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Moyen-Orient - Gaza

Otages du Hamas vs prisonniers palestiniens en Israël : quels scénarios possibles ?

L'ex-directeur de la Sûreté générale libanaise, Abbas Ibrahim, qui participe aux négociations sur les binationaux séquestrés, estime que « l’entêtement israélien » complique les choses.

Otages du Hamas vs prisonniers palestiniens en Israël : quels scénarios possibles ?

Des passants, dans la Vieille Ville de Jérusalem, passent devant une projection de photos des otages pris par le Hamas, le 6 novembre 2023. Ahmad Gharabli/AFP

Ils seraient plus de deux cents otages séquestrés par le Hamas depuis le début de sa guerre avec Israël, vraisemblablement dans le fameux « métro de Gaza », cet enchevêtrement de tunnels creusés sous l’enclave. Israéliens, mais aussi Américains, Français ou Russes, ils ont été enlevés le 7 octobre, lorsque le mouvement islamiste a  mené son attaque sanglante sur le territoire israélien. Parmi ces otages, des civils, mais aussi des militaires israéliens.

Le Hamas, qui a déjà relâché quatre femmes, promet de remettre en liberté l'ensemble des otages, en échange des quelque 6 600 prisonniers palestiniens en Israël, dont plus de 550 condamnés à la perpétuité. Cette proposition ne semble pas convaincre l'État hébreu qui conditionne tout cessez-le-feu à Gaza à la libération des otages.

« Difficile d'y voir clair »

« Le Hamas a d’abord demandé un cessez-le-feu, puis la libération des femmes et des enfants (palestiniens, détenus par Israël), ainsi qu’un acheminement de fioul (vers la bande de Gaza) et désormais la libération de tous les prisonniers palestiniens. C’est encore difficile d’y voir clair », explique Etienne Dignat, docteur en sciences politiques au CERI (Centre pour la recherche et l'innovation dans l'enseignement – Centre for Educational Research and Innovation) et enseignant en éthique de la guerre, à L'Orient-Le Jour.

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« Pour l’instant, l’option privilégiée par Israël semble être celle de l’avancée terrestre pour gagner sur les deux tableaux. Cela permet à l’armée israélienne de frapper le Hamas, mais aussi de localiser les otages pour éventuellement les secourir par la force. L’autre possibilité, c’est que ces frappes finissent par acculer le Hamas et le contraindre à négocier. En tout état de cause, des canaux de discussion restent ouverts », explique-t-il.

Selon un dernier bilan israélien, les islamistes retiendraient en otage au moins 239 personnes, dont la majeure partie serait détenue par le Hamas, tandis que quelques dizaines seraient aux mains du Jihad islamique. L'État hébreu a annoncé qu'il a réussi à libérer une de ses militaires, lors d'une opération.

Un porte-parole du Hamas au Liban confirme à L'OLJ que sa formation « retient environ 200 otages, tandis qu'une trentaine se trouvent aux mains du Jihad islamique ». 

Le nombre d'otages du Hamas serait de très loin le plus grand depuis la création du mouvement en 1987, selon l'AFP.

De Qatar à Washington, en passant par Beyrouth

Le Qatar, qui mène une médiation auprès du Hamas, a indiqué le 8 novembre négocier, en coordination avec les États-Unis, la libération d'une dizaine d'otages, dont six Américains, en échange d'un cessez-le-feu de trois jours.

Le lendemain, les brigades al-Qods, la branche militaire du Jihad islamique, ont annoncé sur leur chaîne Telegram qu'elles étaient prêtes à libérer deux détenus israéliens « pour des raisons humanitaires ».

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« L’hypothèse la plus probable est que les otages sont dispersés dans le  “métro de Gaza” », indique Etienne Dignat qui estime que les négociations sous l’égide du Qatar « sont sérieuses ». « Quatre personnes ont déjà été libérées dans un temps court, alors que, par le passé, ce genre de discussions pouvait prendre quatre ou cinq ans. Les discussions avec la branche politique du Hamas se répercutent donc sur les décisions de la branche armée », analyse-t-il.

« Les Qataris restent quand même prudents, car ils craignent que l’intensité des combats puisse compromettre la médiation et compliquer les échanges », ajoute le chercheur.

Abbas Ibrahim confirme sa participation aux négociations

Même son de cloche du côté de l'ancien directeur général de la Sûreté générale libanaise (SG), Abbas Ibrahim, qui participe à la médiation qatarie auprès du Hamas, plus spécifiquement au niveau des otages binationaux. Dans des propos accordés à notre publication, il affirme que « la guerre affecte les options politiques » possibles sur le plan des négociations menées par le Qatar. Ainsi, « certaines options ont été abandonnées tandis que d'autres ont émergé », souligne le général à la retraite, sans plus de précision.

Abbas Ibrahim, qui a négocié en 2014 la libération de militaires libanais enlevés dans la Békaa par les jihadistes du groupe État islamique et du Front al-Nosra, a confirmé sa participation à la médiation menée actuellement par le Qatar. L'ancien directeur de la SG explique avoir été contacté par l’émissaire américain Amos Hochstein « pour étudier une base politique à partir de laquelle il faudra travailler ».

