Sur la totalité des seize points de la résolution votée mercredi par le Parlement européen sur le Liban, qui couvrent de nombreux aspects de la situation actuelle, de la crise politique à la double explosion au port de Beyrouth, c'est le treizième paragraphe, qui évoque la présence des réfugiés syriens, qui a fait couler beaucoup d'encre depuis le vote. La majorité des acteurs politiques libanais ayant réagi à cette partie du texte ont critiqué ce paragraphe et le fait qu'il encourage, selon eux, les réfugiés syriens à rester au Liban.
Le partie ciblée du texte n'appelle pas de manière explicite à garder les réfugiés syriens au Liban mais il estime que "les conditions requises pour un retour volontaire et digne des réfugiés ne sont pas présentes". Une position en adéquation avec le point de vue observé par la communauté internationale depuis des années. Le texte demande en outre au Liban "en cas d'action sur les migrations, de s'abstenir d'expulser, d'imposer des mesures discriminatoires et d'inciter à la haine contre les réfugiés syriens".
Conseil des ministres
Dès mercredi, le ministre sortant des Affaires sociales, Hector Hajjar, fervent partisan du retour des réfugiés en Syrie, a critiqué dans un tweet "le vote massif du Parlement européen d’une résolution qui soutient le maintien des réfugiés syriens au Liban". Selon le ministre, cette résolution "n'est pas surprenante". "Ce n'est qu’une matérialisation des positions claires de Josep Borrell (le chef de la diplomatie européenne) lors de la conférence de Bruxelles" sur l'aide à la Syrie, a-t-il ajouté. "Ce qui est surprenant en revanche, c'est le silence des officiels libanais sur les positions de Borrell et sur la décision du Parlement européen. Ce silence est-il le résultat d'une servilité, d'une complicité ou pour la préservation des intérêts ?!", s'est encore demandé Hector Hajjar.
Le ministre sortant des Déplacés, Issam Charafeddine, a annoncé jeudi sur la chaîne al-Jadeed avoir demandé la tenue d'un Conseil des ministres en urgence, "pour répondre à cette décision arbitraire" du Parlement européen. "Ils se comportent comme si le Liban était une colonie européenne, ce que nous refusons totalement", a-t-il dit. M. Charafeddine a réaffirmé que la Syrie était de surcroît "d'accord" avec la volonté libanaise de rapatrier les réfugiés syriens.
"Pressions sur le régime syrien"
De son côté, le parti Kataëb a "fortement condamné l'article 13 (de la résolution) à propos des réfugiés syriens qui a échoué à mettre en place une feuille de route nécessaire pour leur retour dans leur pays, ce qui est essentiel pour la stabilité du Liban". "Les Kataëb ont exprimé leur point de vue vis-à-vis de la présence de plus de 1.5 millions de réfugiés syriens au Liban lors de toutes leurs rencontres internationales. Nous avons également demandé que la communauté internationale exerce des pressions sur le régime de Bachar el-Assad pour assurer les conditions sociales et politiques nécessaires pour leur retour", poursuivent les Kataëb dans un communiqué.
Même son de cloche du côté des Forces libanaises qui estiment dans un communiqué que "l'article 13 de la résolution qui évoque les réfugiés syriens est contraire à ce que les Libanais veulent et à ce que nous avons demandé à nos amis et partenaires européens concernant le retour des réfugiés et le fait qu'il faut les soutenir une fois rentrés dans leur pays". Les FL ont appelé par ailleurs au transfert des réfugiés vers des pays tiers "en Europe ou dans le monde arabe". "Le Liban ne peut plus supporter le poids des réfugiés (...) La plupart des régions syriennes sont stables et sécurisées. Le retour volontaire et digne est désormais possible, que ce soit pour les partisans du régime ou les opposants", poursuit le texte.
Le chef de la commission parlementaire des Affaires étrangères et de la diaspora, Fady Alamé (Amal), s'est de son côté dit "surpris" par le contenu de la résolution européenne sur les réfugiés syriens "qui va à l'encontre de la Constitution et des lois libanaises, ainsi qu'à l'encontre du droit des réfugiés à rentrer chez eux". Il a estimé que le texte "contredit ouvertement la souveraineté libanaise". "Les gouvernements libanais et syrien ainsi que la Ligue arabe auraient dû être contactés afin d'arriver à une solution à ce dossier par le biais d'un retour sécurisé et volontaire des déplacés", a souligné M. Alamé dans un communiqué, tout en disant refuser "tout discours xénophobe".
commentaires (7)
L'Occident qui n'est plus chretien depuis un bon moment , s'estime porteurs de valeurs universelles ( Quelle valeurs leur restent-il vraiment ) impose au Liban une dictature du droit de l'hommisme qu'il ne s'applique pas lui meme . Messieurs de Bruxelles vous avez detruit le MoyenOrient et vous avez le culot de donner des lecons d'humanité ? Si vous aimez tant les syriens venaient les chercher , apres avoir detruit ce pays dont l'histoire remonte a la naissance de l'humanité , amenez vos bateaux et venez les prendre . Notre pays est trop petit pour les garder .
nabil samir
17 h 01, le 16 juillet 2023