
Un campement de réfugiés syriens à Ersal, dans la Békaa libanaise, le 28 octobre 2020. Photo d'archives João Sousa/L'Orient Today
Le ministre libanais sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, a appelé mercredi l'Union européenne à engager des discussions avec le Liban, au sujet du retour de réfugiés syriens dans leur pays, après le vote mercredi dernier d'une résolution du Parlement européen sur le Liban mentionnant la présence de ces réfugiés au pays du cèdre. Une résolution qui fait depuis polémique au Liban.
Le texte n'appelle pas de manière explicite à garder les réfugiés syriens au Liban mais il estime que "les conditions requises pour un retour volontaire et digne des réfugiés ne sont pas présentes". Une position en adéquation avec le point de vue observé par la communauté internationale depuis des années mais qui va à l'encontre des prises de position de nombreux responsables libanais qui appellent au retour des réfugiés dans leur pays. Le texte demande en outre au Liban "en cas d'action sur les migrations, de s'abstenir d'expulser, d'imposer des mesures discriminatoires et d'inciter à la haine contre les réfugiés syriens".
Le gouvernement libanais estime que le pays accueille actuellement environ 1,5 million de réfugiés syriens, dont 815 000 enregistrés auprès du HCR.
Dans une lettre adressée mercredi au chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, M. Bou Habib a insisté "sur la nécessité de lancer un dialogue constructif et global entre le Liban et l'UE sur tous les dossiers, notamment celui des déplacés syriens, qui commence à menacer non seulement la structure sociale du Liban, sa stabilité et son économie, mais aussi son existence".
"Le Liban est prêt à engager des discussions avec l'UE pour mettre en place un plan de retour sûr et dans la dignité", a encore dit M. Bou Habib. Il a par ailleurs encouragé à "créer un comité consultatif administratif de l'UE pour étudier les besoins urgents du secteur public libanais et établir un dialogue libano-européen dans tous les domaines notamment celui des Syriens".
Le chef de la diplomatie libanaise a par ailleurs insisté sur "l'attachement du Liban à ses droits et ses responsabilités dans la facilitation du retour sûr et digne des déplacés syriens, notamment dans les régions sécurisées en accord avec les lois internationales et la Constitution libanaise selon laquelle le Liban n'est pas un pays d'accueil".
"Il est important que la communauté internationale travaille à régler les causes du déplacement des syriens tel que mentionné dans la décision du Parlement européen et qu'elle accélère la mise en place d'infrastructures et de services sociaux basiques en Syrie afin de faciliter le retour des déplacés", a encore indiqué le ministre.
Depuis qu'elle a été votée par le Parlement européen, la résolution en question a été critiquée par la majorité des acteurs politiques libanais qui estiment que ce texte encourage les réfugiés syriens à rester au Liban. Deux eurodéputés français se sont même livrés la semaine dernière à une bataille par vidéos interposées, au sujet de cette résolution, l'un d'eux allant jusqu'à dénoncer une "trahison" des Libanais avec le vote du texte.
Le week-end dernier, Abdallah Bou Habib avait annoncé qu'il ne présidera plus le comité ministériel chargé de mener les pourparlers axés sur le dossier des réfugiés syriens avec le gouvernement syrien. Une décision que plusieurs observateurs expliquent par le fait que M. Bou Habib voudrait éviter de se mettre à dos l'Occident qui ne veut rien entendre au sujet du rapatriement des Syriens dans les circonstances actuelles, comme l’a montré la résolution européenne de mercredi dernier.
commentaires (3)
Bouhabib invite les euroniens à discuter autour d'un bol de chicklets... yallah inchallah khayr
Wlek Sanferlou
14 h 15, le 20 juillet 2023