Selon lui, « l’entêtement israélien a compliqué toute les voies politiques ». « Les échecs israéliens successifs prouvent que l’État hébreu n’aura rien sans échange de prisonniers. Tous les détenus palestiniens le sont de manière illégitime », estime-t-il.

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Un décompte de l’AFP dénombre une centaine d’otages non israéliens ou détenteurs d’une double nationalité, dont des Français, des Américains, des Thaïlandais, des Russes, des Argentins, des Italiens ou encore des Turcs. L'État hébreu n'a toutefois pas fourni de chiffres sur le nombre de militaires israéliens séquestrés par le Hamas. 

Libérer tous les prisonniers palestiniens ?

Le responsable du Hamas contacté par L'OLJ réitère les appels de sa formation à libérer « tous les prisonniers palestiniens ». « Un des buts essentiels de l’opération Déluge d’al-Aqsa était de pouvoir libérer les prisonniers palestiniens. Certains sont incarcérés depuis 40 ans », explique-t-il. « La première chose que le Hamas a fait quand il s'est infiltré en Israël, le 7 octobre, a été de prendre des otages parmi les militaires et les civils. Mais (le Hamas) veut libérer les civils », assure-t-il.

Les Israéliens pourraient-ils accepter les demandes du Hamas et relâcher plus de 6 600 prisonniers ? « Les Israéliens ont déjà procédé à plusieurs libérations en masse de prisonniers, dans le cadre de l’affaire du soldat israélien Gilad Shalit (enlevé en 2006 par le Hamas et libéré en 2011) par exemple. La donne semble cependant avoir changé », analyse Etienne Dignat. « L’opinion publique israélienne est traversée par une grande peur sécuritaire. Elle n’a plus confiance dans son appareil de renseignement et ne serait probablement plus prête à accepter la libération de 6 000 personnes – dont certaines très dangereuses », avance-t-il.

Pour le chercheur, la bonne volonté du Hamas, qui ne détient pas tous les otages, ne suffirait pas.

« Le Jihad islamique en détient certains et il n’est pas exclu que d’autres individus ou groupes dissidents en détiennent aussi », lance-t-il. « J’en veux pour preuve qu’un représentant du Hamas s’est récemment rendu à Moscou et a indiqué que la formation islamiste était disposée à libérer les otages russes. La difficulté, a-t-il dit, c’est que le Hamas devait d’abord les retrouver… Les choses n’ont donc pas l’air si simples… ».

Face à autant de paramètres complexes, Etienne Dignat conseille de ne pas aborder la question des otages « comme un seul bloc ». « Tout dépend du profil des otages, des opportunités et de leur localisation. Certains pourraient être libérés par des négociations, d’autres par la force et on pourrait enfin perdre la trace des derniers, comme c’est déjà arrivé par le passé », prévient-il.

Ils seraient plus de deux cents otages séquestrés par le Hamas depuis le début de sa guerre avec Israël, vraisemblablement dans le fameux « métro de Gaza », cet enchevêtrement de tunnels creusés sous l’enclave. Israéliens, mais aussi Américains, Français ou Russes, ils ont été enlevés le 7 octobre, lorsque le mouvement islamiste a  mené son attaque sanglante sur le...

commentaires (2)

JE SUIS PRÊT À ME CONSTITUER POUR UN ÉCHANGE D’OTAGES PAR HUMANITÉ. JE SUIS CITOYEN FRANÇAIS D’ORIGINE LIBANAISE ARDENT DÉFENSEUR DE DEUX ÉTATS VIVANTS COTES A COTES POUR L’HONNEUR DE LA FRANCE, PAYS DES DROITS DE L’HOMME.

Mohamed Melhem

20 h 55, le 09 novembre 2023

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Commentaires (2)

  • JE SUIS PRÊT À ME CONSTITUER POUR UN ÉCHANGE D’OTAGES PAR HUMANITÉ. JE SUIS CITOYEN FRANÇAIS D’ORIGINE LIBANAISE ARDENT DÉFENSEUR DE DEUX ÉTATS VIVANTS COTES A COTES POUR L’HONNEUR DE LA FRANCE, PAYS DES DROITS DE L’HOMME.

    Mohamed Melhem

    20 h 55, le 09 novembre 2023

  • Aucun scénario possible, libérez les otages sans conditions et montrait que vous êtes HUMAINS. Que l’opinion publique internationale voie dans ce geste une humanité de votre part. Assez de montrer vos muscles, vos drones et vos missiles ne peuvent rien contre la puissance meurtrière aveugle de nazionistes. S’il vous plaît. RÉFLÉCHISSEZ et le cessez le feu sera imposé à Israël par les USA et les OCCIDENTAUX. Quand aux prisonniers palestiniens, l’opinion publique internationale et des juifs d’Israël les libèreront, Inchaallah.

    Mohamed Melhem

    20 h 38, le 09 novembre 2023

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