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Économie - Liban

Imbroglio autour de l'importation de carburant pour les centrales d'EDL

Le ministère de l'Énergie accuse à demi-mot ''le gouvernement, le ministère des Finances et la Banque du Liban'' d'être responsables du rationnement du courant.

Imbroglio autour de l'importation de carburant pour les centrales d'EDL

Le bâtiment d'Électricité du Liban à Beyrouth. Photo Mario Doueiry

A peine tournée la page du black-out d'électricité au Liban la semaine dernière, que la production de courant se retrouve à nouveau au centre d'un imbroglio politique et financier autour de l'importation de navires de fuel pour alimenter les centrales du fournisseur public. Un nouveau bras de fer opposant le ministre de l'Énergie Walid Fayad, un proche du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) au Premier ministre sortant Nagib Mikati, et au ministère des Finances, tenu par Youssef Khalil, proche du mouvement Amal. 

Le CPL est notoirement à couteaux tirés avec le président de la Chambre Nabih Berry, et avec M. Mikati. 

Dans un communiqué publié vendredi, le ministère de l'Énergie a ainsi appelé les personnes ''ayant des questions'' sur le rationnement du courant ''à les adresser aux autorités responsables, à savoir le gouvernement, le ministère des Finances et la banque centrale''. Le texte a accusé les ''tenants d'un autre discours'' d'induire l'opinion publique en erreur et d'avoir un parti pris envers le secteur des générateurs privés'', un marché florissant dans le pays, sur fond de coupures d'électricité récurrentes depuis des années.

Pas d'augmentation de production sans navires
Le ministère a justifié une demande de financement envoyée au ministère des Finances pour le paiement de ''58 millions de dollars'' à verser pour l'importation de carburant pour les centrales. Sans ce fuel ''la mise en oeuvre du plan pour l'électricité et l'augmentation de la production ne peuvent perdurer'', a-t-il estimé, soulignant que ce carburant est nécessaire ''en plus du fuel irakien'', obtenu via un accord récemment prorogé avec Bagdad. Le ministère a rappelé que les fonds réclamés sont normalement alloués ''à partir d'un montant de 300 millions de dollars octroyés à EDL via une décision du gouvernement publiée au Journal officiel en janvier dernier, et dont seuls 193 millions de dollars ont été utilisés jusqu'à présent, ce qui laisse 107 millions de dollars". La demande d'ouverture d'un crédit de 58 millions ''a été approuvée par le ministre des Finances, et la Banque du Liban est tenue de l'exécuter", a ajouté le ministère. 

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Une source au ministère a affirmé à L'Orient-Le Jour que ''sans les navires de fuel, la promesse de fournir 10 à 12 heures d'électricité aux Libanais est impossible à tenir."

Il convient de rappeler que le gouverneur par intérim de la banque centrale, Wassim Mansouri, s'était engagé à ne plus verser de fonds au gouvernement en l'absence d'une loi adoptée par le Parlement et prévoyant un remboursement des montants octroyés à l'État. De son côté, le Premier ministre Nagib Mikati avait déclaré à des médias locaux qu'il n'autoriserait l'ouverture d'aucune nouvelle ligne de crédit pour financer du carburant pour EDL, et reproché au ministre Fayad de ne pas lancer d'appels d'offres conformes pour l'importation de fuel. Certains médias accusaient par ailleurs le ministère de l'Énergie d'avoir importé du carburant alors que les réserves d'EDL sont actuellement à capacité. 

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La source précitée a toutefois démenti cette dernière allégation. Selon elle, ces réserves ne permettraient de fournir du courant que ''pendant deux jours, si nous voulons assurer 10 à 12h d'électricité par jour''. Elle a également expliqué que les stocks importés sont nécessaires malgré l'importation de fuel irakien, qui ne peut être utilisé en l'état et doit être échangé via un appel d'offres, au cours duquel le produit perd de sa valeur pour être ensuite livré en moindres quantités.

La réponse des Finances
Répondant aux accusations, le ministère des Finances s'est dégagé de toute responsabilité concernant les pénuries de courant et a confirmé avoir envoyé une demande d'ouverture d'un crédit de 58.877.946 dollars au bénéfice de la société Coral Energy DMCC en début de semaine dernière. ''Ainsi, il incombe au ministère de l'Énergie d'expliquer publiquement les raisons du retard actuel'' dans l'importation du carburant, a ajouté le ministère. 

L'imbroglio de vendredi est survenu suite au black-out ayant frappé plusieurs heures le Liban en milieu de semaine, après que la société Primesouth avait commencé à mettre à l'arrêt mercredi les deux centrales électriques qu'elle opère pour le compte d'EDL, à savoir celles de Deir Ammar (Liban-Nord) et Zahrani (Liban-Sud), pour protester contre l'accumulation des arriérés de paiement dus par l'État. Ces deux centrales ont ensuite recommencé à produire de l'électricité jeudi soir, moins de 24 heures après l'arrêt, suite à un accord trouvé avec le gouvernement et reposant sur l'utilisation, pour payer Primesouth, des Droits de tirage spéciaux octroyés au Liban par le Fonds monétaire international. 

Vendredi, EDL avait par ailleurs expliqué que son incapacité d'assurer ses versements était due, non pas à un manque de fonds, mais à un problème lié au mécanisme de conversion de ses recettes obtenues grâce au paiement des factures, se félicitant d'avoir pu établir un bilan financier ''sans déficit'' pour la première fois depuis des années.

