L'envoyé spécial de la France pour le Liban, Jean-Yves Le Drian (4e à partir de la gauche), à l'issue d'une réunion avec des députés de la contestation à Beyrouth, le 23 juin 2023. Photo Ambassade de France via le compte Twitter de Waddah Sadek
L'envoyé spécial français au Liban, Jean-Yves Le Drian, s'est réuni vendredi avec plusieurs responsables politiques et avec les ambassadeurs de cinq pays impliqués dans les efforts pour une sortie de crise au Liban, sans chef de l'Etat depuis fin octobre 2022. Selon une source diplomatique interrogée par l'AFP, les ambassadeurs ont appelé à élire sans tarder un président.
Arrivé mercredi après-midi à Beyrouth, l'ancien ministre français des Affaires étrangères a affirmé qu'il était au Liban en mission de "concertation et d'écoute" et souligné que "la solution doit venir d'abord des Libanais".
Avec les ambassadeurs
Vendredi, il a rencontré les ambassadeurs des cinq pays qui avaient tenu le 6 février à Paris une réunion consacrée au Liban : les Etats-Unis, la France, l'Arabie saoudite, l'Egypte et le Qatar. "Ils se sont accordés sur la nécessité de procéder sans tarder à l'élection d'un président, prélude au lancement des réformes économiques et sociales dans le cadre d'un programme de redressement du Fonds monétaire international", a-t-on rapporté la source diplomatique. Les donateurs internationaux exigent la mise en place d'un programme de réformes structurelles pour aider le pays à se relever.
Plus tôt dans la journée, M. Le Drian s'était entretenu avec le député et ex-candidat à la présidence Michel Moawad, et avec le groupe parlementaire du parti Kataëb, a confirmé le chargé de communication du parti, Patrick Richa, à L'Orient-Le Jour. La réunion devait durer une heure avec le chef des Kataëb Samy Gemayel, et les députés Nadim Gemayel et Sélim Sayegh. Leur collègue Élias Hankache était absent pour raisons de santé. "Rencontre franche avec Jean-Yves Le Drian. Nous avons discuté de l'approche des Kataëb du dossier présidentiel, a twitté Samy Gemayel après la réunion. Nous avons également présenté un plan pour une solution qui se base sur la récupération de la souveraineté de l'Etat, la levée de la tutelle imposée et la mise en œuvre des réformes demandées pour sortir le peuple de la crise".
"Le Liban n'est pas à l'ordre du jour"
L'émissaire français s'est par ailleurs entretenu avec les députés de la contestation Paula Yacoubian, Halimé Kaakour, Yassine Yassine, Ibrahim Mneimné, Michel Doueihy et Waddah Sadek, a indiqué ce dernier dans un tweet. "Nous avons souligné la nécessité que le président puisse gagner la confiance des Libanais, qu'il applique la Constitution, dispose d'une vision globale des réformes et aspire à un Liban souverain", a ajouté M. Sadek. Selon lui, Jean-Yves Le Drian a assuré qu'il est "en déplacement pour écouter les différentes parties, briser les obstacles et trouver une solution basée sur des réformes". "Aujourd'hui, le Liban ne se trouve pas à l'ordre du jour de la communauté internationale, plus personne n'est enthousiaste pour l'aider", a-t-il encore souligné.
Jean-Yves Le Drian s'est ensuite concerté avec le leader druze Walid Joumblatt et son fils, le député Teymour Joumblatt. Il s'est également entretenu avec le commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun, considéré comme un candidat potentiel. Dans un communiqué, l'armée a indiqué que les discussions ont porté sur la situation sécuritaire et politique globale dans le pays, ainsi que sur l'institution militaire. Jean-Yves Le Drian s'est par ailleurs concerté avec des figures sunnites, dont le député de Tripoli Fayçal Karamé.
Depuis son arrivée, il s'était déjà entretenu avec le président du Parlement Nabih Berry, le Premier ministre sortant Nagib Mikati, le patriarche maronite Béchara Raï, et les chefs de file chrétiens Samir Geagea (Forces libanaises, FL), Gebran Bassil (Courant patriotique libre, CPL) et Sleiman Frangié (Courant des Marada), ce dernier étant un des candidats officiels à la présidence. Il avait également discuté avec Ziyad Baroud, ancien ministre de l'Intérieur, dont le nom est sorti plusieurs fois comme possible présidentiable.
M. Le Drian a été chargé il y a deux semaines de trouver une issue à l’impasse politique, le Liban subissant une vacance présidentielle depuis plus de huit mois, faute de consensus. Sa tournée intervient une semaine après la 12e séance électorale au Parlement, au cours de laquelle aucun des deux candidats, Jihad Azour, soutenu par l’opposition et le CPL, et Sleiman Frangié, favori du tandem chiite Amal-Hezbollah, n'a obtenu la majorité absolue des voix.
Depuis 2020, la France, ancienne puissance mandataire, s'est impliquée sans succès dans la recherche d'une solution au Liban, et Emmanuel Macron s'y est rendu à deux reprises. Selon une source diplomatique française, un nouveau déplacement au Liban de Jean-Yves Le Drian est prévu au cours de l’été.
commentaires (5)
Je ne comprends pas, M. Le Drian, l’obstination de votre président à vous imposer de jouer les médiateurs entre des réseaux mafieux de la plus basse extraction. Le Liban n’a jamais été une démocratie. Il est la victime de dictateurs communautaires sans scrupules (pour la plupart) qui ont vidé les caisses de l’Etat et dépouillé le citoyen. La seule solution serait, avec l’appui du groupe des 5, de remplacer tous ces parrains par un seul dictateur qui viendrait, pour une période provisoire, suspendre la Constitution, dissoudre ce parlement d’inutiles, nommer un gouvernement restreint composé de gens à poigne, intègres et compétents. Ces derniers seraient chargés de remettre le Liban sur les rails en faisant, en toute vitesse, les réformes exigées et en traduisant en justice avec la plus grande sévérité et la plus grande célérité tous les pilleurs de biens publics en vue de les faire régurgiter illico tout ce qu’ils ont subtilisé à la nation pendant des décades.
Citoyen volé
16 h 01, le 27 juillet 2023