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Politique - Nominations

Pourquoi Nagib Mikati a mis de l’eau dans son vin

Après la diatribe du patriarche maronite et orphelin de la couverture politique du Hezbollah, le Premier ministre sortant semble avoir dérogé à la volonté de Nabih Berry.

Pourquoi Nagib Mikati a mis de l’eau dans son vin

Le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, au Sérail, le 6 juillet 2023. Photo fournie par le bureau de presse du chef du gouvernement

Gérer le pays avec le moins de casse-têtes possibles. Telle semble être la devise de Nagib Mikati depuis la fin du sexennat de Michel Aoun en octobre dernier. Et les nominations de première catégorie, notamment pour ce qui est du nouveau gouverneur de la Banque du Liban, ne dérogent pas à cette règle. « Pas de Conseil des ministres pour nommer un nouveau patron de la banque centrale ou pour proroger le mandat de Riad Salamé », a tranché le chef du gouvernement sortant dans des propos rapportés lundi par la presse locale.

M. Mikati a donc barré la voie aux accusations lancées contre son cabinet sortant d’aller au-delà de ses prérogatives d’expédition des affaires courantes dans le sens le plus strict du terme. Une façon pour le chef du gouvernement, orphelin de la couverture du Hezbollah, d’éviter une levée de boucliers de la part des partis chrétiens, comme ce fut le cas du patriarche maronite, Béchara Raï, dimanche.

Focus

Entre Mikati et les chrétiens, le fossé se creuse

Bien au-delà de la dimension strictement constitutionnelle, les propos du chef du gouvernement sortant sont à interpréter sous un angle politique. « Je ne veux pas de nominations. Ce qui m’importe le plus, c’est le fonctionnement et la continuité de cette institution qu’est la BDL », affirme-t-il à L’Orient-Le Jour. Cette fois-ci donc, et dans une démarche assez rare depuis le début de la vacance à la tête de l’État, M. Mikati a dérogé au mot d’ordre de son plus grand soutien, le président de la Chambre, Nabih Berry, qui estime que nécessité fait loi. Une décision que ce dernier « respecte », comme il l'a souligné lundi devant une délégation de l'ordre des rédacteurs. Aïn el-Tiné ne veut pas voir le premier vice-gouverneur Wassim Mansouri (chiite) aux commandes de la BDL après le départ de Riad Salamé, le 31 juillet. « C’est une très grande responsabilité. Et le président de la Chambre veut éviter que l’on dise que les chiites ont pris la tête de la BDL et échoué à résoudre la crise », justifie un proche du président de la Chambre. 

« Si Berry demandait à Mikati de déplacer le soleil… »
Les propos de MM. Berry et Mikati interviennent quelques jours après la menace de démission collective lancée jeudi par les quatre vice-gouverneurs, dont Wassim Mansouri lui-même. Une démarche qui, aux yeux du chef du Parlement, était censée pousser Nagib Mikati à passer à l’acte. D’autant que le Premier ministre avait déjà avalisé et mis en exécution certains choix polémiques de M. Berry. Au point de pousser Marc Daou, député issu de la contestation, à aller très loin dans une critique adressée aux deux responsables. « Si Nabih Berry demande à Nagib Mikati de déplacer le soleil, il le ferait », a lancé le député de Aley dans une déclaration radiodiffusée dimanche.

Quelques jours après le communiqué de jeudi, Nabih Berry s’est entretenu durant le week-end avec Nagib Mikati. Ce dernier, qui avait toujours veillé à garder la porte entrouverte à des nominations, se veut aujourd’hui intraitable : « Pas question de nominations. La balle sera dans le camp des vice-gouverneurs qui devraient expédier les affaires courantes, même s’ils jettent l’éponge », dit-il, rappelant que son cabinet est démissionnaire (depuis les législatives de mai 2022), mais continue d’expédier les affaires courantes jusqu’à l’élection d’un nouveau président.

Repère

Qui veut quoi pour l'après-Salamé ?

Le Premier ministre sortant a donc finalement décidé de mettre de l’eau dans son vin, ne voulant pas assumer seul la responsabilité de décisions d’une grande ampleur telles que les nominations. Nagib Mikati n'a pas oublié la polémique sur le changement de l'heure, il y a quelques mois... Cette fois-ci, il devait donc assurer la plus large couverture politique à ce train de décisions. Sauf qu’outre le niet catégorique des chrétiens, une importante pièce manque au puzzle : la bénédiction du Hezbollah. Celui-ci maintient sa position qu'un cabinet sortant ne peut pas procéder à des nominations. « En période de vacance présidentielle, certains fonctionnaires ne peuvent pas décider de se départir de leurs responsabilités, sous prétexte qu’il n’y a pas de président, ni de cabinet doté des pleins pouvoirs », a souligné Hassan Fadlallah, député Hezbollah, dimanche, dans une critique du communiqué des quatre vice-gouverneurs, mais aussi – et surtout – à Nabih Berry (pourtant l’allié le plus constant du Hezbollah) qui rejette l’option Mansouri. Même le Parti socialiste progressiste se distancie de son partenaire de longue date sur ce plan. À l'issue d'un entretien lundi avec Nagib Mikati, Waël Bou Faour, député joumblattiste, a critiqué le communiqué des vice-gouverneurs. « S'il n'y a pas d'entente autour du futur gouverneur de la BDL, le premier vice-gouverneur devrait s'acquitter de ses responsabilités », a-t-il dit. 

