d’état-major druze.

Parallèlement, le bloc de la Modération nationale regroupant des députés majoritairement sunnites ex-haririens s’activent pour faire adopter une proposition de loi retardant le départ à la retraite de Joseph Aoun, mais aussi du chef des Forces de sécurité intérieure, Imad Osman (sunnite). Il en a discuté lundi avec Nagib Mikati et le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane. « Nous nous réunirons mercredi avec Nabih Berry, et nous présenterons le texte officiellement à la Chambre », confie Walid Baarini. « Il faut préserver la stabilité de l’armée », dit-il. Le député converge sur ce point avec l’ancien ministre Michel Pharaon. « La résistance (le Hezbollah) a élargi les critères de toute stratégie de défense avant même une entente sur la question. Cela est à même de menacer la résolution 1701 (du Conseil de sécurité de l’ONU). Toute atteinte à cette résolution onusienne, à l’armée ou encore à son chef est à même de menacer la sécurité des Libanais, sans pour autant servir la cause palestinienne », a écrit M. Pharaon sur son compte X. 

La tambouille mijoterait encore... Contre toute attente, le Conseil des ministres qui devait se tenir mardi matin au Sérail n’a pas eu lieu, faute de quorum. Bien que les raisons de cet échec à réunir son cabinet seraient liées à des mésententes autour de l’appel d’offres concernant les services postaux, Nagib Mikati a pu gagner du temps et retarder la prise d’une...

commentaires (5)

J’adore quand des citoyens libanais parlent de notre institution. C’est une blague ou c’est pour faire semblant? Qui respecte notre constitution dans ce bordel ou une milice s’est emparée du pouvoir et où elle fait le vide partout et empêche les élections pour pouvoir décider de qui occuperait quel poste. On ne doit pas vivre dans le même pays apparemment et peut être même pas sûr la même planète. Non mais…

Sissi zayyat

21 h 04, le 15 novembre 2023

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • J’adore quand des citoyens libanais parlent de notre institution. C’est une blague ou c’est pour faire semblant? Qui respecte notre constitution dans ce bordel ou une milice s’est emparée du pouvoir et où elle fait le vide partout et empêche les élections pour pouvoir décider de qui occuperait quel poste. On ne doit pas vivre dans le même pays apparemment et peut être même pas sûr la même planète. Non mais…

    Sissi zayyat

    21 h 04, le 15 novembre 2023

  • L’affirmation que le Hezb a donné son feu vert pour le maintien du général Joseph Aoun est totalement fausse. Par conséquent, l’affirmation que le CPL est totalement isolé est aussi fausse. Rationnellement, et sans raisons politiques, pourquoi maintenir un fonctionnaire à son poste contrairement à la constitution libanaise? Est ce que ce général est tellement irremplaçable et tellement doué qu’il n’y aurait personne qui pourrait servir aussi bien sinon mieux que lui à ce poste? Pourquoi bafouer la constitution une fois de plus? Des questions auxquelles les libanais devraient répondre.

    Sami NAJJAR

    13 h 57, le 15 novembre 2023

  • Qu’il prenne son ton Mikati, il n’y a pas péril en la demeure. Ces mabouls qui sont fiers d’occuper des postes pompeux qui ne servent qu’à être articulés par les ficelles avec lesquelles on a pris soin de les parer avant de leur offrir le poste sont là à attendre que leur pays soit rayé de la carte pour manifester leur désaccords en nous répétant inlassablement, on a été empêchés. Pourquoi persistent ils à garder leur titre puisqu’ils savent qu’ils ne servent à rien? Ah j’oublie, les dollars sonnants et trébuchants sont plus importants qu’un petit pays remplaçable qu’on a pris le soin de ruine

    Sissi zayyat

    12 h 19, le 15 novembre 2023

  • Le maintien du général Joseph Aoun à son poste ne pourrait être assurée, m'a-t-on dit, que si l'ex Directeur Général de la Sûreté , le Général Abbas Ibrahim bénéficie lui aussi d'un retour légal au poste qui l'a quitté il y a quelques mois . Au Liban comme d'habitude, tout s'achète et tout se vend !

    Chucri Abboud

    05 h 25, le 15 novembre 2023

  • il sert a quoi ce milliardaire

    Abdallah Barakat

    00 h 09, le 15 novembre 2023

Retour en haut