Nouveau cessez-le-feu à Aïn el-Héloué

Un accord de cessez-le-feu a été conclu jeudi à Aïn el-Héloué, à l'issue d'une journée de concertations entreprises par le président du Parlement Nabih Berry, pour mettre fin aux affrontements dans ce camp palestinien du Liban-Sud qui ont fait plus d'une quinzaine de morts en une semaine. Le cessez-le-feu est entré en vigueur à 18h et depuis, les armes se sont tues dans le camp, selon notre correspondant dans la région Mountasser Abdallah et l'Agence nationale d'information (ANI, officielle).

Avant cette annonce, le chef du Législatif s'était entretenu à Aïn el-Tiné avec le vice-président du Hamas, Moussa Abou Marzouk, dépêché au Liban pour tenter de gérer la situation. A l'issue de la réunion, ce dernier a condamné les accrochages et appelé à un cessez-le-feu. « Nous avons promis à M. Berry que nous ferions de notre mieux pour obtenir la sécurité, la justice et la remise des suspects », a ajouté le responsable palestinien. Le président de la Chambre s'est aussi réuni avec Azzam el-Ahmad, membre du comité central du Fateh en présence de l'ambassadeur palestinien à Beyrouth, Achraf Dabbour. « J'espère vraiment que le cessez-le-feu sera respecté et que les écoles seront évacuées afin que les écoliers du camp puissent reprendre les cours », a déclaré M. Azzam affirmant vouloir aider l'Unrwa à « restaurer les établissements endommagés ». « Nous sommes prêts à aider et à coopérer avec l'État libanais, avec toutes ses institutions, pour lui livrer les criminels afin qu'ils soient jugés devant la justice. Cette terre est libanaise, et le crime a été commis au Liban (...) et tout le monde est soumis à la loi libanaise. »

De son côté, le président du conseil municipal de Saïda, Hazem Khodr Badih, a exprimé l'espoir lors d'une réunion du conseil municipal que « la situation dans le camp de Aïn el-Héloué se stabilisera de manière durable ».

18 morts et des centaines de blessés

Après une semaine de violences, le bilan des affrontements dans le camp de réfugiés de Aïn el-Héloué s'est alourdi à au moins 18 morts. Rien que sur les dernières heures de mercredi, sept personnes sont décédées, selon le chef du Croissant-Rouge palestinien, Riad Abou el-Inen. Jeudi, le mouvement Fateh a enterré cinq de ses combattants tués mercredi.

Contacté par notre correspondant au Liban-Sud, le directeur de l'hôpital al-Hamchari, situé à 500 mètres du camp, a révélé que son établissement à lui seul « a pris en charge 30 dépouilles de victimes tuées lors des affrontements survenus dans le camp entre le 30 juillet et le 14 septembre ». L'hôpital a également traité 205 blessés.

Plus d'une centaine de personnes restent en outre hospitalisées dans les différents établissements de la ville. Des munitions lourdes telles que des RPG et des armes automatiques ont été utilisées mercredi soir à Aïn el-Héloué, a déclaré une source du camp à L'Orient-Le Jour. La source a ajouté que certains des résidents qui ont été forcés de se déplacer à cause des affrontements ne trouvent pas d'endroit où se loger.

Tournée de Joseph Aoun

Une source impliquée dans les négociations entre les différentes parties belligérantes a en outre affirmé à L'Orient-Le Jour que le commandant en chef de l'armée libanaise, Joseph Aoun, s'était rendu à Saïda dans la matinée pour une « tournée d'inspection ». L'information a été confirmée par un bref communiqué de la troupe, qui précise que le commandant en chef a « rencontré des militaires » déployés dans la grande ville du Sud.

Jeudi également, Moussa Abou Marzouk, s'est entretenu avec le général Tony Kahwagi qui est à la tête des services de renseignements de l’armée libanaise. Dans un communiqué diffusé à l'issue de la rencontre, le Hamas a indiqué avoir « salué le rôle de l'armée, des renseignements militaires et de toutes les institutions de l'État libanais dans la réalisation de la sécurité et de la stabilité dans les camps palestiniens au Liban ». Le mouvement a également souligné « la nécessité de poursuivre tous les efforts politiques et sécuritaires pour stabiliser le cessez-le-feu ».

Dans la matinée, le Front palestinien pour la libération de la Palestine a publié un communiqué appelant au « respect total du cessez-le-feu et à l'application de toutes les conditions convenues par le Comité palestinien mixte de travail au Liban ».

Cette reprise violente des combats avait eu lieu malgré un cessez-le-feu a été annoncé mercredi à l'aube à l'issue d'une réunion convoquée sous l'égide de la Sûreté générale libanaise et a été renforcé par une déclaration commune du Hamas et du Fateh, mais qui n'a pas tenu plus de 24 heures.

Mercredi soir, le bâtiment où vit le député et secrétaire général de l'Organisation populaire nassérienne Oussama Saad a été touché par une balle perdue, qui a endommagé une fenêtre, selon son bureau de presse. L'étage où la balle a atterri est habité par le fils du parlementaire, Maarouf Saad. Ce dernier n'a pas été blessé.

De premiers affrontements entre le Fateh et les groupes islamistes avaient éclaté dans le camp à la fin du mois de juillet après l'assassinat d'un cadre sécuritaire du camp, affilié au Fateh. Après une semaine de combats, un cessez-le-feu avait tenu jusqu'à jeudi dernier, malgré des tensions dues à la présence de combattants de factions rivales dans les écoles du camp.