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Nos Lecteurs ont la Parole

Pourtant, lire des livres délivre !

Des classiques aux plumes plus téméraires et exacerbées, quelle enrichissante et ensorcelante passion que la lecture, et quelle triste vieillesse pour celui qui n’a pas encore appris à savourer les délices de cette ivresse !

Bien entendu, parcourir un bouquin, le tenir en main, le palper, sentir l’odeur du papier, souligner au crayon des passages, border l’arrêt d’un marque-page est bien plus délicieux, plus cérémonial que de lire impersonnellement des lignes en digital. Seulement, voilà le bémol : épicéas, pins parasols, charmes, trembles, chênes et oliviers constituent les ingrédients de base de la pâte à papier. Pas étonnant donc que les livres s’enracinent en bosquets à côté de votre lit, en haies de guirlandes le long de vos murs, tapissent escaliers et paliers en colimaçon ou espaliers, fassent germer dans votre esprit un foisonnement d’idées, ou certains à qui vous attribuez des vocations de fortune ou impensées finissent en cale-porte, presse-papier ou repose-pied devant le pare-feu d’une cheminée...

En cette période de remise de prix littéraires, où chaque juré du Goncourt aura dû avant de le décerner lire deux cent cinquante volumes, au lieu d’adresser une pensée reconnaissante à la Chine du deuxième siècle avant notre ère, première civilisation à fabriquer le papier à partir des fibres du mûrier, ou à monsieur Gutenberg, génial imprimeur à qui le monde doit sa sortie de l’obscurantisme, c’est plutôt une protestation véhémente et écologique qui me pousserait à pleurer tous ces arbres qu’on blesse et abat pour imprimer parfois tout et n’importe quoi.

Si seulement, à l’instar de ces merveilleux porte-oiseaux, filtre-soleil, gratte-nuages, porte-plumes qui perdent modestement leurs feuilles chaque année à l’automne, certains livres se mettaient à en faire pareil ! Hélas, ces feuilles-là sont persistantes et tenaces car jamais touchées. Alors que sont, en revanche, caduques celles si fragilisées de nos livres tant aimés !

Aux auteurs de pavés, rabâcheurs, ennuyeux, faussement psy et niais, de grâce, enchantez nos lectures de musicalité, apportez du contenu par le biais de vos feuillets, recyclez vos idées et vos papiers et allez écouter le lent hurlement d’agonie d’un arbre qui s’effondre dans une clairière ou dans une forêt. Sans doute tournerez-vous dorénavant sept fois votre plume dans l’encrier avant de vous hâter de coucher vos pensées sur papier !

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Des classiques aux plumes plus téméraires et exacerbées, quelle enrichissante et ensorcelante passion que la lecture, et quelle triste vieillesse pour celui qui n’a pas encore appris à savourer les délices de cette ivresse ! Bien entendu, parcourir un bouquin, le tenir en main, le palper, sentir l’odeur du papier, souligner au crayon des passages, border l’arrêt d’un marque-page est...
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