Le niet du Hezbollah n’est pas la seule raison derrière la volte-face de M. Mikati qui avait donné le sentiment d’être prêt à aller au-delà des affaires courantes, comme l’a montré l’approbation d’un train d’avancement de militaires en juin dernier… sous probable pression de M. Berry. Il y a aussi la colère des partis chrétiens et de Bkerké contre la manière dont le duo Nabih Berry-Nagib Mikati gère le pays en l’absence d'un président. Dans son homélie dominicale, le prélat a vivement tancé le président de la Chambre et son protégé, critiquant les concepts de « législation de nécessité » et de « nominations de nécessité » mis en place par le chef du législatif pour justifier la tenue de séances législatives de la Chambre durant le vide présidentiel, et accorder au gouvernement la faculté d’aller au-delà de la notion d’affaires courantes. Mgr Raï s’est donc montré hostile à la nomination d’un nouveau patron de la BDL. Mais il s’est montré pour une démarche à même d’épargner à l’armée le scénario du vide. « Allez comprendre ce que veulent les maronites ! » commente pour sa part Nagib Mikati.  

Gérer le pays avec le moins de casse-têtes possibles. Telle semble être la devise de Nagib Mikati depuis la fin du sexennat de Michel Aoun en octobre dernier. Et les nominations de première catégorie, notamment pour ce qui est du nouveau gouverneur de la Banque du Liban, ne dérogent pas à cette règle. « Pas de Conseil des ministres pour nommer un nouveau patron de la banque...
commentaires (7)

On lui souhaite de disposer d'une cave bien fournie...

IBN KHALDOUN

17 h 56, le 11 juillet 2023

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Commentaires (7)

  • On lui souhaite de disposer d'une cave bien fournie...

    IBN KHALDOUN

    17 h 56, le 11 juillet 2023

  • Il n’a rien mis du tout, il a reçu l’ordre de HN de s’exécuter parce que ce dernier a plus d’une idée derrière la tête. Attendons les autres vides qui vont se créer et être vite remplis par ses soins sous prétexte qu’un gouvernement démissionnaire n’a pas l’autorité ni le droit de le faire. Pourquoi croyez-vous qu’ils sont bloqué le vote de confiance du PM et s’acharnent à bloquer l’élection d’un futur président? Pendant que les partis opposants se crêpent le chignon, HN exécute point par point son projet et ne semble absolument pas bousculé puisqu’il a l’éternité pour le fair vu que nos chers opposants ne semblent pas avoir la moindre idée de ce qui les attend tous une fois notre pays transformé en dictature grâce à leurs ego démesuré. Ils croupiront tous en geôles bien gardés et regretteront leur naïveté sans borne mais tard, beaucoup trop tard pour tout le monde sauf pour les usurpateurs qui auraient tout gagné. Vous comprenez ce qui se trame contre notre pays ou vous voulez un dessin, bande d’incompétents invétérés.

    Sissi zayyat

    10 h 37, le 11 juillet 2023

  • Au fait...mis à part "mettre de l'eau dans son vin", et arrondir les angles quand cela l'arrange, à quoi sert au juste ce Monsieur dans notre pays ? On cherche en vain, depuis qu'il est à son poste, une réalisation valable ! - Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 45, le 11 juillet 2023

  • Sans commentaire.

    Mohamed Melhem

    22 h 16, le 10 juillet 2023

  • ON EST IMPATIENT D’ENTENDRE DES NOUVELLES DE OMAR HARFOUCHE QUI DÉMASQUE MIKATI. Merci OMAR

    Gebran Eid

    21 h 39, le 10 juillet 2023

  • Vous pourrez continuer à feuilletoner les soi-disants bisbilles (de coulisses ou publiques) entre les différents clans de cette oligarchie mafio-affairiste, nous ne sommes dupes...

    IBN KHALDOUN

    21 h 29, le 10 juillet 2023

  • La comedie stupide se poursuit. Mais qui donc peut encore croire aux bonnes intentions de la canaille politichienne ? Ils croient se dedouaner en jouant les vierges effarouchees ? Mais les Libanais savent maintenant a quoi s'en tenir au sujet des mafieux voleurs et menteurs.

    Michel Trad

    21 h 21, le 10 juillet 2023

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