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Diaspora - Les petites histoires de la diaspora

Sabine Ghanem, des mariages au Liban au stand-up amateur en Californie

 « L’Orient-Le Jour » a décidé de faire le portrait, une fois par mois, de l’un de ces anonymes de la diaspora qui  s'est lancé dans une aventure singulière. 

Sabine Ghanem, des mariages au Liban au stand-up amateur en Californie

Débarquée en Californie en novembre 2019, Sabine Ghanem a récemment renoué avec sa passion pour la scène, « à (son) petit niveau ». Photo DR

Le 17 octobre 2019, la rue libanaise gronde et donne naissance à un mouvement de contestation dont l’onde de choc va coïncider avec le début de la désagrégation du système financier libanais qui se poursuit depuis.

Sabine Ghanem, qui a pour homonyme une joaillière libano-égyptienne, a alors 27 ans. Originaire de Zahlé, dans les hauteurs de la Békaa, mais vivant à Zouk, sur la côte kesrouanaise, elle quitte dès novembre 2019 son emploi de gestionnaire de projet dans l’agence Paul Nasr qui organise des mariages, ainsi que son pays, pour se mettre au vert quelque temps chez son cousin à Los Angeles.

Une pandémie de Covid plus tard, la jeune femme s’est mariée, devenant Sabine Pfund et mère d’un enfant. Et sa trajectoire atypique lui a en plus donné le temps et l’envie de se replonger dans une passion bien américaine : le stand-up ou comique de scène en français. Né aux États-Unis à la fin du XIXe siècle, ce genre définit une déclinaison des arts scéniques, dans lesquels un humoriste s’adresse directement à son public dans le cadre d’un spectacle mêlant textes préparés et improvisation.

« J’ai toujours aimé la scène. Je m’étais lancée une première fois au Liban en 2011 dans le cadre d’une plateforme locale aux côtés de comédiens comme Anthony Hamaoui (de l’émission web humoristique « Quickies »). Mais j’ai malheureusement perdu ma mère dans la foulée de ma seconde représentation, ce qui a coupé net mon envie de continuer », raconte Sabine.

Scènes ouvertes

C’est donc dans la cité des Anges, à 5 minutes de Hollywood, que la brune aux cheveux ondulés se décide à remettre le couvert. « J’ai été convaincue par une amie américaine et ancienne comédienne, Lena Dansdill, qui m’a poussée à participer à une scène ouverte (“Open Mic”, en anglais) il y a quelques mois. Ça s’est fait en 48 heures. Je me suis retrouvée sur une petite scène à raconter mes petites histoires pour tenter de faire rire les gens », relate encore Sabine.

À Hollywood, les scènes ouvertes sont l’une des vitrines privilégiées des comédiens qui tentent de se faire un nom auprès des producteurs de télévision et de cinéma. « J’ai participé plus précisément à la scène ouverte Hollywood Improv », ajoute-t-elle. La salle se situe sur la très animée avenue commerçante de Melrose, à l’extrémité sud du district de Hollywood.

Sabine Ghanem devant l’affiche du spectacle organisé à Park la Brea, à Los Angeles. Photo DR.

Le but du jeu : faire rire le public en l’espace de 3 à 5 minutes. « J’étais devant 80 à 100 personnes et je m’en suis plutôt bien sortie avec un texte « propre », sans langage violent ou vulgaire. Cet exercice est considéré comme assez difficile pour plusieurs comédiens aguerris avec qui j’ai pu discuter », poursuit-elle. Un choix qui lui permet aussi de jouer devant un public plus jeune. « Les thèmes que j’explore sont très personnels, je puise l’inspiration dans mon parcours et mes origines libanaises. Ce n’est pas très original, mais ça plaît au public. Il vient découvrir un monde qu’il ne connaît pas du tout, décrit encore Sabine. Je me distingue en tant que moyen-orientale et je me moque d’eux, ça les fait rire. C’est aussi simple que ça. »

Consciente de ses limites de débutante, Sabine semble toutefois posséder un atout très libanais qui pourrait jouer en sa faveur sur le long terme : son endurance sur scène. « Je ne sais pas encore ce que ça vaut, mais on me l’a fait remarquer : j’arrive à tenir et à faire rire 10 minutes sur une même lancée, ce qui est beaucoup à ce petit niveau » explique-t-elle.

Depuis ses premiers pas dans le courant de l’été, Sabine a déjà enchaîné 4 représentations. « Trois scènes ouvertes et un spectacle devant 300 personnes que j’ai organisé dans la communauté d’appartements de Park la Brea, l’un des plus grands complexes d’appartements de la zone continentale des États-Unis, avec 16 000 habitants dans la partie ouest de Los Angeles (qui en compte près de 4 millions). Dernière étape : une scène ouverte le 2 octobre à Las Vegas, en attendant la suite. 

Le 17 octobre 2019, la rue libanaise gronde et donne naissance à un mouvement de contestation dont l’onde de choc va coïncider avec le début de la désagrégation du système financier libanais qui se poursuit depuis.Sabine Ghanem, qui a pour homonyme une joaillière libano-égyptienne, a alors 27 ans. Originaire de Zahlé, dans les hauteurs de la Békaa, mais vivant à Zouk, sur la...