Plusieurs députés de l'opposition ont publié un communiqué commun dénonçant "une agression horrible et milicienne sous le regard des forces de sécurité et de l'armée, qui ont négligé leur rôle de décideurs". Le texte indique que douze députés se sont rendus à Kahalé pour présenter leurs condoléances à la famille de Fadi Bejjani : quatre députés Kataëb, deux contestataires, deux membres du bloc du Renouveau de Michel Moawad, et quatre députés FL.
"Ce qui s'est passé hier est un carrefour politique et sécuritaire dangereux, qui a montré clairement que la coexistence de l'État avec le mini-État Hezbollah est devenue impossible", poursuit le texte. "Continuer à couvrir les pratiques de ce parti revient à abattre l'État, le peuple et les institutions (...) une phase nouvelle de confrontation, nationale, patriotique, politique et populaire, doit être ouverte", conclut le communiqué.
L'ancien président du Liban, Michel Aoun, tweete que "le destin a voulu que l'incident d'hier ait lieu à Kahalé, que ses répercussions se développent et que l'incitation en fasse presque une porte d'entrée vers la sédition. Nous savons comment cela commence et nous ne savons pas comment cela finit".
"Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est du calme au lieu de l'incitation au conflit, c'est construire des ponts de confiance au lieu de répandre des poisons de haine, et c'est attendre les résultats de l'enquête", ajoute-t-il.
Le bloc parlementaire du Hezbollah dénonce "une tension dangereuse qui a mené au martyre du héros résistant Ahmad Ali Kassas, dans une agression opérée par des individus appartenant à une milice armée de Kahalé".
Dans un communiqué, le bloc condamne "un trouble prémédité" ayant visé le camion du parti. L'incident "résulte de la provocation et d'une incitation stupide et malveillante, qui constitue un terreau de division exploité par les simples d'esprit et les personnes impliquées dans des projets hostiles au Liban", poursuit le texte. Présentant ses condoléances à Ahmad Ali Kassas, le bloc du Hezbollah indique enfin que "ce qui s'est passé est en cours d'enquête".
(Photo : Joao Sousa)
Le ministre sortant de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, souligne qu'une "coordination constante avec l'armée est en cours pour assurer la sécurité des citoyens, car le peuple ne souhaite que la protection de l'armée légitime", par opposition à une protection du Hezbollah.
Concernant les munitions présentes dans le camion, le ministre affirme que "l'armée fait ce qui est nécessaire sous supervision judiciaire".
Les habitants du village de Kahalé confirment dans un communiqué que des "funérailles populaires" seront organisées vendredi pour Fadi Bejjani. La dépouille du défunt arrivera à 11h dans le village et l'enterrement aura lieu à 16h. Les habitants et la famille Bejjani appellent tous les participants aux funérailles à "ne pas faire usage d'armes à feu, afin de préserver la dignité de l'occasion”. Ils demandent également aux participants "qu'il s'agisse de citoyens ou de responsables politiques de faire attention lorsqu'ils expriment leur avis, étant donné la symbolique de Kahalé, et aux médias de ne pas prendre de déclarations pendant les funérailles".
Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, affirme dans un tweet qu'"une stratégie de défense nationale est primordiale pour régir la question des armes, de sorte que personne ne se sente menacé par ces armes, dans n'importe quelle région du Liban".
"Les communications à l'intérieur du pays sont beaucoup plus importantes que les axes à l'extérieur", ajoute-t-il.
"Il ne suffit pas qu'il y ait une unité chiite, malgré son importance, pour que la résistance aille bien et que le pays aille bien - l'unité nationale doit rester plus grande et plus forte", écrit-il.
Lors d'une conférence de presse, le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel, a dit : "Nous ne voulons plus vivre avec les armes et avec une milice au Liban. Il s’agit d’une position nationale à laquelle la plupart des Libanais adhèrent".
"La direction de l'armée doit comprendre que la manière dont le Hezbollah gère les choses conduira le pays vers des conséquences dangereuses. Si l'armée n'assume pas ses responsabilités et ne met pas fin à toutes ces pratiques, elle deviendra elle-même complice de ce qui pourrait arriver dans le pays", a-t-il prévenu.
Le groupe parlementaire du Hezbollah évoque dans un communiqué un "incident dangereux provoqué par des séditieux à l'intérieur du Liban et qui a causé la mort d'Ahmad Ali Kassas".
Des coups de feu nourris sont entendus dans la banlieue sud de Beyrouth et ses alentours, alors que le Hezbollah s'apprête à tenir les funérailles de l'un de ses combattants tué mercredi à Kahalé lors d'un incident.
