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Politique - Crise

Vide à la tête de l’armée : la démarche FL tuée dans l’œuf

Triple veto à la proposition de loi présentée par le bloc parlementaire du parti de Samir Geagea en vue de proroger d’un an le mandat de Joseph Aoun.

Vide à la tête de l’armée : la démarche FL tuée dans l’œuf

Le commandant en chef de l’armée Joseph Aoun à Ras Baalbeck, en 2017. Photo d'archives AFP

Un peu plus de 48 heures après la présentation, par le bloc parlementaire des Forces libanaises, d’une proposition de loi repoussant à 61 ans (au lieu de 60) l’âge de départ à la retraite de tout commandant en chef de l’armée, la démarche n’en finit pas de susciter des critiques, même dans les rangs de l’opposition, dont les FL se veulent le fer de lance. De quoi rendre difficile le maintien de l’actuel chef de la troupe Joseph Aoun à son poste après le 10 janvier 2024 (date de son départ à la retraite) à travers un vote au Parlement.

Premier à réagir, le président de la Chambre Nabih Berry, qui exerce un pouvoir discrétionnaire en matière de convocation de la Chambre à des séances plénières. À en croire des milieux proches de Aïn el-Tiné cités ces deux derniers jours dans la presse locale, le chef du législatif serait « contre la législation à la carte ». « Pourquoi les FL se montrent aujourd’hui pour la législation de nécessité et pourquoi proposent-elles la prorogation du mandat du chef de l’armée alors qu’elles n’avaient pas fait de même pour l’ex-directeur de la Sûreté générale Abbas Ibrahim et l’ancien gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé ? » se serait interrogé le chef du Parlement.


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Une pique en direction des FL qui, à l’instar du reste des partis chrétiens majoritaires, ont toujours boudé les séances parlementaires législatives placées sous le signe de la « législation de nécessité », un concept instauré par M. Berry pour justifier la tenue de réunions parlementaires en période de vide présidentiel. Un point que le numéro deux des FL Georges Adwan a explicité mardi en affirmant que son parti participera à une séance législative avec ce seul point à l’ordre du jour. Mercredi, le leader des FL a lui aussi répondu aux critiques. « Les FL n’ont pas abandonné leur position de principe rejetant toute législation en période de vacance présidentielle », a-t-il précisé dans une interview accordée à l’agence Akhbar al-Yawm. « Sauf que la séance à laquelle nous appelons n’est pas une réunion comme les autres. Elle est en lien avec la sécurité nationale et le sort des gens », alors que « le Moyen-Orient et le Liban sont face à un grand danger », a-t-il précisé en référence au risque de guerre encouru par le Liban dans la foulée de l’offensive lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre dernier.

La surprise Gemayel
C’est surtout le leader des Kataëb Samy Gemayel qui a créé la surprise. Alors que les milieux FL faisaient état mardi d’une « coordination » avec le reste des composantes de l’opposition, le député du Metn s’est prononcé contre la proposition. « Les Kataëb n’ont pas décidé de prendre part à la séance parlementaire. Le Parlement n’a pas le droit de légiférer (en période de vacance présidentielle). Soit on respecte ce principe sur toute la ligne, soit on ne le respecte pas », a tranché M. Gemayel dans une interview accordée à la chaîne LBCI mercredi soir. Il a toutefois reconnu que le commandement de l’armée fait face au danger du vide. « C’est au ministre de la Défense et au gouvernement d’empêcher ce scénario », a affirmé M. Gemayel, rappelant que le ministre (sortant) concerné a les prérogatives de prendre la décision de retarder le départ à la retraite du chef de la troupe. « Les choses ne dépendent pas de sa volonté », a lancé Samy Gemayel, dans une pique évidente au ministre sortant de la Défense Maurice Slim, proche du Courant patriotique libre. Reflétant la position du chef de ce parti Gebran Bassil, le ministre sortant a rejeté la demande du Premier ministre sortant Nagib Mikati de proposer des noms pour pourvoir aux postes vacants au Conseil militaire (notamment le poste de chef d’état-major censé assurer l’intérim après Joseph Aoun) et éviter le vide au sein de l’institution. Derrière cette position rigide de refuser toute prorogation et toute nomination, un bras de fer aouniste avec le général Aoun, un sérieux présidentiable associé à la « troisième voie » prônée par le quintette impliqué dans le dossier libanais (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte, Qatar) pour mettre fin à la vacance à la magistrature suprême.

