Le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), le député Gebran Bassil, a prononcé mardi soir, à la veille de la 12ème séance parlementaire consacrée à l'élection d'un président, un discours dans lequel il a évoqué les relations détériorées entre son parti et le Hezbollah, tout en justifiant son soutien à la candidature de Jihad Azour.
Les relations entre le CPL et le parti chiite, qui avaient scellé une alliance politique en 2006, sont au plus bas.
Le CPL est vivement critiqué par le Hezbollah pour son refus de soutenir la candidature de Sleiman Frangié, appuyé par le tandem chiite Hezbollah-Amal. M. Bassil a dernièrement annoncé que son parti voterait en faveur du haut responsable au sein du FMI, l'ex-ministre Jihad Azour.
Sleiman Frangié devrait obtenir au cours de la séance de mercredi les voix du tandem chiite et de leurs alliés, tandis qu'une bonne partie des députés opposés à sa candidature devraient voter pour Jihad Azour, qui récolterait plus de suffrages que M. Frangié, selon divers pointages, sans toutefois obtenir un nombre suffisant de votes pour être élu. M. Azour, qui a officialisé sa candidature lundi, fait l'objet d'une entente entre plusieurs partis d'opposition, dont les Forces libanaises, les Kataëb, ainsi que le CPL, le PSP et plusieurs députés indépendants.
Voici les principaux points du discours de Gebran Bassil :
- "Notre désaccord avec le Hezbollah était autour de la construction de l'Etat. Nous avons tenté de développer l'entente mais n'avons pas reçu la réponse qu'il faut. Le désaccord s'est approfondi lorsqu'il a porté sur le partenariat national. Nous sommes toujours d'accord sur la Résistance et sur la stratégie de défense. C'est pour cela que l'entente n'est pas tombée, mais elle ne se porte pas bien. C'est pour cela que nous avons dit que l'entente est boiteuse.
- Aujourd'hui les choix sont limités. Nous avons dit que le vote blanc n'est plus tenable. Il y a un choix entre Jihad Azour et Sleiman Frangié. Il est possible que nous n'obtenions pas le meilleur. Mais nous pouvons obtenir le meilleur possible.
- "Nous avons décidé d'avoir une bonne relation avec les forces de l'opposition sans établir d'alliances parce que nous nous entendons avec elles sur beaucoup de sujets souverains et réformateurs mais pas au sujet de la Résistance. Nous ne voulons pas prendre parti avec eux en politique contre le Hezbollah".
- "Nous avons accepté de soutenir la candidature de Jihad Azour parce qu'il n'est pas un candidat provocateur ni de défi". (....) Il figurait parmi les noms que le CPL a acceptés mais il n'était pas notre candidat favori".
- "Nous appelons le tandem chiite (Hezbollah-Amal) à ne plus interférer dans les affaires internes du CPL et à ne pas pousser certains de ses cadres et députés vers d'autres choix. Cela est contraire à l'éthique".
- "Celui qui ne respecte pas la décision du CPL ne respecte pas l'unité du parti, ni sa force ni son prestige. Il aura causé, qu'il le veuille ou pas, l'affaiblissement du parti. Cela nécessitera une reddition des comptes conformément à notre système interne. Mais cela n'arrivera pas, car je mise sur l'engagement et l'éthique des membres du CPL".
Gebran Bassil a donné des consignes claires aux députés de son parti pour voter en faveur de Jihad Azour, mais selon certains observateurs, des députés aounistes pourraient ne pas respecter les directives du chef du parti.
- "Celui qui a fait de mauvais calculs ne peut entraîner le pays et les chiites dans un conflit confessionnel et national (...). Il ne peut nous accuser d'isoler une composante essentielle du pays qui ne peut, de toute façon, être isolée."
-"Nous ne voulons pas répéter l'expérience de l'ancien président Michel Aoun (...) tant que le système politique est au pouvoir. C'est une décision que nous avons prise au CPL depuis longtemps, de ne plus entreprendre une expérience qui échoue. Nous sommes donc allés à la recherche d'un président dans le cadre d'une entente avec les autres composantes du Parlement, en nous basant sur une liste de présidentiables sur laquelle nous nous sommes entendus mais que nous n'avons pas nous-mêmes nommés".
- "Le tandem chiite a insisté sur son candidat et refusé toute autre candidature. Les FL ont insisté sur trois candidats que nous avons longtemps refusés avant qu'ils n'avalisent une candidature que nous avons acceptée".
- "Nous sommes ouverts au dialogue avant et après la séance, et savons qu'il ne peut y avoir de président sans dialogue. (...) Mais que personne ne croit que notre soutien à un candidat face au leur aboutira à l'élection d'un troisième candidat sans notre accord".
Jihad Azour ne passera pas , il sera grillé demain .
23 h 28, le 13 juin 2023