A peine tournée la page du black-out d'électricité au Liban la semaine dernière, que la production de courant se retrouve à nouveau au centre d'un imbroglio politique et financier autour de l'importation de navires de fuel pour alimenter les centrales du fournisseur public. Un nouveau bras de fer opposant le ministre de l'Énergie Walid Fayad, un proche du Courant patriotique libre (CPL,...

commentaires (10)

Dans « Liban » il y a le « i » pour imbroglio

Emmanuel Durand

11 h 25, le 21 août 2023

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Commentaires (10)

  • Dans « Liban » il y a le « i » pour imbroglio

    Emmanuel Durand

    11 h 25, le 21 août 2023

  • Sachez tous que lorsque les mafieux ne tombent pas d’accords sur un projet pour alléger la souffrance des citoyens c’est que les parts partagées ne sont pas équitables aux yeux de certains. Ça n’est jamais pour cause de défaut de paiement ou de manque de sources. L’argent est là et il est partagé entre eux, à celui qui crie plus fort prêchant la vertu et la blancheur pour obtenir une part égale sous peine de les balancer. Une tactique rodée et mille fois utilisée pour faire croire à ce peuple dupe que nous sommes qu’ils sont là pour notre bien, ce pourquoi ils ont pillé notre argent pour le garder au frais pour s’en sortir eux et eux seuls en cas de coups durs qui viendraient les frapper. Ils sont devenus boulimiques à cause du flot incessant des milliards générés par ce peuple miné et exsangue qui ne demande pas son dû et se contente des restes alors que les capitaux finissent inévitablement dans les poches des mêmes mafieux indecrotables, cramponnés au pouvoir et pour cause, jusqu’à ce qu’une voix tonitruante s’élève pour les stopper par tous les moyens. La solution est entre nos mains et nous refusons de l’appliquer. Une désobéissance civile et indéterminée devrait être décidée par tous les libanais jusqu’au départ du dernier voleur au pouvoir. C’est si simple et sans risque de se retrouver éborgné ou tué. C’est surtout logique puisqu’aucun être censé ne peut payer des services au prix forts et qui ne leur sont pas fournis.

    Sissi zayyat

    11 h 56, le 20 août 2023

  • Le ministre de l’énergie nous avait promis un plan qui sortirait le Liban de ses problèmes d’électricité. A part se plaindre qu’on ne lui donne pas assez d’argent pour acheter du mazout pour les centrales il a fait quelque chose? Nous ne voyons aucune centrale se construire, aucun appel d’offre se lancer. Rien. Un ancien consultant doit bien savoir que seuls comptent les résultats. Et les siens sont loin d’être glorieux.

    K1000

    10 h 35, le 20 août 2023

  • C.EST LA QUE LES MAFIEUX SE BOUSCULENT LE PLUS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 51, le 20 août 2023

  • quand je lis « le fuel irakien, qui ne peut être utilisé en l'état et doit être échangé via un appel d'offres, au cours duquel le produit perd de sa valeur pour être ensuite livré en moindres quantités », dois-je comprendre que le fuel irakien n’est pas utilisable en l’état par les centrales électriques et doit donc subir une opération d’adaptation qui provoque des déchets importants réduisant la quantité de fuel disponible? Quant au « mécanisme de conversion des recettes » d’EDL, c’est peut-être une opération de change des livres en dollars pour payer les importations?

    Marionet

    09 h 31, le 20 août 2023

  • Il faut tout simplement dissoudre l’EdL et vendre ses installations à 1 $ symbolique. Le secteur privé se chargera de bien organiser ce secteur. Les pouvoirs publics sont beaucoup trop incompétents pour le résoudre, la preuve, ils n’ont pas su le résoudre depuis 50 ans. En tous cas le gouvernement actuel a prouvé à plus d’une reprise qu’il mérite l’oscar de la nullité

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 46, le 20 août 2023

  • Deux jours sans électricité et sans eau , bravo

    Eleni Caridopoulou

    19 h 34, le 19 août 2023

  • Cessez de glapir et de vous acharner Messieurs les ministres (sortants et non représentatifs). Uncle Riad n'est plus là pour couvrir vos demandes de fonds illégales à la BDL avec toutes les circulaires et passe-droits qu'il pouvait vous octroyer. Quand il n'y a plus d'argent dans les caisses, il n'y en a vraiment plus. Et ce n'est certainement pas en aboyant plus fort que les autres qu'on en obtient.

    Ca va mieux en le disant

    19 h 05, le 19 août 2023

  • Il rêve le ministre de l'électricité. Aucun dollar ne sera dépensé des réserves de la BDL. L'époque de Salamé est révolue. D'ailleurs, la façon de calculer les factures ,est incroyablement abusive, et son plan va échouer à coup sûr. Les générateurs des quartiers et l'énergie solaire vont rendre son ministère inutile en attendant les réformes du secteur après élection présidentielle.

    Esber

    18 h 52, le 19 août 2023

  • L'une des nombreuses techniques de diversion de l'oligarchie affairisto-confessionnelle : nous faire croire qu'elle est traversée de discordes...que nenni, ces peaux de banane sur tel ou tel sujet ne visent qu'à détourner l'attention. La seule raison qui peut réellement les amener à un différent est le partage du gâteau, et en général, ils parviennent à des arrangements. Sur cette question précise, le vrai sujet est qui sont précisément les opérateurs qui ont bénéficié de la dilapidation durant des décennies, quels ont été les montages et les modalités de répartition des milliards, qu'est il advenu de ces sommes faramineuses qui auraient permis, comme chacun le sait à présent, d'asseoir l'autonomie complète du pays ? On connaît une partie de l'histoire avec Bassil, son entourage et les bateaux turcs, mais le tableau est loin d'être complet.

    IBN KHALDOUN

    18 h 23, le 19 août 2023

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