L’art de guérir sous la loupe de médecins et de chercheurs

Organisé avec l’appui de l’AUF Moyen-Orient et de l’Institut français du Liban, ce séminaire en ligne, ouvert gratuitement au public sur Microsoft Teams, est constitué de trois journées au cours desquelles dialoguent sciences humaines et médicales pour ouvrir la voie à une compréhension plus riche de la santé humaine. Ainsi, le 7 octobre, le 11 novembre et le 2 décembre, médecins, enseignants et chercheurs en provenance du Liban, de France, de Roumanie, de Belgique, d’Italie, de Suisse et des États-Unis d’Amérique se pencheront sur l’art de guérir dans les domaines de la philosophie, de la médecine et de la littérature. Leurs interventions, d’une trentaine de minutes chacune, se feront en français et en anglais et favoriseront, à travers les pays, le dialogue entre les disciplines pour permettre aux internautes de se pencher sur des questionnements contemporains qui concernent l’actualité de la philosophie et son apport à la pratique du soin et à la médecine.

Engager un dialogue interdisciplinaire

Pamela Krause, coordinatrice du programme de philosophie à l’USJ, Stéphanie Hage, chef du département de littérature à l’USJ, et Yvonne Saaybi, chargée de cours de littérature dans cette même université, ont organisé ce séminaire qui compte 19 intervenants et qui est susceptible d’intéresser tout autant les professionnels de santé, les passionnés de philosophie, les étudiants en sciences humaines et en médecine et, plus généralement, les personnes désirant découvrir les humanités médicales. « Nous avons à cœur de promouvoir l’interdisciplinarité et nous cherchons, par le biais de cet événement, à rendre sensible le rôle des sciences humaines dans les débats contemporains. Le séminaire d’humanités médicales, le premier en son genre au Moyen-Orient, vise à sensibiliser le public à un ensemble de problématiques en cherchant notamment à poser un regard philosophique sur la pratique médicale », explique Pamela Krause qui est docteure en philosophie. Pour ce faire, le département de philosophie a notamment fait appel au célèbre professeur Bernard Devauchelle, chef du service de chirurgie maxillofaciale du CHU d’Amiens, connu pour avoir réussi à réaliser la première greffe partielle du visage. Ce dernier se penchera, le 2 décembre, sur les enjeux sociaux et psychologiques de la reconstruction faciale. Au programme également, les problèmes que pose la définition du normal et du pathologique. Le philosophe Jérôme Wakefield, professeur à la faculté de médecine de l’Université de New York et spécialiste des fondements conceptuels de la psychiatrie, parlera, dans son intervention prévue le 11 novembre, des difficultés posées par le concept de « maladie mentale ». Yvonne Saaybi mettra quant à elle en lumière, le 7 octobre, les présupposés sexistes qui ont alimenté la notion d’hystérie au XIXe siècle. « Par ailleurs, la maladie est bien plus qu’un fait symptomatologique. Un diagnostic est formulé par l’institution médicale et implique donc la fabrication d’un discours, lequel traduit des jeux de pouvoirs entre les patients, les médecins et les entreprises pharmaceutiques », rappelle Pamela Krause. De ce fait, ce séminaire permet également d’interroger la manière dont certains écrivains comme Roland Barthes ont pu contester, à partir du langage, la pathologisation de leur état. Ce sujet est notamment abordé, le 7 octobre, par Despina Jderu, chercheuse en littérature à l’Université de Bucarest. D’autres interventions porteront sur les difficultés et les partis pris présupposés par tout diagnostic et sur l’apport de la philosophie à la thérapie. « Par le biais de ce séminaire, nous espérons aussi promouvoir une vision holistique de la santé en soulignant la dimension thérapeutique de la philosophie (comme le rappellent nos invités Guillaume Dreidemie, chercheur en philosophie à Lyon III, et Jonathan Daudey, auteur de La pharmacie de Nietzsche), de la littérature (sujet d’intervention d’Alexandre Gefen, directeur de recherche au CNRS, et de Stéphanie Hage) et des arts plastiques, surtout en contexte de violence extrême (sujet abordé par Nebras Chehayed, chercheur à l’IFPO) », précise Pamela Krause qui espère que de nombreux internautes auront la curiosité d’assister à ces interventions édifiantes. Le programme peut être consulté ici.