Lors de « presque tous » les incendies survenus durant l'été, le pompier volontaire Khaled Taleb a trouvé des restes carbonisés de tortues, trop lentes pour fuir les flammes qui calcinent rapidement les broussailles sèches.
M. Taleb, qui a cofondé une équipe de lutte contre les incendies dans les zones rurales du Akkar (Liban-Nord), a estimé que l'équipe a trouvé environ 40 tortues brûlées dans les incendies de cette année et n'a pu sauver que trois d'entre elles. « Les autres ont complètement brûlé ».
Guide et amateur d'activités en plein air au sein de l'association des Sentiers du Akkar, Khaled Taleb dirige également un groupe de pompiers volontaires pour lutter contre l'aggravation du problème des incendies de forêt dans les régions densément boisées de l'extrême nord du Liban.
Sur certaines des photos prises par M. Taleb l'été dernier, une petite Testudo graeca - également connue sous le nom de tortue grecque ou tortue commune - apparaît noircie et recouverte de cendres, sa tête et ses bras pendant de sa carapace. Sur un autre cliché, deux tortues s'appuient l'une contre l'autre, dans un dernier moment avant qu'elles ne meurent dans un incendie estival.
Animaux menacés
La tortue grecque est considérée comme une « espèce vulnérable », ce qui signifie qu'elle pourrait s'éteindre si les menaces qui pèsent sur son environnement ne sont pas combattues, selon la « liste rouge » des animaux en péril de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). « Tous les animaux ne peuvent pas fuir les incendies », reprend M. Taleb. « Ces incendies affectent toutes sortes de flore et de faune et sont dangereux pour l'ensemble de la région. « Dans presque tous les incendies de cette période récente, nous retrouvons des tortues mortes », a-t-il ajouté. « La plupart des gens ne s'en soucient guère. Ils s'intéressent aux arbres et à d'autres choses. »
Hatem Alfahel, un autre pompier volontaire, affirme de son côté que le sauvetage de la faune affectée par les incendies est une priorité. Se décrivant comme un amoureux des animaux, il travaille avec l'association des Sentiers du Akkar et à titre individuel pour s'occuper des animaux errants et blessés, y compris des chacals et des tortues.
Il estime que ce été, la saison des feux a causé « plus de tortues brûlées que n'importe quelle autre année », car les changements climatiques entraînent des températures plus élevées et des zones plus denses de broussailles sèches, propices aux incendies.
« Nous essayons de les éloigner du feu, comme d'autres animaux », explique-t-il. « Si la tortue va bien, nous la mettons en lieu sûr ». Mais il est plus difficile de trouver un traitement pour les tortues blessées. Selon Michel Sawan, fondateur d'un centre de réhabilitation pour animaux dans le Nord, aucune ONG ne soigne les tortues au Akkar, seuls des vétérinaires privés s'en chargent. Son centre, l'Association libanaise pour les oiseaux migrateurs, ne s'occupe pour l'instant que des oiseaux, proies des chasseurs.
Lorsque Khaled Taleb et son équipe découvrent d'autres espèces brûlées par les incendies, ils demandent aux vétérinaires de la région s'ils peuvent les soigner. Pourtant, a-t-il poursuivi, la plupart des tortues n'arrivent pas jusqu'au vétérinaire ; soit elles survivent aux incendies avec des blessures légères et sont transportées dans un endroit sûr, loin du brasier, soit elles périssent à cause de brûlures plus graves.
Le changement climatique alimente les incendies
Cet été, des records de température ont été enregistrés dans le monde entier. Pour faire face aux risques d'incendie liés à cette hausse du thermomètre, le ministère de l'Environnement se coordonne avec les municipalités et des groupes locaux pour encourager le désherbage et lutter contre les feux de forêt, notamment en fournissant des fonds d'urgence au cas par cas pour les équipes de lutte contre les incendies.
Malgré ces précautions, ces dernières semaines, le Liban a été le théâtre d'incendies quasi quotidiens, en particulier dans le Akkar, où le manque de financement public et d'équipement de la Défense civile a poussé des groupes de volontaires à intervenir pour apporter leur aide.
La photo représentant deux tortues carbonisées dans leur dernière étreinte est déchirante. Les tortues sont-elles capables d’amour? On dirait que la première tente de protéger la seconde de son corps. Quelle tragédie que ces feux de forêts. Un énorme merci à M Taleb et à tous ceux qui se battent pour préserver notre pays. Vous êtes de véritables héros!
23 h 45, le 25 septembre 2023