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Nos Lecteurs ont la Parole

À Gaza, je dédie ces mots

Écrire pour une ville autre que Beyrouth n’est pas dans mes coutumes. Beyrouth est mon berceau, ma ville natale et mon centre de repère. Cependant, cette fois-ci, j’ai pris la décision de m’éloigner un peu, tout en restant proche, très proche. J’étends mes mots en direction de Gaza, comme si elle n’est pas assez ciblée, pauvre elle, ces derniers jours.

Depuis des semaines, nous assistons à un génocide sur l’écran de notre téléphone !

Qui aurait pu imaginer qu’un jour, le monde entier serait assis dans des fauteuils, dans des restaurants, dans le confort des maisons à regarder en direct l’extermination d’un peuple comme si c’était un film d’horreur d’une absurdité incontestable.

Je suis née, j’ai vécu, j’ai grandi et j’ai baigné au milieu des récits des conflits au Moyen-Orient, notre pain quotidien, où l’histoire et la politique mondiale se dessinent ; et quand je posais des questions pour mieux comprendre le contexte, mon père me répondait que j’étais trop jeune pour les conflits des grands.

Au fil des années le conflit a évolué en portée tout en se réduisant en superficie, se recentrant, dans l’histoire contemporaine, sur une étroite bande de terre de 41 km, abritant 2,3 millions d’habitants. Une région surpeuplée, constamment sous haute surveillance et connue pour être une sorte de prison à ciel ouvert.

Cette parcelle de terre, qui n’a que la mer pour échappatoire, est la bande de Gaza. Pour certains, elle n’est devenue familière que récemment grâce aux réseaux sociaux, qui jouent un rôle déterminant dans cette guerre, la force la plus dévastatrice de ce conflit.

À Gaza, je dédie ce texte, mon tout premier à s’étendre au-delà les frontières de Beyrouth.

À toi, Gaza, à tes enfants qui me rappellent quotidiennement que je dois serrer fort le mien avant le coucher, et toujours se souvenir de la chance qu’il a de vivre ailleurs et de mener une vie différente.

À toi, Gaza, à tes tout-petits qui semblent disparaître comme des étoiles filantes après une nuit obscure et qui voyagent comme les anges dans un ciel ouvert pour les étreindre.

À toi, Gaza, à la violence qui éclate derrière tes murs, aux cris de désespoir qui résonnent sous ton béton et aux sons des bombes qui marquent ton quotidien traumatisant.

À toi, Gaza, excuse-nous pour notre ignorance, pardonne-nous, êtres humain notre faiblesse, notre lâcheté et notre impuissance. Pardonne-nous Gaza de ne pas avoir la détermination de lutter davantage, de ne pas avoir la force de nous battre avec et pour toi.

Pour toi, Gaza, je prie, je crie et je nourris l’espoir en fixant les regards de Rasha, Rula et Zain, mes trois collègues palestiniennes. Je le fais parce que je sais qu’elles y croient, qu’elles persévéreront sans relâche pour ton indépendance, ta souveraineté et pour la liberté de ta terre.

À toi, Gaza, aux cris de tes mères, aux larmes de tes enfants, au courage de tes pères et de tous ceux qui endurent la souffrance inlassablement, sous le regard d’un monde ayant perdu le sens de l’humanité.

À toi, Gaza, je dédie ce texte, et mes mots s’étendent bien au-delà des frontières de Beyrouth.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Écrire pour une ville autre que Beyrouth n’est pas dans mes coutumes. Beyrouth est mon berceau, ma ville natale et mon centre de repère. Cependant, cette fois-ci, j’ai pris la décision de m’éloigner un peu, tout en restant proche, très proche. J’étends mes mots en direction de Gaza, comme si elle n’est pas assez ciblée, pauvre elle, ces derniers jours.Depuis des...

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