Rechercher
Rechercher

Politique - Focus

Face à Bassil, le feu vert des FL à une prorogation de Joseph Aoun

Le parti de Samir Geagea présente une proposition de loi relevant à 61 ans l’âge de départ à la retraite de tout commandant en chef de l’armée.

Face à Bassil, le feu vert des FL à une prorogation de Joseph Aoun

Le commandant en chef de l'armée libanaise Joseph Aoun. Photo d’archives AFP

On ne change pas d’officiers pendant la guerre. Le Premier ministre sortant Nagib Mikati n’est visiblement plus le seul à prôner cette devise. Les Forces libanaises, le plus large groupe du camp de l’opposition, la reprennent à leur compte. À un peu plus de deux mois de la fin du mandat du commandant en chef de l’armée Joseph Aoun (le 10 janvier 2024), le bloc parlementaire des FL a présenté mardi une proposition de loi revêtue du caractère de double urgence faisant passer à 61 ans (au lieu de 60) l’âge de départ à la retraite de tout commandant en chef de l’armée. Une démarche visant clairement à proroger d’un an le mandat de Joseph Aoun, à l’heure où le Liban risque de se voir entraîné dans la guerre opposant le Hamas à Israël et dans laquelle le Hezbollah est impliqué depuis le Liban-Sud.

L'édito de Issa GORAIEB

Hé Pablo, et Gaza alors ?

La proposition des FL est clairement à aborder sous un angle politique. D’autant plus qu’elle a de quoi irriter leur plus grand adversaire chrétien, le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil. Car, à l’heure où ce dernier est prêt à tout pour se débarrasser de Joseph Aoun et écarter le risque de le voir arriver au palais de Baabda, la proposition des FL pourrait constituer un pas sur la voie du maintien du chef de la troupe à son poste pour... douze mois supplémentaires.

Lire aussi

Vide à la tête de l’armée : Bassil maintient son veto contre Joseph Aoun

« L’heure n’est pas à la politique politicienne. Et Gebran Bassil est le dernier de nos soucis », affirme à L’Orient-Le Jour le porte-parole des FL Charles Jabbour. « Nous avons pris notre décision par souci de préserver l’institution militaire », dit-il. C’est d’ailleurs par ce même argument que le numéro deux du parti Georges Adwan a expliqué, lors d’un point de presse tenu mardi à la Chambre, les motifs de la proposition. « L’intérêt du pays dicte parfois des exceptions. C’est dans cette optique que le bloc de la République forte (FL) a présenté une proposition de loi prorogeant d’un an le mandat de tout commandant en chef de l’armée », a-t-il dit, soulignant que « le parti veut faire barrage à toute secousse au niveau du commandement de l’armée qui serait à même de menacer la sécurité nationale ». Ce sont donc les circonstances de guerre qui ont poussé selon lui le parti de Samir Geagea à passer à l’acte. « Notre proposition devrait être directement discutée à la Chambre lors d’une séance avec ce seul point à l’ordre du jour : la préservation des intérêts de l’État (sans passer par les commissions parlementaires, NDLR) ». Et M. Adwan d’appeler à la tenue d’une séance parlementaire « dans les prochains jours pour garantir la stabilité de l’institution militaire ». Pour proroger donc le mandat de Joseph Aoun, les FL seraient prêtes à rompre avec leur veto à la tenue de séances plénières en période de vacance à la tête de l’État.

« Il ne sera pas élu président »
Le quorum des deux tiers requis pour la tenue de la séance parlementaire serait ainsi assuré, mais aussi la couverture chrétienne. De quoi accentuer l’isolement politique de Gebran Bassil, ne serait-ce que sur ce plan. Car, ironiquement, le chef du courant aouniste ne converge sur ce dossier qu’avec le leader des Marada Sleiman Frangié, candidat du tandem chiite à la présidence de la République. Et pour cause : les deux adversaires maronites ont intérêt à tourner définitivement la page de Joseph Aoun, figure fréquemment associée à la troisième voie consensuelle prônée par le quintette impliqué dans le dossier libanais (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte et Qatar) pour sortir de l’impasse. D’ailleurs, les chancelleries occidentales presseraient, apprend-on de sources concordantes, pour le maintien de Joseph Aoun à la tête de l’armée. « Même s’il est maintenu à son poste, il ne sera pas élu président », tranche César Abi Khalil, député aouniste, critiquant « l’intelligence politique légendaire des FL ». « Qu’ils aillent voter pour proroger son mandat sans nous », lance-t-il. Et le député de rappeler qu’en l’absence du commandant en chef et du chef d’état-major (depuis décembre dernier), l’armée devrait être dirigée par l’officier le plus haut gradé. Le CPL, qui rejette tant la prorogation du mandat de Joseph Aoun que la nomination de son successeur en l’absence d’un président, appuie donc l’option Pierre Saab (grec-catholique), le plus haut gradé pour prendre les rênes de l’institution.

