Une majorité de mercenaires de Wagner auraient quitté la Syrie à bord d’avions depuis la base russe de Khmeimim. Photo d’archives AFP
Il ne reste que « quelques dizaines de mercenaires » de Wagner en Syrie, selon le site d’information américain al-Monitor. Armée de l’ombre russe dans le pays, la compagnie paramilitaire s’était illustrée par ses exactions et son renfort aux troupes de Bachar el-Assad, notamment lors de la bataille de Palmyre contre l’État islamique en 2016. Près de trois mois après le crash de l’avion qui a coûté la vie à son patron Evgueni Prigojine, Wagner a été écartée de Syrie au profit de Redut, un groupe armé contrôlé par le GRU, le renseignement militaire russe, ajoute le média en ligne. Après la mutinerie des 23 et 24 juin, les combattants de Wagner ont été soit poussés à intégrer l’armée régulière ou les forces spéciales tchétchènes, soit sommés de déposer les armes, soit transférés vers des sociétés militaires ayant signé un contrat avec le ministère russe de la Défense, comme Redut.
Wagner a été « définitivement dissoute », a déclaré le 2 novembre Andreï Kartapolov, président de la commission de la Défense de la Douma. Le ministère de la Défense continue de développer ou de consolider la présence de la Russie en Afrique et au Moyen-Orient sur le modèle de Wagner (le groupe détenait en Syrie 25 % de la production des champs de gaz, de pétrole et des mines de phosphate dans les zones qu'il libérait ou protégeait, selon le Washington Institute), mais en le remplaçant par des entités loyales, notamment Redut. Les mercenaires de Wagner en Syrie s’étaient toutefois opposés à un tel projet et ont tenté, en septembre, d’établir un itinéraire alternatif de la Biélorussie vers l'Afrique, avec une escale en Tunisie plutôt qu'à la base russe de Khmeimim (gouvernorat de Lattaquié). Mais l'armée russe, soutenue par Redut, a fini par évincer ses rivaux en octobre, rapporte encore al-Monitor.
Émanation du GRU
Actif depuis fin 2017 en Syrie, Redut a aussi joué un rôle-clé dans l'invasion russe de l'Ukraine en 2022, souligne le média en ligne. La milice a opéré pendant plusieurs années dans les pays du Golfe, au Kurdistan irakien et en Somalie. Formé par des soldats et officiers du GRU lors de l’effondrement de l’URSS, le Redut d’aujourd’hui a émergé après l'intervention russe dans la guerre civile syrienne, constitué initialement d'anciens mercenaires de Wagner. Redut, également connu sous le nom de STG Shchit, a assuré la sécurité d’installations en Syrie. Environ 100 combattants étaient impliqués, principalement dans la sécurité de transport de marchandises et en menant des raids occasionnels contre l’État islamique. Depuis le début de la guerre en Ukraine, l'armée russe a utilisé Redut pour formaliser des contrats et ainsi absorber quelque 20 formations regroupant quelques dizaines de milliers de volontaires armés.
Après qu’une majorité de combattants ont quitté la Syrie à bord d’avions depuis la base de Khmeimim, toujours selon al-Monitor, les éléments restants de Wagner ont remis des armes aux militaires russes. Le champ gazier de Hayan et l'usine de Hayan Petroleum Company, que l’ex-compagnie de Prigojine contrôlait depuis 2017, sont passés entre les mains d'une société affiliée au ministère de la Défense, vraisemblablement Redut. Au milieu de cette transaction, al-Monitor suggère que plusieurs systèmes antiaériens Pantsir SAM auraient été transférés au Hezbollah libanais, du fait que certains mercenaires de Wagner auraient estimé préférable de remettre ces équipements aux Iraniens plutôt qu'à l'armée russe.
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