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Économie - Banque du LIban

Le Liban a dépensé la quasi-totalité du milliard que lui a alloué le FMI

Les réserves nettes de la BDL ont reculé de 84 millions de dollars sur l'ensemble du mois dernier.

Le Liban a dépensé la quasi-totalité du milliard que lui a alloué le FMI

Le siège de la Banque du Liban (BDL), à Beyrouth. Photo Mohammad Yassine

La Banque du Liban (BDL) a publié lundi le détail de la position de ses réserves de devises à fin août, conformément aux décisions prises par son gouverneur par intérim, Wassim Manssouri, depuis le 31 juillet, en place faute de successeur de plein droit désigné pour prendre la relève de Riad Salamé.

Deux enseignements sont à retenir de ce nouveau bulletin communiquant la marge d’intervention qui reste à la banque centrale dans un pays en crise depuis 4 ans sans perspective d’amélioration durable de sa situation :

• D’une part, les réserves nettes, soit la différence entre les réserves utilisables et les engagements de la BDL, ont encore reculé en 15 jours. Avec 22 millions de moins, elles atteignaient 7,219 milliards au 31 août dernier (-0,30 %) En un mois, la baisse est de 84 millions (-1,15 %).

• D’autre part, le solde des Droits de tirage spéciaux (DTS ou Special Drawing Rights en anglais) alloués en septembre 2021 par le Fonds monétaire international (FMI), soit au moment de la formation du gouvernement actuel présidé de Nagib Mikati, a fondu de 49 millions de dollars en 15 jours alors qu’il n’avait pas évolué lors de la quinzaine précédente.

Sur le 1,135 milliard de dollars initialement versés au Liban dans le cadre d’un mécanisme qui n’a aucun lien avec un quelconque programme d’assistance financière, il ne reste plus que 76 millions de dollars. La BDL n’a pas précisé comment cette enveloppe, qu’elle dissocie du reste de ses réserves, avait été dépensée vu qu’elle laisse cette décision à la discrétion du gouvernement.

Le gouvernement, qui a notamment fait annuler des livraisons de carburant à Électricité du Liban (EDL) n’a pas, non plus, communiqué sur la façon dont il avait utilisé cet argent. Selon le quotidien Asharq al-Awsat, il aurait même dépensé l’ensemble de l’enveloppe des DTS en septembre en finançant les subventions au secteur de l’électricité, ainsi que les importations de blé et de médicaments. Une réalité qui devrait transparaître dans les prochains communiqués de la BDL sur l’état de ses réserves.

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Réserves de devises

Au niveau de ses réserves utilisables de devises, la BDL disposait ainsi au 15 août dernier d’un total de 8,498 milliards de dollars, soit une baisse de 44 millions de dollars en 15 jours (-0,52 %).

Contrairement à ce qu’elle avait fait lors de son précédent communiqué, la BDL n’a pas donné d’explication sur la baisse enregistrée mais a simplement indiqué qu’elle continuait de limiter l’usage de ses réserves au financement du mécanisme de sa circulaire n° 158.

Ce texte, publié le 8 juin 2021, autorise chaque mois des bénéficiaires sélectionnés, selon des modalités précises, à retirer de 300 ou à 400 dollars « frais » des comptes dont l’accès a été limité par des restrictions adoptées sans couverture légale par les banques depuis le début de la crise.

Le mécanisme a été actualisé vendredi dernier via la circulaire intermédiaire n° 678. Selon un dirigeant de banque, la nouvelle modification permet aux déposants qui activent le mécanisme une nouvelle fois – dont pour un autre compte à solder – de retirer 400 dollars chaque mois au lieu de 300, comme c’était le cas depuis la précédente modification effectuée cet été.

Les 8,498 milliards de dollars de réserves se décomposent ainsi :

• 1,53 milliard de dollars de liquidités disponibles (cash on hand), une somme qui n’a pas évolué depuis le 31 juillet ;

• 3,238 milliards de dollars sur des comptes courants (-59 millions ou -1,8 % en 15 jours) ;

• 3,499 milliards de dépôts à terme (-9 millions ou -0,26 %) ;

• Et 216 millions équivalents à la valeur mobilière de titres financiers internationaux (+24 millions, +11,1 %).

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Engagements en dollars

Comme à son habitude, la BDL communique aussi le montant de ses engagements en cours au 31 août et qu’il faut déduire de celui des réserves pour obtenir le solde net que l’institution peut utiliser dans le cadre de sa politique monétaire.

Ces engagements ont légèrement reculé en 15 jours (-1,7 %) avec 22 millions de dollars de moins et un total à 1,279 milliard. En excluant les DTS, le reste de cet enveloppe est composé de :

• 328 millions de dollars provisionnant des comptes en dollars « frais » ouverts au bénéfice du secteur public (+23 millions, +7,5 % en 15 jours) ;

• 14 millions provisionnant des comptes en dollars « frais » ouverts au bénéfice du « secteur bancaire » et qui servent à la compensation des transactions bancaires en cours en devises (+5 millions ; +55,6 %) ;

• 95 millions provisionnant des lettres de crédit assumées par la BDL (-1 million, -1 %) ;

• 660 millions liés à des prêts à long terme et assortis d’intérêts contractés auprès de « parties arabes » (inchangé) ;

• Enfin, 106 millions de dollars provisionnant des dépôts effectués par des entités « arabes », institutions et États notamment (inchangé).

