Des Irakiens en colère se sont exprimés sur les réseaux sociaux mercredi pour demander justice pour les victimes d'un incendie qui s'est déclaré lors d'un mariage dans le nord de l'Irak, faisant au moins une centaine de morts.
La cause de l'incendie survenu mardi soir dans la ville de Qaraqosh, majoritairement chrétienne, n'est pour l'heure pas connue, mais les premiers rapports suggèrent que des feux d'artifice ont provoqué un incendie à l'intérieur de la salle de réception bondée, qui s'est rapidement propagé en raison de matériaux de construction « hautement inflammables ».
Certains internautes ont accusé un membre de la Brigade de Babylone, une milice chrétienne chaldéenne pro-iranienne dirigée par Rayan al-Kildani et qui opère principalement dans le nord de l'Irak, d'être le propriétaire de la salle où l'incendie a eu lieu.
La Brigade de Babylone fait partie des Unités de mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi), une coalition d'une soixantaine de milices armées et financées par l'Iran, formée en 2014 pour lutter contre le groupe terroriste État islamique. Elle compte quelque 300 ou 400 membres, majoritairement chiites, selon Michael Knights, chercheur au Washington Institute.
La responsable du média en ligne Iraqi News, Heba Naeb, a écrit sur « X » (ex-Twitter) mercredi en s'adressant à la Brigade de Babylone : « Au lieu d'exprimer des condoléances et des slogans creux, allez vérifier vos projets ratés (...). Nous en avons assez des promesses et de l'exploitation des malheurs des gens à des fins politiques et électorales. »
Chams Bachir, une créatrice de contenu YouTube, écrit quant à elle que les premières enquêtes révèlent que les causes de la catastrophe sont principalement liées à la violation des règles de sécurité dans le hall : « L'incendie a entraîné l'effondrement de certaines parties de la salle en raison de l'utilisation de matériaux de construction hautement inflammables qui s'effondrent en quelques minutes lorsque le feu se déclare... la salle ne disposait pas non plus d'équipement d'extinction du feu, ce qui a entraîné la progression des flammes... Les propriétaires seront-ils tenus pour responsables ou échapperont-ils (à leurs responsabilités) simplement parce qu'ils sont membres de la Brigade de Babylone ? » lance-t-elle.
Le gouverneur de Ninive, Najm al-Jubouri, a décrété un deuil d'une semaine à la suite du drame.
« Pas de reddition de comptes »
Un autre internaute a écrit qu' « une déclaration de deuil pour les âmes des personnes qui sont mortes à cause de leur corruption » n'est pas suffisante tant que « personne n'est tenu responsable (...) parce que ceux qui possèdent ces lieux sont des personnalités affiliées aux milices des partis au pouvoir ».
« Une tragédie douloureuse est arrivée à nos enfants dans le district d'al-Hamdaniya à la suite de l'incendie qui s'est produit lors d'une réunion de mariage. Nous insistons sur la nécessité d'ouvrir une enquête, de déterminer les circonstances de l'accident et de prendre toutes les mesures de sécurité pour éviter qu'il ne se reproduise. Nous présentons nos plus sincères condoléances aux familles des victimes et souhaitons un prompt rétablissement aux blessés », a publié de son côté le président irakien, Abdellatif Rashid, sur « X ».
Moustafa al-Dulaimi, un activiste irakien, a posté une vidéo d'une femme et de son frère essayant de retrouver les restes de leur mère dans le hall, dont ils n'ont pu trouver qu'une partie de la robe. « C'est un désastre dans tous les sens du terme », a-t-il déploré.
Présentant ses condoléances, Imad al-Chimry, un chercheur irakien, estime que « c'est comme s'il était interdit de se réjouir dans ce pays ».
Les normes de sécurité dans le secteur de la construction en Irak sont souvent ignorées et l'infrastructure du pays a été dévastée par des décennies de conflit, rappelle l'AFP.
En juillet 2021, un incendie dans l'unité Covid d'un hôpital du sud de l'Irak avait causé la mort de plus de 60 personnes. En avril de la même année, l'explosion de réservoirs d'oxygène avait déclenché un incendie dans un hôpital de Bagdad, faisant plus de 80 morts.
Comme de nombreuses villes chrétiennes des plaines de Ninive, au nord-est de Mossoul, Qaraqosh a été saccagée par les jihadistes du groupe État islamique en 2014. Qaraqosh et ses églises ont été lentement reconstruites après l'éviction du groupe en 2017 et le pape François a visité la ville en mars 2021.