Pour mémoire

Geagea à « L’OLJ » : Les attaques contre Joseph Aoun sont injustifiées

« Nous ne voulons pas perdre Bassil »
Cette rigidité aouniste n’est pas sans compliquer la tâche du Hezbollah, tiraillé entre la nécessité d’éviter le vide à la tête de l’armée,  surtout en cette période de tensions au Liban-Sud, et sa détermination à préserver de bons rapports avec Gebran Bassil (dont il a besoin pour mener Sleiman Frangié à Baabda). « Wafic Safa (haut cadre du parti chiite) m’a dit : “Nous ne voulons pas perdre Gebran Bassil’’ », a révélé le leader druze Walid Joumblatt dans une interview accordée lundi soir à la chaîne locale LBCI. Une information que les milieux du « parti de Dieu » ne confirment pas, s’en tenant à leur position de principe. « Notre opinion à ce sujet n’a rien à voir avec Gebran Bassil. Nous sommes contre la prorogation du général Aoun parce qu’aucun texte de loi ne le permet, comme l’a montré le précédent de Abbas Ibrahim », dit le porte-parole du Hezbollah Mohammad Afif Naboulsi. Il fait référence à l’ancien directeur de la Sûreté générale, proche du parti chiite, parti à la retraite en mars dernier et remplacé par son second Élias Baïssari (maronite). Pour le Hezbollah, la solution idéale serait de nommer un nouveau chef d’état-major. Un point sur lequel il converge avec l’ex-chef du Parti socialiste progressiste… à une nuance près. Si le leader de Moukhtara plaide pour la désignation de tous les membres du Conseil militaire, organe décisionnel de l’armée dont fait partie le chef d’état-major, il ne semble pas vouloir voir un druze diriger l’armée dans ce contexte actuel. Il est donc favorable à la prorogation du mandat de Joseph Aoun. Que fera donc le Hezbollah à la lumière de la proposition de loi des FL ? Mohammad Afif Naboulsi ne répond pas directement à la question et se contente de rappeler que son parti a toujours pris part aux séances placées sous le signe de la législation de nécessité. Comme pour garder la porte ouverte à une éventuelle approbation. D’autant qu’« en ces temps de guerre, la coordination entre le Hezbollah et le général Aoun est quotidienne », révèle M. Naboulsi.

Pour le moment, rien n’est joué à ce stade, car le chef du législatif Nabih Berry ne compte pas convoquer le Parlement dans un avenir proche. « Le gouvernement doit se prononcer sur le dossier d’abord », dit un proche de Aïn el-Tiné, renvoyant la balle dans le camp de Nagib Mikati. Un nouveau match de ping-pong se profile donc à l’horizon.

On ne change pas d’officiers pendant la guerre. Le Premier ministre sortant Nagib Mikati n’est visiblement plus le seul à prôner cette devise. Les Forces libanaises, le plus large groupe du camp de l’opposition, la reprennent à leur compte. À un peu plus de deux mois de la fin du mandat du commandant en chef de l’armée Joseph Aoun (le 10 janvier 2024), le bloc parlementaire des FL...

commentaires (6)

Lorsqu’un individu se permet de s’attaquer au sacro-saint Graal de son pays qui est l’armée, la seule institution qui tient encore sur une seule jambe pour l’achever comme il a déjà fait avec la fonction suprême et les autres institutions, il mérite d’être interpelé et interrogé sur ses motivations par cette même institution qui a le devoir de se défendre pour protéger le pays. Pourquoi aucune plaint ni aucune interpellation n’a pas eu lieu jusqu’à présent?

Sissi zayyat

12 h 14, le 02 novembre 2023

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • Lorsqu’un individu se permet de s’attaquer au sacro-saint Graal de son pays qui est l’armée, la seule institution qui tient encore sur une seule jambe pour l’achever comme il a déjà fait avec la fonction suprême et les autres institutions, il mérite d’être interpelé et interrogé sur ses motivations par cette même institution qui a le devoir de se défendre pour protéger le pays. Pourquoi aucune plaint ni aucune interpellation n’a pas eu lieu jusqu’à présent?

    Sissi zayyat

    12 h 14, le 02 novembre 2023

  • Pas besoin de tourner autour du pot: il n'existe que trois possibilités. Je mets au défi nos politiciens d'en trouver une quatrième. - 1) Nommer un nouveau commandant en chef. - 2) faire assurer l'interim par le chef d'E-M. - 3) Prolonger le mandat de commandant en place. La première solution est impossible à mettre en œuvre en l'absence d'un président de la République. La seconde l'est encore plus, puisque le poste de chef d'E-M est lui-même vacant. Comme disait un certain détective: "Quand on a éliminé toutes les hypothèses possibles..."

    Yves Prevost

    07 h 08, le 02 novembre 2023

  • Encore censurée

    Sissi zayyat

    17 h 12, le 01 novembre 2023

  • Censurer systématiquement ne vous grandit pas L’OLJ. Vous poussez vos abonnés à se désolidariser de leur journal.

    Sissi zayyat

    17 h 11, le 01 novembre 2023

  • C’est de la FOLIE que de risquer un vide ou même un nouveau commandant en chef de l’armée en cette période de guerre régionale ( ou tension régionale). Même un nouveau chef doit avoir un laps de temps pour la passation et le temps de maîtriser les dossiers… OR ce temps n’existe pas. PAS LE MOMENT de changer de responsable militaire en temps de guerre. Faut que BASSIL se calme et oublie ses intérêts privés, personnels ou partisans de politicien. C le pays dont il s’agit NI de M Joseph AOUN, NI des FL, NI de BASSIL !!!! Soyez responsables ne serait-ce qu’UNE fois de votre vie BON SANG !!!!

    LE FRANCOPHONE

    10 h 50, le 01 novembre 2023

  • C'est parfaitement normal! Un homme de 61 ans est encore dans la force de l'âge. D'ailleurs, pourquoi un homme de quatre-vingt-deux ans peut-il être élu président de la République, alors que le chef de l'armée doit partir à la retraite à 58 ans(à part le fait d'être brouillé avec un certain chef de parti...)??? Où est la logique dans tout cela?

    Georges MELKI

    08 h 08, le 01 novembre 2023

Retour en haut