Le chef du courant Marada Sleiman Frangié a annoncé jeudi soir qu’il n’envisageait pas de se retirer de la course à la présidence de la République, le poste étant vacant depuis plus d'un an après la fin du mandat de Michel Aoun le 31 octobre 2022.
Cette vacance à la magistrature suprême traîne en longueur alors que le Liban-Sud est le théâtre d'un échange quotidien de bombardements entre le Hezbollah et Israël, depuis le début du conflit entre l'Etat hébreu et le Hamas.
Lors d’un débat politique sur la chaîne LBCI, le leader chrétien a déclaré : « Je n’envisage pas de me retirer (de la course à la présidentielle). Je suis ouvert à tout dialogue ou discussion ». L’allié du Hezbollah et proche du régime syrien a précisé qu’ « on ne peut pas minimiser le sujet de la présidence en cette période sensible ». « Sans consensus, il n’y aura pas de président, a-t-il insisté. Il doit y avoir un dialogue et un consensus avec la participation de tous, a minima ».
Sleiman Frangié est le candidat du tandem chiite Hezbollah-Amal à la présidence. Selon certains observateurs, l’opération « Déluge d’al-Aqsa » menée par le Hamas, le 7 octobre dernier en territoire israélien, a été perçue comme favorable à la candidature du chef des Marada.
Guerre inévitable ?
« La gestion de l'État, la question des déplacés (syriens), la question du droit au retour (des réfugiés palestiniens) et la nécessité d'élire un président sont des questions dont nous avons convenu avec Gebran Bassil (chef du Courant patriotique libre, lors d'une réunion le 25 octobre) et j'ai souligné qu’on ne peut imposer de conditions à la Résistance (Hezbollah) », a-t-il dit.
Sleiman Frangié a affirmé dans ce contexte que la « Résistance ne veut pas la guerre, qu’elle agit avec sagesse, mais que si l’ennemi impose la guerre, celle-ci serait inévitable ».
Depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, Sleiman Frangié et Gebran Bassil ont affiché leur unité, face au risque de voir le Liban emporté dans la guerre opposant le mouvement islamiste palestinien à l’Etat hébreu, sur fond d’implication du Hezbollah. Les deux leaders chrétiens, tout deux alliés du parti chiite, ne sont pas d’accord cependant sur le dossier de la présidentielle et le chef du CPL est farouchement opposé à la candidature de Sleiman Frangié.
Refus de toute nomination en période de vacance présidentielle
Évoquant le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, dont le mandat arrive à terme le 10 janvier 2024, le chef des Marada a assuré son « soutien à toute initiative qui protègerait l’institution militaire ». « Nous refusons néanmoins toute nomination en période de vacance présidentielle », a-t-il insisté.
« Je ne suis pas contre une extension du mandat commandant en chef de l’armée. La prolongation est une option parmi d'autres, car nous devons permettre à l’institution militaire de poursuivre sa mission. Si le Hezbollah n’a aucun problème avec Joseph Aoun, il est engagé à mes côtés, en tant que candidat à la présidence de la République », a-t-il souligné.
Le général Aoun est officieusement considéré au Liban et à l'étranger comme un candidat sérieux à la présidentielle.
Se prononçant sur un autre plan sur le conflit entre Israël et le Hamas, le leader chrétien du Liban-Nord a estimé que « c’est l’équilibre de la terreur qui protège le Liban. Frapper le Liban n’est plus une promenade de santé pour Israël et les forces de la Résistance l’ont forcé à revoir ses calculs ».
Frangieh a parfaitement raison ? C'est juste le moment ou il faut afficher, voire exacerber, les divisions entre Libanais ?
18 h 37, le 10 novembre 2023