Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a mis en garde dimanche contre ce qu’il estime être « le danger » qui guette le Liban du fait de la présence massive des réfugiés syriens, un des principaux chevaux de bataille du courant aouniste. Par la même occasion, M. Bassil, qui mène une tournée dans plusieurs régions chrétiennes dans ce qui ressemble à une campagne électorale, n'a pas manqué de tancer ses adversaires, notamment le commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun, perçu comme un des plus sérieux candidats à la présidence de la République et soutenu par les puissances étrangères.
« Le pays ne peut plus tolérer l’effectif des réfugiés syriens », a lancé le leader du parti aouniste lors d’une tournée dans la région de Baalbeck. « Je réitère ma mise en garde contre une menace existentielle pour le Liban », a tonné le député de Batroun, employant les mêmes termes que Joseph Aoun. Ce dernier s'était exprimé lors d’un Conseil des ministres tenu il y a quelques semaines, consacré à la question brûlante des réfugiés, et boycotté, comme c’est le cas depuis décembre 2022, par les ministres aounistes.
Bien que Joseph Aoun et Gebran Bassil convergent sur ce point, le numéro un de la troupe demeure la cible politique privilégiée du chef du CPL, dans le cadre de la bataille présidentielle qui bat son plein depuis un an. « Quand nous appelons à la fermeture des frontières (libano-syriennes), ils rétorquent en nous accusant de les attaquer sur fond de présidentielle », a déploré le leader aouniste. Et de poursuivre : « Ces gens n’ont qu’un seul souci : la présidentielle et l'approbation de l’étranger. » Ces propos interviennent un peu plus d’une semaine après le discours virulent tenu par le chef de l'armée, dans lequel il avait implicitement critiqué le chef du CPL. « Ceux qui doutent de notre rôle dans la protection des frontières (...) ne participent pas à résoudre le problème », avait-il martelé.
M. Bassil, qui s'exprimait dans une région qui a été le théâtre d'affrontements entre la troupe et des islamistes en 2017, a toutefois souligné son attachement à l'institution militaire. « Nous soutenons l’armée de tout cœur et personne ne peut s’interposer entre nous et elle. Nous parlons de certains membres et commandants qui profitent des réseaux de contrebande », a-t-il affirmé, ajoutant que son parti n’a rien de « personnel » contre qui que ce soit.
Et une nouvelle pique à Frangié
La veille, Gebran Bassil s'était rendu à Zahlé, en compagnie de Michel Aoun, ex-chef d’État. S’exprimant lors d'un dîner partisan, il s’était également attardé sur la question des réfugiés, appelant à ouvrir les canaux de dialogue avec le régime syrien sur ce plan. « Il est de notre responsabilité de faire face au danger de la migration qui menace notre existence », a-t-il affirmé, en soulignant la nécessité que « le gouvernement discute avec la Syrie et le reste du monde pour imposer le rapatriement (des Syriens) et non pas réclamer des aides ».
Pour ce qui relève de la présidentielle, le chef du CPL n'a pas non plus ménagé le chef des Marada, Sleiman Frangié, réitérant implicitement son refus à cette candidature, malgré le dialogue mené entre sa formation et le Hezbollah qui ne cache pas son soutien au zaïm de Zghorta. « Tous ceux qui attendent un changement dans le rapport de force pour faire parvenir leur candidat (à la tête de l'État) se trompent. Tout comme ceux qui attendent un coup porté au Hezbollah ou à l'Iran, la chute du président syrien Bachar el-Assad, une entente syro-saoudienne ou syro-iranienne », a-t-il souligné. « Si la réussite d'un président soutenu par tous les Libanais n'est pas garantie, que dire alors si ce président était élu contre le gré de la moitié des Libanais ? » a-t-il lancé. Il a renouvelé l'appel à « l'entente, à l'élection d'un président et la formation d'une classe au pouvoir sur la base d'une vision claire qui détermine les choix politiques, économiques et financiers, comme nous l'avons fait dans notre feuille de route présidentielle, sur laquelle nous sommes en train de nous entendre avec certains ».
Il ne faut pas se tromper d'adversaire. On a largement critique le "general" et son gendron quand ils faisaient le lit du Hezb. Maintenant que Bassil fait face au candidat du Hezb, peut etre faudrait-il lui en savoir gre ? Non ? En tout cas, tant qu'il ne plie pas !
20 h 48, le 02 octobre 2023