Le Fonds monétaire international (FMI) a de nouveau épinglé le Liban vendredi pour l’incapacité de ses dirigeants à mettre en œuvre les réformes nécessaires au déblocage des aides internationales, saluant néanmoins les changements opérés par le gouverneur par intérim de la Banque du Liban Wassim Manssouri.
« Le Liban n’a pas entrepris les réformes urgentes réclamées, ce qui pèsera sur l’économie dans les années à venir », a déclaré Ernesto Ramirez Rigo, qui dirigeait une délégation de l’institution financière internationale, au terme d’une visite à Beyrouth. « L’absence de volonté politique de prendre des décisions difficiles, mais essentielles, pour lancer des réformes fait que le Liban a un secteur bancaire affaibli, des services publics inadéquats, des infrastructures qui se détériorent, des conditions de pauvreté et de chômage qui s’aggravent et un écart de revenus qui continue de se creuser », a-t-il ajouté.
Le Liban est en proie à une crise économique sans précédent qui a plongé depuis 2019 la majorité de la population sous le seuil de pauvreté, selon l’ONU. En avril 2022, le pays a conclu un accord de principe avec le FMI pour un prêt de trois milliards de dollars échelonné sur quatre ans, mais depuis, les autorités n’ont pas mis en œuvre les changements substantiels prérequis.
Suppression de Sayrafa
En ce qui concerne la Banque du Liban et ses récents changements de politique lancés par le gouverneur par intérim Wassim Manssouri, le FMI a salué « une bonne première étape », mais rappelé qu’une « solution permanente » doit être mise en place, ce qui requiert des « décisions exhaustives ».
M. Ramirez a notamment relevé que « supprimer progressivement la plateforme Sayrafa, mettre en place une plateforme de négociation de devises réputée et transparente, mettre fin aux prélèvements sur les réserves de devises, limiter le financement monétaire et améliorer la transparence financière sont des pas dans la bonne direction » et constituaient des avancées positives. Selon M. Ramirez, « sur la base de ces progrès, il est maintenant possible de procéder à des réformes globales pour renforcer la gouvernance, la comptabilité et les opérations de change de la BDL, conformément aux meilleures pratiques internationales ». Il a aussi affirmé que « tous les taux de change officiels devraient être unifiés au taux de change du marché ».
Le gouvernement sortant avait approuvé la semaine dernière le remplacement de la plateforme de change Sayrafa initiée par la BDL par un autre instrument opéré par le groupe financier américain et agence d’informations économiques et financières, Bloomberg LP. Les autorités espèrent imposer cette nouvelle plateforme comme seule référence du taux de change entre une livre libanaise fortement dépréciée et le dollar, un objectif que Sayrafa n’a jamais rempli en trois ans d’existence.
Mais les mesures prises par la Banque du Liban « devraient être soutenues provisoirement par une loi sur les restrictions en matière de capital et de retrait, et complétées par une action politique du gouvernement et du Parlement », a-t-il ajouté, précisant qu’il fallait « reconnaître les pertes et faire progresser la restructuration des banques ». Il a regretté que « les amendements à la loi sur le secret bancaire, le projet de loi sur le contrôle des capitaux et le retrait des dépôts attendent toujours l’approbation du Parlement ».
Hausse du tourisme
Le FMI a en outre relevé « une hausse saisonnière du tourisme qui a accru les entrées de liquidités étrangères ». Les touristes sont principalement des Libanais de la diaspora qui sont rentrés chez eux pour les vacances d’été. Il a cependant mis en garde contre toute « complaisance » et à ne pas penser que « l’économie a commencé à rebondir ».
« Les recettes du tourisme et les envois de fonds sont bien en deçà de ce qui est nécessaire » pour maintenir l’économie à flot, a-t-il averti.
« Le gouvernement doit mettre en œuvre une stratégie budgétaire cohérente, a affirmé M. Ramirez. Le budget 2023 reste incomplet (...) il ne reflète pas avec précision l’ampleur réelle du déficit. » Pour lui, « le projet de budget 2024 devrait veiller à être cohérent avec le processus d’unification du taux de change lancé par la BDL et à éviter le traitement préférentiel de certains contribuables par rapport à d’autres ».
Enfin, le responsable du FMI a souligné que son équipe « se tient prête à continuer à soutenir les autorités libanaises avec des conseils et une assistance technique », et a prévu que « les prochaines discussions auront lieu au premier semestre 2024 pour faire le point sur les progrès accomplis en matière de réformes et de politiques-clés ».
De son côté, le ministre sortant des Finances, Youssef Khalil, a affirmé que « les déclarations du FMI correspondent précisément à la réalité financière, monétaire et économique actuelle ». « Cette évaluation s'aligne parfaitement sur la vision du ministère des Finances et concorde avec les mesures entreprises, telles qu'elles ont été intégrées aux budgets successifs des années 2022, 2023 et 2024 » a-t-il ajouté. M. Khalil a estimé que « les observations concernant la nécessité de poursuivre les réformes confirment l'opinion selon laquelle ce qu'a fait le ministère doit être complété par des réformes structurelles urgentes », déplorant que cela est entravé par « la situation politique complexe ». Depuis le début de la vacance présidentielle, fin octobre 2022, le Parlement ne s'est réuni que rarement pour des séances législatives, sur fond de l'opposition de certaines parties à organiser de telles réunions tant qu'un nouveau chef de l'État n'est pas élu.
Le FMI se verrait vite déchanté. Elle n’a qu’à creuser un peu plus loin pour voir que tout repose sur des bla-bla assaisonné au la sauce libanaise concoctée par des mafieux qui transforment un coq en un âne, ni vu ni connu par le commun des mortels qui n’ont jamais droit au chapitre de leur potion magique. Le FMI salue les changement? Vraiment? De quoi parle t-on?
11 h 14, le 18 septembre 2023