Le ministre sortant des Déplacés, Issam Charafeddine, a exprimé mardi son soutien à la suggestion du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, d'autoriser les migrants syriens à quitter le Liban par voie de mer.
Des centaines de réfugiés et migrants syriens et palestiniens, ainsi que des ressortissants libanais, tentent régulièrement de quitter illégalement le Liban par des traversées maritimes dangereuses. Des centaines de personnes sont mortes au cours de ces tentatives.
« La mer est devant vous et la Syrie derrière vous », a déclaré à L'Orient Today M. Charafeddine, proche de l'ex-député Talal Arslane, allié du Hezbollah. « Je suis d'accord avec les déclarations de Nasrallah concernant les déplacés [syriens]. Nous devrions ouvrir la mer à la migration vers l'Europe par bateau, et il devrait y avoir une résolution du dossier des déplacés syriens à la source », a-t-il dit.
M. Charefeddine a également affirmé que les sanctions américaines imposées à la Syrie par la loi César devraient être abolies. « Il faut une stratégie ou un plan général pour résoudre le problème », a déclaré le ministre. Promulguée en 2020, cette loi américaine sanctionne toute personne, entreprise ou institution engagée dans le commerce avec le régime de Bachar el-Assad, ou contribuant à la reconstruction du pays.
Pression sur l'Europe
M. Charafeddine a également appelé à traquer « les mafias de passeurs », en référence aux réseaux qui transportent illégalement des personnes de la Syrie vers le Liban. « Pourquoi empêchez-vous le migrants de se rendre en Europe ? Le fait qu'ils y aillent peut servir de pression sur l'Union européenne pour qu'elle nous revienne avec des propositions de solutions », a-t-il encore dit.
Contactés par L'Orient Today, le ministre des Affaires sociales Hector Hajjar, le HCR (Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU) et une source haut placée de l'armée libanaise ont tous refusé de commenter cette question. Une source de la Sûreté générale n'était pas immédiatement disponible pour un commentaire.
Le président du Centre libanais pour les droits de l'homme, Wadih el-Asmar, a quant à lui déclaré à L'Orient Today que le principal obstacle à toute solution de la crise migratoire était le régime syrien. « Hassan Nasrallah, qui est l'un des principaux alliés du régime syrien, au lieu de faire la leçon aux Libanais et aux Syriens, devrait exercer des pressions sur le régime de Damas pour qu'il donne les garanties nécessaires afin que les réfugiés se sentent à l'aise pour retourner en Syrie sans être torturés, détenus ou tués », a affirmé M. Asmar.
« Le régime syrien mène une campagne directe pour utiliser la question des déplacés, sujet brûlant au Liban, comme outil de négociation avec les pays européens et la communauté internationale, a-t-il poursuivi. « La conscience [de Nasrallah] pourrait-elle supporter le nombre de personnes perdues en mer ? » a-t-il demandé. Pour lui, le discours du chef du parti chiite « révèle le niveau d'embarras du Hezbollah, allié du régime syrien, parce que ce dernier refuse de trouver une solution à la crise des réfugiés au Liban ».
La plupart des partis politiques libanais s'accordent sur la nécessité de rapatrier les réfugiés syriens. Toutefois, nombre d'organisations de défense des droits de l'homme et l'ONU mettent en garde contre les risques sécuritaires en cas de retour. Plusieurs estimations indiquent que le Liban accueille plus de 1,5 million de migrants syriens qui ont fui depuis 2011, ce qui en fait le pays qui en compte le plus grand nombre par habitant dans le monde.
commentaires (11)
Une fois n'est pas coutume. me voilà d'accord avec le Hezbollah. Pourquoi empêche-t-on ceux qui sont entrés illégalement au Liban, de quitter le pays? Cela n'a pas de sens. La même règle devrait d'ailleurs s'appliquer à tous les pays du monde, y compris en Europe. Les lois sont faites pour être respectées. Tous les immigrants illégaux doivent être expulsés. C'est logique.
Yves Prevost
07 h 00, le 05 octobre 2023