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Nos Lecteurs ont la Parole

L’Orientale et moi....

Je suis l’Orientale couronnée de lauriers, j’ai pris naissance contre vents et marées. J’ai grandi dans un monde sans pitié, un monde où évoluer est prohibé, vain et censuré. Pour demeurer, j’ai longtemps vagabondé, j’ai erré pour subsister sans jamais me fixer. J’ai navigué, divagué, mais j’ai aussi rêvé… J’ai espéré !

Je suis musulmane, je suis chrétienne, je suis la fille de Dieu. Je suis l’église, je suis la mosquée. Je suis prière, je suis sourate, je suis verset, je suis lecture, je suis écriture. En moi, je porte Dieu qui, à son image, m’a créée. Je suis ardeur, je suis ferveur, je suis indulgence, bienveillance, je suis bonté et clémence, je suis tolérance, je suis pardon et absolution. Dans mes veines coule un sang de générosité, de bienveillance et d’humilité.

Je suis la femme voilée. Je tais mes malheurs, je cache mes douleurs. Je suis le lourd et troublant silence. Je suis le vacarme qu’on veut étouffer. Je suis la fidèle épouse, celle dont le mari fut égorgé. Je suis la mère affligée, mes enfants ont été enterrés. Je suis un être frappé, violé, réprimé pour avoir existé.

Je suis l’homme martyrisé. Je suis le prisonnier, détenu, séquestré. La vie m’a été confisquée, capturée, arrachée.

Je suis la mélancolie, l’affliction et la nostalgie. Je suis la défiance, le doute et la méfiance. Ils m’ont tout pris, identité, audace et intrépidité. Je n’ai ni univers ni existence, de mes droits je suis dépossédée.

Je suis la croix. On me fait porter tous les péchés : violation, insubordination, infractions. Je suis l’impureté : on m’accuse de vices, de crimes, de tares et de difformités. Je suis sans défense. Par pusillanimité, par couardise et lâcheté, j’ai été à mon sort abandonnée. Je suis tombée dans un champ de blé volé, brûlé, saccagé.

Mais… je me suis relevée pour ressusciter.

Puisque vous l’avez ainsi voulu, je me suis soulevée pour écraser le royaume de l’esclavage et du despotisme, pour renverser tous les trônes, condamner le fanatisme, arracher à l’hypocrisie son manteau infâme cousu de déchéance, de honte et d’humiliation.

Je suis la rage du peuple qui parcourt les ruelles de la ville. Je suis la souffrance des enfants, la colère des adolescents, la violence des prisonniers… Je suis la révolution qui se lève pour écraser les despotes. Je suis le renversement de la prosternation, de la tyrannie et de la soumission.

Je suis la noblesse orgueilleuse, j’ai arraché au mensonge son masque éreinté. Je suis la dure épreuve, mon chemin est semé de résilience, d’audace et de persistance.

Je suis la voix, je hurle les indignations et les répugnances, je dénonce les violences et les agressions. Je suis l’espoir sorti de longues nuits ombreuses, sombres et ténébreuses. Je suis l’étoile qui luit, le soleil qui brille.

Je suis la liberté sacrée, j’ai réveillé les consciences, j’ai écrasé les lâchetés.

Je suis l’histoire endeuillée et accablée, je suis la vérité qui fait honte à l’humanité.

Je raconterai, jusqu’à ma mort, le récit de toute une vie qui m’a été volée.

Je suis la Palestine et, jusqu’à l’éternité, je le serai. Jusqu’à l’infini, pour y rester.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Je suis l’Orientale couronnée de lauriers, j’ai pris naissance contre vents et marées. J’ai grandi dans un monde sans pitié, un monde où évoluer est prohibé, vain et censuré. Pour demeurer, j’ai longtemps vagabondé, j’ai erré pour subsister sans jamais me fixer. J’ai navigué, divagué, mais j’ai aussi rêvé… J’ai espéré ! Je suis musulmane, je suis...

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