Le cercueil de Ahmad Ali Kassas, un membre du Hezbollah tué le 9 août lors de l'incident de Kahalé, entouré d'une foule le 10 août dans la banlieue sud de Beyrouth en amont des funérailles prévues par le parti chiite.
(Photo Joao Sousa)
Le député Kataëb Nadim Gemayel a réagi au communiqué de l'armée libanaise, affirmant que celui-ci est "inacceptable et minimise la gravité de ce qui s'est produit". "Le texte omet délibérément ou involontairement de mentionner l'entité responsable du transport des munitions".
"Ce qui est encore plus préoccupant, c'est que l'armée n'a pas fourni de clarification quant à la question de savoir si la cargaison avait été stockée dans l'une de ses casernes ou si elle avait été remise à l'une des installations militaires appartenant à la milice", a ajouté M. Gemayel.
La famille de Fadi Bejjani a annoncé dans un faire-part de décès que les funérailles se tiendront entre 11h et 16h vendredi en l'église Saint-Antoine de Kahalé.
Pendant que les proches de Fadi Bejjani se réunissent pour décider de la date exacte de l’enterrement de la victime qui devrait avoir lieu vendredi après-midi, le père Fadi organise le cérémonial et les jeunes du quartier préparent la commémoration. En photo : un portrait de Fadi Bejjani, arme à la main.
(Photo Stéphanie Khouri)
Charles Jabbour, porte parole des Forces libanaises (FL), a estimé dans des propos a L'Orient-Le Jour que "nous sommes confrontés à un problème d'armes illégales en présence d'un projet géopolitique régional qui réduit le rôle de l'État à sa signification la plus restreinte et qui sape son autorité, tout en constituant une menace pour la population". "L'État doit se montrer ferme afin de préserver son rôle et son prestige. Sinon, cela poussera les gens à se tourner vers l'auto-défense", a-t-il ajouté.
"Se précipiter vers une guerre civile ne sera pas une promenade de santé. Il y aura un prix élevé à payer", a prévenu le député Jamil Sayyed, proche du Hezbollah, dans un message sur X. "Laissez l'armée faire son travail", a-t-il conclu.
La famille de Fadi Bejjani n'a toujours pas fixé de date pour les funérailles de la victime, l'un des trois enfants de celle-ci résidant au Canada, rapporte notre journaliste sur place.
La branche des Forces Libanaises (FL) de la région de Aley a affirmé mercredi soir, dans un communiqué, que le village de "Kahalé n'a jamais été et ne sera jamais la cible des gangs armés incontrôlés et des projets transfrontaliers", en référence au Hezbollah et à l'hégémonie iranienne. "L'emprise des gangs et des armes ne prévaudra pas à Kahalé. Les vies des jeunes de la ville, de Joe Bejjani (photographe tué dans des circonstances non élucidées en décembre 2020) à Fadi Bejjani, ainsi que celles de tous les Libanais, de Kahalé à Aïn Ebel, sont extrêmement précieuses, et nous ne permettrons pas qu'elles soient sacrifiées" poursuit le communiqué.
Un camion de l'armée rouvrant la route de Kahalé, jeudi matin, après qu'elle ait été bloquée par des riverains en colère.
(Photo Stéphanie Khouri)
"Si l’armée était intervenue à temps, rien de tout cela ne se serait passé" confie un habitant à notre journaliste sur place. Alors que le calme est revenue jeudi matin, trois véhicules militaires et une petite vingtaine de soldats continuent de veiller sur la route principale de Kahalé.
Le député de Tripoli Achraf Rifi a estimé jeudi que « le Hezbollah veut faire comprendre à la communauté internationale que c’est lui qui dirige le pays ». Lors d’une conférence de presse du Front souverainiste, il a dit que "les habitants de Kahalé ont le droit de savoir qui a tué Fadi Bejjani. Le tireur doit être remis aux autorités".
Le député issu de la contestation populaire Mark Daou a écrit mercredi soir sur "X" (anciennement Twitter) : "Nous attendons immédiatement une intervention des forces de sécurité pour qu'ils arrêtent tous ceux qui ont tiré sur les habitants de Kahalé et non qu'ils protègent armes illégales", en référence au contenu du camion renversé et au Hezbollah. "La justice doit ouvrir une enquête et révéler l'identité de tous ceux impliqués dans cette affaire et les arrêter immédiatement", a-t-il ajouté.
