Donner un sens à sa vie. Ce sens est variable d’une personne à une autre : certains le trouvent dans la réussite d’une vie professionnelle, d’autres dans celle d’une vie matérielle, d’autres dans la réussite de leurs enfants…
Il me semble que le sens d’une vie parmi les plus nobles est de donner sa vie ou sa liberté pour défendre un idéal. Ce sens de la vie se transmet aux autres et aux générations futures. C’est le cas du sens du sacrifice de Jésus-Christ ou de l’assassinat de Gandhi. C’est aussi le cas de Bachir Gemayel, des martyrs de la guerre, de Gebran Tueni, de Samir Kassir et d’autres. De même, certains préfèrent perdre leur liberté que trahir leurs convictions : c’est le cas de Samir Geagea et Nelson Mandela. La vie et la liberté sont deux éléments essentiels chez l’homme qui touchent le fond de l’âme humaine. Certains critiquent l’action de certains de ces hommes, mais sont-ils capables de fournir le même sacrifice ? Devant un tel sacrifice, il est malvenu de critiquer ou de commenter leurs actions. Il faut respecter ces sacrifices, garder le silence et méditer. Car seule l’histoire jugera l’impact que ces sacrifices auront sur l’inconscient collectif d’une communauté. Ce sens de la vie traverse le cadre de la vie individuelle pour marquer le sens de vie d’un groupe, d’une communauté, d’un peuple et des générations futures. Il devient un exemple.
Dans un Moyen-Orient écrasé par les dictatures et incapable de respecter les droits des minorités, les jeunes chrétiens du Liban doivent s’attendre à d’autres combats et d’autres sacrifices pour défendre leur liberté. Cette liberté, ils peuvent la perdre par une diminution conséquente de leur démographie ou par lâcheté ou en vendant leurs âmes au diable. C’est à eux de nourrir leur sens de la vie en protégeant l’héritage des générations précédentes. Il y va de leur responsabilité. Il ne s’agit pas d’occuper d’autres territoires ou de brimer d’autres peuples, il ne s’agit pas d’imposer sa culture ; il s’agit de défendre sa liberté, simplement, mais sans équivoque ni marchandage. Ils doivent bien connaître leur histoire pour bien préparer l’avenir. Comprendre le pourquoi des sacrifices et le cheminement historique des chrétiens du Liban. Comprendre pourquoi ils sont si attachés à la liberté. À quoi cela sert-il, si ce sens de la vie, fait de sacrifices, n’est pas repris par les jeunes et par les générations futures ? C’est condamner à la mort une seconde fois tous ces personnages nommés ci-
dessus. C’est une traîtrise historique, et qui osera le faire et s’engouffrer ainsi dans la poubelle de l’histoire ? Comprendre, c’est aussi donner un sens à sa vie.
Garder la mémoire, c’est aussi donner un sens à sa vie. Ne pas oublier, ne pas subir et rester libre.
Donner un sens à la vie, individuel mais aussi collectif, et puis mourir. Ce sens traverse la vie mais aussi la mort.
Chirurgien et diplômé en histoire
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