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Lifestyle - Société

Une « Oasis de vie » au cœur de Beyrouth

De « maison de repos », à son ouverture en juillet 2019, ce lieu s’est transformé en véritable centre médical au service des patients mais aussi de l’Association de bienfaisance grecque-catholique de Beyrouth et sa banlieue qui vient en aide aux plus nécessiteux.

Une « Oasis de vie » au cœur de Beyrouth

L'Oasis de vie (ODV), plus qu'une maison de repos, un centre médical. Photo C.H.

Il est 10 heures et, ce matin, comme tous les matins, les lieux sont calmes. Les étages nettoyés, les patients bichonnés, c’est l’heure de la physiothérapie pour certains, d’une petite marche intérieure pour d’autres, en attendant les activités manuelles et artistiques qui se tiennent en journée. Au huitième étage de l’établissement, Nora, 73 ans, est installée au salon, le sourire paisible, résigné, sage, un livre à la main. De son portable se dégage une musique joyeuse. « La musique possède ce pouvoir de rendre heureux », dit-elle.

Nora, une battante qui a passé presque deux ans à ODV. Photo C.H.

« Nora est une référence pour nous, souligne Danny Akoury, chef du service de réhabilitation du centre. Lorsqu’elle est arrivée ici, il y a un an et dix mois, avec le syndrome de la « queue de cheval », la moelle épinière comprimée après une chute, les médecins lui donnaient zéro chance de pouvoir marcher un jour. Moins de deux ans plus tard, elle peut le faire avec des béquilles, ce qui est un vrai miracle. Elle a une volonté extraordinaire et une ouverture d’esprit qui nous ont beaucoup aidés. » Nora, pour toutes les infirmières et le personnel soignant qui sont devenus « de la famille », ses deux enfants vivent à l’étranger,  n’a jamais perdu patience, jamais perdu espoir. « Je suis arrivée à Oasis de vie après deux opérations aux deux jambes. Au début je ne pouvais pas bouger puis, grâce à un remarquable travail des physiothérapeutes et ergothérapeutes, je peux marcher avec des béquilles. » « Nous prenons des patients de 2 à 100 ans, même en externe, souligne Danny. Nous nous chargeons principalement de cas post-opératoires, orthopédiques, de patients souffrant d’alzheimer, de fracturés de hanche et d'autres membres, d’hémiplégies et de démence. » Des cas de plus en plus pointus.

Danny Akoury, chef du service de réhabilitation du centre. Photo C.H.

Un centre médical spécialisé

Le projet de ce centre de santé composé de 131 lits a été créé par l’Association de bienfaisance grecque-catholique de Beyrouth et sa Banlieue. Fondée en 1883, l'association vient en aide aux personnes âgées ou en difficulté, sans aucune discrimination religieuse, précise Roger Nasnas, son président. Elle est née grâce à Marie Youssef Aftimos, épouse de Nemr Hebbé, qui a offert le terrain. « Les terrains sont arrivés à l’association, bien avant la guerre, par un héritage de Marie Wehbé Aftimos, qui a souhaité que l’on construise un hôpital ou, le cas échéant, une maison de repos, raconte Zafer Chaoui, président de l’Oasis de vie. C’est ainsi qu’une partie des terrains a été vendue et d’autres ont été regroupés. Nous avons construit l’Oasis de vie, avec ce qui restait comme fonds et les diverses donations des membres de la communauté grecque-catholique de Beyrouth. Au départ, il s’agissait d’un asile de vieillards, mais nous avons vite constaté que ce concept était dépassé et que nous devions faire quelque chose de beaucoup plus rationnel, d’où cette maison de repos devenue de plus en plus spécialisée et sollicitée par des personnes du Liban et de toute la région. » « De plus en plus médicalisée aussi », comme tient à signaler Saydeh Muallem Nassar, PDG du centre depuis le début de l’aventure en 2015. « Nous offrons des soins médicaux aigus, convalescence et réhabilitation, alzheimer et démence, un service unique au Liban et dans la région pour les personnes âgées, mais aussi les soins palliatifs, des patients dans le coma ou en phase terminale, des personnes avec des problèmes respiratoires. Nous prenons en charge les malades jusqu’à ce que leur cas exige une hospitalisation ou une trachéotomie. Notre but, entourés d’une équipe de professionnels à tous les niveaux, est de leur donner une qualité de vie, surtout au niveau de la douleur. » Cette qualité passe aussi par des soins dentaires, lorsque les locataires ne peuvent pas, en raison de leur état physique ou mental, sortir, de l’orthophonie. Il y a même un coiffeur pour celles qui désirent se refaire une beauté !

Zafer Chaoui, président de l’Oasis de vie (ODV). Photo C.H.

À l’étage de Nora, une voisine, Nayla, a également accepté de partager son histoire. Nayla est à ODV depuis un an et demi. Après une chute, une fracture de la hanche et deux opérations, elle a décidé de s’installer définitivement ici, avec son chat, qui reste sagement dans la chambre, et… ses meubles, reconstituant au mieux son « chez-elle ». « Le personnel qui travaillait chez moi est parti, dit-elle. J’ai finalement trouvé que rester ici était beaucoup plus pratique. Je suis parfaitement bien prise en charge dans mon quotidien. J’ai mon chauffeur et je sors quelques fois passer la journée dehors. »

« L’objectif pour moi est aussi d’aider le pauvre, poursuit Zafer Chaoui, dans cette vocation première du centre qui lui tient à cœur. « À partir du 1er novembre, nous consacrons un certain nombre de chambres où nous recevons des malades visités et recommandés par les assistantes sociales de l’association de bienfaisance grecque-catholique. Ces personnes âgées ou malades pourront couvrir une partie des frais, selon leurs moyens, et nous nous chargerons du reste. Nous avons des engagements à long terme et nous ferons tout ce qu’il faut pour nous y tenir. »

Il est 10 heures et, ce matin, comme tous les matins, les lieux sont calmes. Les étages nettoyés, les patients bichonnés, c’est l’heure de la physiothérapie pour certains, d’une petite marche intérieure pour d’autres, en attendant les activités manuelles et artistiques qui se tiennent en journée. Au huitième étage de l’établissement, Nora, 73 ans, est installée au salon, le...
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