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Nos Lecteurs ont la Parole

« For Elyse »

Elle s’appelait Elyse, que je surnomme affectueusement « Cololo ». Une sonatine empruntée à l’enfance désigne le flux de joie, de rires à travers lesquels nos instants se roulent, se dévident et se recommencent. Elle nous a quittés le 15 août, le jour de l’Assomption, où nous célébrons à la fois la mort de la Vierge Marie, sa résurrection, son entrée au paradis et son couronnement. En ce jour de fête les portes du Ciel sont larges ouvertes, pour accueillir la Vierge Marie qui s’est élevée corps et âme à la gloire de son Fils et de tous les croyants.

Les souvenirs d’enfance que j’ai partagés avec Cololo resteront gravés dans mon cœur pour toujours. Je me souviens particulièrement des moments passés dans la maison de nos grands-parents. Ces journées étaient emplies de joie, de rires. Malgré l’asthme et ses exacerbations, son essoufflement et le serrement de sa poitrine, Cololo savait toujours comment apporter une touche de magie et d’insouciance à nos journées. L’une des images joyeuses et animées qui me revient souvent en mémoire est celle de nous, courant dans la maison des grands-parents, dans l’excitation de retrouver cet endroit qui était pour nous synonyme de bonheur et de complicité. Nous nous lancions dans des courses effrénées, cherchant à être le premier à s’asseoir sur la chaise de la table à manger, à côté du mur. Et à chaque victoire, il y avait bien sûr cette petite ritournelle que nous répétions à chaque fois en proclamant fièrement « je suis à côté du mur ! » C’était un jeu innocent, un moment ancré dans la douce folie de l’enfance et qui résumait si bien notre esprit d’enfance, une époque où les préoccupations étaient légères et où le bonheur se trouvait dans les moments simples que nous partagions, et où chaque petit jeu semblait être une grande aventure.

Cololo était le cœur battant de ces souvenirs. Malgré sa faiblesse corporelle, la dislocation de ses articulations, la raideur de son corps : un squelette peu à peu décharné, son énergie spirituelle et son sourire contagieux illuminaient nos journées. Au mépris de son essoufflement respiratoire, elle savait insuffler de l’air magique même dans les moments les plus ordinaires. C’était elle qui rendait chaque course pour la chaise mémorable, chaque déclaration joyeuse de « je suis à côté du mur ! » empreinte de notre complicité unique.

Aujourd’hui, alors que je médite à la vie qu’a vécue Cololo, je réalise combien elle incarnait l’esprit insouciant de ces moments précieux. Sa capacité à trouver la joie dans les instants peu ordinaires et difficiles de sa vie quotidienne, même dans sa souffrance lors des exacerbations, Elyse répandait l’amour autour d’elle, était un trait admirable qui ne cessera jamais de m’inspirer.

Cololo était une personne si spéciale, une âme lumineuse, sur son visage rayonnant et paisible, se lisait un sourire céleste. Le chagrin que je ressens est le reflet de l’impact qu’elle a eu sur ma vie. Les souvenirs de ces instants passés à rire, à jouer et à partager des moments uniques resteront gravés en mon esprit. Même si elle n’est plus physiquement présente, son esprit continue de vivre à travers ces moments, rappelant que la vie est un ensemble de précieuses expériences qui se construisent sur des souvenirs partagés.

En ce jour de 15 août de l’année 2023, Cololo, ta victoire est amorcée. Tu peux proclamer haut et fort ton triomphe sur la souffrance et la mort en annonçant fièrement avec des poumons bien remplis d’air « je suis à côté du mur ! » le mur de la salle à manger céleste, de la maison de notre Père, entourée des anges et des saints.

Alors que je continue à faire face à cette perte, je garde en mémoire l’héritage de bonheur et d’amour que Cololo m’a laissé. Honorer sa mémoire, c’est perpétuer cet esprit de joie et de complicité qui nous unissait. Et même si je ne pourrai plus entendre sa voix proclamer « je suis à côté du mur ! » sa présence vivra en moi chaque fois que je choisirai de célébrer les moments simples de la vie avec le même enthousiasme qu’elle avait.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Elle s’appelait Elyse, que je surnomme affectueusement « Cololo ». Une sonatine empruntée à l’enfance désigne le flux de joie, de rires à travers lesquels nos instants se roulent, se dévident et se recommencent. Elle nous a quittés le 15 août, le jour de l’Assomption, où nous célébrons à la fois la mort de la Vierge Marie, sa résurrection, son entrée au...

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