Depuis qu’il s’est étalé dans ses multiples tentatives de jouer les chefs d’orchestre, Istiz Nabeuh frétille d’impatience en attendant le mois d’octobre. Ce sera alors Byzance, dit-on, pour ce brave homme qui espère jouer les maîtres de cérémonie. Quoi de plus vivifiant en effet dans un pays à la ramasse, tombé en dessous du niveau de la mer où des benêts continuent de forer dans l’espoir de trouver des fossiles gazeux, que de venir dresser une table pour les indigènes communautaires ?
Dire qu’on le taxait d’immobilisme, l’Ancêtre ! On se rend compte aujourd’hui que c’était injuste, au regard de la vitesse à laquelle il tournoie depuis que l’opposition a fait un doigt à sa proposition de dialogue. Véritable homme-latex de la République, le vicomte de Aïn el-Tiné a été tour à tour un pauvre déshérité pro-rien, puis en modifiant le suffixe, un riche héritier pro-syrien, avant de fructifier l’héritage avec les Iraniens et prendre durablement racine sur le haut du perchoir de la Hraouie, la Lahoudie, la Sleimanie, puis la Aounie…
Après avoir navigué quelque peu dans les eaux polluées de l’administration où il a fourgué la quasi-totalité de ses larbins, Istiz Nabeuh a fini par trouver la recette miracle : se calfeutrer sous l’ombrelle du Sayed Barbu en attendant une hypothétique entourloupe qatarie pour que présidentielle se passe. Mais tiens, fume ! L’Homme des cavernes ne veut pas entendre parler de l’Homme des casernes et continue de s’accrocher à son Franju du Nord. Alors forcément, on comprend que le vieux canasson du législatif se torture le chapelet de plaisance à chaque fois qu’on essaye de lui faire lire dans sa boule de cristal si bientôt il y aura ou non un nouveau chef de l’État.
Pour l’heure, notre ami se prend à rêver de sa table de dialogue supposée porter toutes les espérances. Celles des grincheux comme celles des niaiseux. Il y emmènera les poids lourds de la République, leur demandera pour la énième fois de prendre la pose autour d’une planche, ornée d’une jolie nappe brodée, sur laquelle il posera délicatement un petit drapeau rouge et blanc frappé d’un buisson vert. Sans même se rendre compte qu’en guise de poids lourds, ses invités sont de vrais boulets qui tirent le pays vers le bas.
Comme ce n’est pas demain la veille que ce mobilier branlant accouchera d’un président, les réformes économiques attendront. L’État téléphoniste, électricien et marchand d’essence, les ministères transformés en bureaux de placement, la truellée d’instituteurs ignares à l’Éducation nationale, l’administration publique gangrenée par des fonctionnaires planqués avec des salaires de misère appelant la corruption… Le tout dans des horaires de Club Med : pas même 8 heures de turbin par semaine, pour un pays endetté jusqu’au trognon.
Mais restons zen : entre une présidentielle insoluble et une économie qui se dissout, les Libanais ont tous les motifs d’être optimistes… quant à l’avenir du pessimisme.
gabynasr@lorientlejour.com
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Mr. Berry ne voit pas que le Liban est devenu l’enfer de Dante
Eleni Caridopoulou
20 h 32, le 22 septembre 2023