Pour mémoire

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Cette position – vraisemblablement soutenue par le Hezbollah qui veut éviter une nouvelle crise avec son allié chrétien – a transparu dans un communiqué publié mercredi par le comité politique du parti aouniste. « Le CPL réitère sa position refusant la prorogation du mandat de tout responsable (…) Un principe qu’il a mis en application en refusant de proroger la législature de ses députés à deux reprises. Il s’est également opposé au maintien à leurs postes de plusieurs responsables administratifs et chefs de service de sécurité », peut-on lire dans le texte. Et le CPL d’en profiter pour critiquer – sans surprise – les FL, les accusant d’« abandonner leurs principes pour proroger le mandat d’une personne sous prétexte de crainte du vide, alors qu’il existe plusieurs autres moyens légaux pour échapper à cette éventualité ». Le parti a également reproché aux FL d’avoir « rompu avec le rejet du concept de législation de nécessité uniquement pour des raisons politiciennes et des intérêts privés », appelant l’opinion publique à « juger ces changements ».

Les regards se tournent désormais vers le Premier ministre sortant, qui semble vouloir régler la question avant la date butoir du 10 janvier. Une source ministérielle contactée par L’Orient-Le Jour affirme que « M. Mikati serait en train de préparer un projet de loi prorogeant les mandats de tous les chefs d’appareils sécuritaires ».  Ce package deal à la libanaise finira-t-il par convaincre les chrétiens et Nabih Berry de réunir la Chambre ? Ou bien les protagonistes convergeront-t-ils sur un intérêt commun de ne pas proroger le  mandat de Joseph Aoun, malgré la pression occidentale ?

Un peu plus de 48 heures après la présentation, par le bloc parlementaire des Forces libanaises, d’une proposition de loi repoussant à 61 ans (au lieu de 60) l’âge de départ à la retraite de tout commandant en chef de l’armée, la démarche n’en finit pas de susciter des critiques, même dans les rangs de l’opposition, dont les FL se veulent le fer de lance. De quoi rendre...
commentaires (4)

Je ne comprends pas l'attitude du CPL.Si le général Aoun est un " sérieux présidentiable ",est-ce qu'il n'est pas dans l'intérêt du chef du CPL (pour éviter un vide extrêmement dangereux à la tête de l'armée ) que le départ à la retraite du général Aoun soit retardé (comme propose le leader des Kataêb) ou que son mandat soit prorogé (comme proposent les FL ?) M.Z

ZEDANE Mounir

13 h 12, le 03 novembre 2023

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Commentaires (4)

  • Je ne comprends pas l'attitude du CPL.Si le général Aoun est un " sérieux présidentiable ",est-ce qu'il n'est pas dans l'intérêt du chef du CPL (pour éviter un vide extrêmement dangereux à la tête de l'armée ) que le départ à la retraite du général Aoun soit retardé (comme propose le leader des Kataêb) ou que son mandat soit prorogé (comme proposent les FL ?) M.Z

    ZEDANE Mounir

    13 h 12, le 03 novembre 2023

  • Pourquoi les FL se montrent aujourd’hui pour la législation de nécessité et pourquoi proposent-elles la prorogation du mandat du chef de l’armée alors qu’elles n’avaient pas fait de même pour l’ex-directeur de la Sûreté générale Abbas Ibrahim et l’ancien gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé ? » se serait interrogé le chef du Parlement. Eh bien c’est que le pays est sur le,point d’être entraîné dans une guerre décidée par un parti vendu et que dans ces circonstances, la moindre des choses serait qu’une armée digne de ce nom soit capable de s’opposer à des mercenaires qui ont déjà pris le les oins de vider ses institutions de toute substance pour anéantir notre pays. Quant à la prorogation de certains postes, ils ont la mémoire courte puisqu’il y eu un précédent où il n’ont pas été très regardant sur la constitution. C’est étonnant que les journalistes n’ont pas pris le soin de le leur rappeler. Ils se rappellent de cette institution lorsque ça les arrange, sinon la foule du pied

    Sissi zayyat

    11 h 52, le 03 novembre 2023

  • Ils n’ont qu.a se reunirpour elire un president. il est temps que toute l’opposition campe au parlement et applique la constitution.

    Staub Grace

    08 h 52, le 03 novembre 2023

  • Et voilà dommage mais je comprend en lançant cette démarche les FL be se faisait pas trop d’illusion non plus

    Bery tus

    00 h 52, le 03 novembre 2023

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