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Repli de la valeur des eurobonds

À ce montant s’ajoute celui du portefeuille d’eurobonds (obligations d’État libanaises en dollars), soit « 5,212 milliards de dollars », dont la valeur de marché était estimée au 15 août à 413 millions de dollars, soit 7,9 % de leur valeur de base.

Cette valeur de marché, qui avait enregistré une nette hausse lors de la première quinzaine d’août, a perdu du terrain sur le reste du mois (-8,8 % ou -2,1 %), traduisant l’effritement du léger optimisme affiché par les investisseurs potentiels depuis la prise de fonction de Wassim Manssouri, les dirigeants n’étant toujours pas passés à la vitesse supérieure pour mettre en œuvre les réformes que le Fonds monétaire international leur demande.

La valeur des eurobonds sur le marché secondaire risque de continuer de baisser lors de la première quinzaine de septembre, compte tenu du constat sévère établi par la délégation du Fonds venue la semaine dernière à Beyrouth pour actualiser son évaluation du pays.

Pour rappel, les eurobonds sont placés dans la colonne des réserves de devises, mais la BDL ne les additionne pas au reste des réserves de change. Leur valeur reste hypothétique vu que l'État libanais n’a toujours pas entamé le processus de restructuration de ses obligations en devises sur lesquelles il a fait défaut en mars 2020.

La BDL n’a toujours pas inclus l’or dans ses publications bi-mensuelles. Il totalisait près de 18 milliards de dollars à fin août selon la valeur de marché pour des quantités a priori inchangées, d’après les plus récentes données de la BDL relayées par le Lebanon This Week de la Byblos Bank.

La Banque du Liban (BDL) a publié lundi le détail de la position de ses réserves de devises à fin août, conformément aux décisions prises par son gouverneur par intérim, Wassim Manssouri, depuis le 31 juillet, en place faute de successeur de plein droit désigné pour prendre la relève de Riad Salamé.Deux enseignements sont à retenir de ce nouveau bulletin communiquant la marge...

commentaires (9)

Il serait plus judicieux de dire, les politichiens libanais ont dépensé des milliards et non le Liban. Ils se servent sans compter pendant que le peuple croule sous les dettes et manque de tout. Ça vous rappelle un autre pays? Quand au FMI, comment une institution mondiale peut continuer à se faire avoir par une bande de mafieux sans jamais demander son reste? Étonnant non?

Sissi zayyat

10 h 19, le 20 septembre 2023

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Commentaires (9)

  • Il serait plus judicieux de dire, les politichiens libanais ont dépensé des milliards et non le Liban. Ils se servent sans compter pendant que le peuple croule sous les dettes et manque de tout. Ça vous rappelle un autre pays? Quand au FMI, comment une institution mondiale peut continuer à se faire avoir par une bande de mafieux sans jamais demander son reste? Étonnant non?

    Sissi zayyat

    10 h 19, le 20 septembre 2023

  • BAL3ETON EL BELOU3A !

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 05, le 19 septembre 2023

  • Le gouvernement Mikati demeure le pire gouvernement qu’on a eu. Mikati est aussi nul que Hassane Diab

    Lecteur excédé par la censure

    12 h 40, le 19 septembre 2023

  • Le Liban a dépensé la quasi-totalité des dépôts bancaires ! A travers une classe politique qui mérite le fouet et la prison à vie !

    LeRougeEtLeNoir

    09 h 34, le 19 septembre 2023

  • Comment une institution comme le FMI donne comme ça de l’argent à des bandits sans demander des comptes précis.

    RIGA Pavla

    07 h 32, le 19 septembre 2023

  • La corruption se poursuit. "Business as usual".

    Michel Trad

    01 h 17, le 19 septembre 2023

  • Il ne semble pas que Mansouri est plus transparent que Salamé. Les dollars captés du tourisme sont mis de côté pour payer en dollars les centaines de milliers de fonctionnaires qui de plus en plus diminuent leur travail et se limitent à 2 jours par semaine. Après avoir dépensé plus d'un milliard du FMI, on craint le pire pour la stabilité monétaire des derniers mois. Blomberg , c'est beau comme nom, mais, pas de miracles.

    Esber

    16 h 24, le 18 septembre 2023

  • Quoiqu’on en dise. Ce monsieur mérite amplement d’être 100. %. gouverneur de la BDL. Non seulement l’interim…Il joue la totale transparence auprès des libanais mettant en évidence la totale indifférence de la classe gouvernante qui ne fait rien pour commencer les réformes requises et nécessaires. Avec l’ex gouverneur, c’était le flou total et personne ne savait ce qui se passait. Reste maintenant aux vieux croutons de la classe gouvernante de commencer à réformer AU MOINS, le secteur économique, financier et bancaire… est-ce trop demandé pour des députés qui encaissent leurs salaires sans rien faire de concret autre que de créer diverses « commissions parlementaires d’études «  en d’autres termes enterrer des projets et les oublier dans les tiroirs de ces commissions parlementaires ou pondre des déclarations creuses sans suite concrète. ( ceci concerne la soi disant opposition et ceux aux manettes. Ils partagent la même responsabilité. ) aujourd’hui ils ne font rien sous prétexte que pas de président de la république. Une fois le président nommé… ? ca sera « faute de gouvernement » une fois le gouvernement nommé… ? ca sera « faute de quorum » etc… FOUTAGE DE GUEULE !!!!

    LE FRANCOPHONE

    14 h 30, le 18 septembre 2023

  • On ne dit pas "le Liban a dépensé...", mais "le Liban a gaspillé...", capice?

    Gros Gnon

    14 h 28, le 18 septembre 2023

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