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Culture - Poésie

Marwan Hoss, cohérent, égal à lui-même

Marwan Hoss, cohérent, égal à lui-même

Le poète libanais Marwan Hoss. Photo DR

Chaque nouveau recueil de Marwan Hoss est une lettre d’adieu. Son livre le plus récent, Terres, paru chez Arfuyen (mai 2023), la maison d’édition de Gerald Pfister, ne déroge pas à la règle. Ce pays est ma dernière terre. D’ici reviendront mes rêves d’enfance, écrit-il au soir de sa vie, en parlant de la France. On est tenté de croire que ce livre sera son dernier livre. Erreur. Ce livre est son premier livre. Sa passion d’homme entier a survécu à toutes les amertumes :

En ce jour sauvage

Pourquoi la terre

S’est-elle pour toi ouverte

Des hommes en turban blanc

Regardaient couler mes larmes

Et récitaient lentement

Les phrases de l’absence

Les grands malades ne meurent jamais, a-t-il dit un jour. Cette grande maladie est celle de l’être. Celle du sens de la vie et de la mort. Et elle n’est pas facile à guérir. En fait, sauf miracle, elle est inguérissable. Et ça donne des alertes et des lettres d’adieu :

Aujourd’hui l’écriture

Est en état d’alerte

Les mots se révoltent

Ils traquent les poètes

Dans les jardins de la ville

Marwan Hoss écrit les livres d’un homme exilé de son pays, exilé de lui-même, exilé du sens. Sa vie le prouve. Il naît au Liban d’une mère italienne. Sa mort le laisse exilé d’un amour. Il écrit en français, dans un pays qui parle arabe. Exilé de la page. Il voyage en France. Il s’exile.

Riche de la bienveillance de Nadia Tuéni et Georges Schéhadé, riche des Lettres à un jeune poète de Rilke, riche des strophes de Saint- John Perse et des éclairs foudroyants de René Char, il adresse à ce dernier ses premiers poèmes, qui lui répond :« À l’horizon où vous m’apparaissez, je ne vous confonds avec aucun autre. » Il publie chez GLM à l’âge où d’autres apprennent encore à dessiner les mots. Il monte ensuite une galerie d’art qui sera parmi les plus prestigieuses de France. Heureux en affaires, traqué par la mort, protégé du désespoir par les mots. L’art lui livre tous ses secrets, sauf un.

« J’entre dans un rêve / dont je ne sortirai plus » sont les derniers vers crépusculaires de ce recueil. Détrompez le poète ! Dites-lui que nous le verrons à la sortie du spectacle, quand les lumières seront revenues, passée « la folie » et franchis sans retour « les horizons de la douleur ».

Nourrir la terre

Pour que les mots

Nouveaux renaissent

Avec leurs pelles reviendront

Les poètes du printemps.

Marwan Hoss, cohérent. Égal à lui-même. 



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