Le député de Aley César Abi Khalil, affilié au Courant patriotique libre, un allié du Hezbollah, s'est rendu sur les lieux de l'incident mercredi soir. "Je me tiens actuellement devant le domicile de la victime (Fadi Bejjani) et il n'y avait ni milice (qui aurait attaqué le camion du Hezbollah) ni quoi que ce soit ! Avant toute autre discussion, il est impératif de remettre les tireurs (du côté du Hezbollah, Ndlr) aux autorités libanaises", a-t-il dit aux journalistes. "Un homme de Kahalé a été tué à cinq mètres de sa maison, et tout dialogue doit commencer par la remise des auteurs de ce crime à la justice".
Le Hezbollah a confirmé à L’Orient-Le Jour que l’un de ses membres tué mercredi à Kahalé, Ahmad Ali Kassas, sera inhumé aujourd’hui à 15h au cimetière de Raoudat al-Haoura’ Zainab, dans la banlieue sud de Beyrouth. Les condoléances seront reçues près du cimetière à partir de 13h30.
Selon un membre des forces de sécurité interrogé par notre journaliste, Fadi Bejjani a été tué par balles alors qu'il tirait sur des membres du Hezbollah, avant que ces derniers ne répliquent. Sa voiture est toujours stationnée là où il l’a laissée sur le bord de la route. Une flaque de sang y est toujours visible.
(Photo Joao Sousa)
Sur la route principale de Kahalé, à 10h20, presque plus aucune trace des incidents de la veille. La plupart des douilles de balles ont été enlevées, les morceaux de verre retirés, la scène nettoyée. La Défense civile serait venue tout nettoyer à l’aube ce matin. "Ils ont tout effacé", déplore Johnny, l'épicier.
Johnny, propriétaire d'une épicerie adjacente à l’église Saint-Antoine où a eu lieu l'incident, a été témoin de la scène. Il affirme que personne n’a pu vérifier ce qu’il y avait à l’intérieur du camion. "Les habitants ont simplement vu de grandes caisses en bois fermées et très lourdes", raconte-t-il.
(Photo Joao Sousa)
Des équipes de la police judiciaire sont arrivées vers 9h45 sur les lieux, rapporte notre journaliste sur place Stéphanie Khouri.
(Photo Joao Sousa)
Selon la chaîne LBCI, le médecin légiste qui a examiné le corps de Fadi Bejjani a affirmé que celui-ci avait été atteint de plusieurs balles.
Une deuxième victime a été recensée. Il s'agirait d'un riverain âgé de la soixantaine. Selon plusieurs images circulant sur les réseaux sociaux et le témoignage d'une personne qui connaissait la victime et que L'Orient-Le Jour a contactée, le second homme tué s'appelait Fadi Bejjani.
Si le Hezbollah n'a pas donné l'identité du membre du parti tué dans l'incident, le journaliste de la chaîne Al-Manar (affiliée au Hezbollah) Ali Shoeib a affirmé sur X (anciennement Twitter) que la victime s'appelait Ahmad Ali Kassas, alias "Mohammad Ali".
L'armée libanaise a confirmé jeudi matin que la cargaison du camion du Hezbollah contenait des "munitions". Elle a précisé que la cargaison "a été transportée vers l'une des casernes de l'armée".
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Dans un communiqué publié mercredi soir, le Hezbollah a reconnu que le camion en question lui appartenait.
Retour sur les circonstances de l'incident : au moins deux personnes, dont un membre du Hezbollah, ont été tuées mercredi soir lors d'une fusillade à Kahalé, dans le caza de Aley, suite au renversement d'un camion du parti chiite. Un incident qui a provoqué une vive tension dans la ville, poussant l'armée à se déployer en masse pour tenter de calmer la situation.
Les forces de sécurité sont déployées depuis ce matin sur les lieux de l’incident pour tenter de rassembler les preuves afin d’éclaircir les faits d’hier, rapporte notre journaliste sur place Stéphanie Khouri.
(Photo Joao Sousa)
Bonjour et bienvenue dans notre couverture en direct, ce jeudi matin, de l’incident de Kahalé survenu mercredi soir et ayant fait deux morts, dont un membre du Hezbollah.
Le Liban est au bord du gouffre...
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Bravo Michel Trad. Il serait préférable de ne pas lire le bla-bla-bla de Aoun et Bassil. Ils sont responsables de la montée du Hizb. L'armée doit tenir bon et ne pas succomber aux ordres louches qu'elle recevra, ne serait-ce qu'au nom de la souveraineté de notre pauvre Liban!
21 h 26, le 10 août 2023