Le plus fascinant dans cette République de poche est de voir comment les différents joueurs de la présidentielle dégainent régulièrement un nouveau candidat cobaye que les protagonistes se renvoient comme une baballe dans un terrain de gueux. L’échantillon choisi, qui alors n’en revient pas, connaît son quart d’heure de gloire nimbée de lumière, avant de se voir jeter comme une chiffe molle… puis de réapparaître quelque temps plus tard au gré des jacasseries feutrées des comploteurs.
La guignolade se répète à l’infini, sauf chez ceux qu’il est convenu d’appeler le « tandem chiite », formé des pendentifs des mollahs iraniens et de leur cache-sexe avéré et néanmoins taulier du Parlement à mi-temps. Ceux-là s’en tiennent fermement à leur candidat Franju, affublé de l’étiquette « consensuel » alors qu’il n’est pas sensuel du tout. Y a qu’à voir le guilleret Mohammad Raad chanter ses louanges et louer sa « ligne droite » immuable. Évidemment, il ne va pas jusqu’à expliquer aussi que la pente est forte et que le mur est droit devant…
Maintenant la barque présidentielle est venue s’échouer sur la Côte d’Azour ! Sorti en 2005 du chapeau de Fouad le Signoret, l’ex-Premier ministre au sourire oblique, Jihad de son prénom avait à l’époque exercé ses talents au ministère du Pognon en faisant la danse du ventre devant les financiers internationaux en Chiraquie, du temps de Paris III. Il leur avait vendu pour la énième fois nos réformes structurelles, la privatisation de notre tas d’immondices électriques, téléphoniques et tout le tintouin. Puis, comme il se doit, virage sur l’aile à 180 degrés une fois la manne consentie : il n’y a pas eu de réformes structurelles pour ne pas fâcher des fonctionnaires dont le seul diplôme est leur pedigree communautaire ; pas de privatisation non plus, pour ne pas tout vendre à la découpe aux partis politiques. Le fric, lui, avait servi à payer le service de la dette, et quand il a fini d’être englouti, le Barbu cousin de Dieu en personne s’était inventé une guerre en cassant à nouveau la baraque et… rebelote pour une nouvelle mendicité.
Qui de la Frangipane ou de l’Azour franchira donc la ligne d’arrivée ? Mystère et boule puante ! Pour l’heure, la causette d’alcôve des conspirateurs en est encore au stade du dialogue du sourd-muet unijambiste et de l’aveugle cul-de-jatte. Sur scène, on joue le même navet chrétien gardé en stock : le Basileus torturé par ses démangeaisons présidentielles inassouvies pour cause de casseroles américaines, le Tondu de Meerab frappé d’une crise d’urticaire à l’écoute de l’argumentaire du premier et le Michel de Zghorta qui voit s’évaporer devant ses yeux un palais de Baabda nommé désir. On appelle cela une ambiance interactive.
Au finish, on aura droit à une pensée puissante et définitive du style : « Le dialogue se poursuivra. » Bon, on dit ça juste pour causer, parce qu’en fait les uns et les autres s’en tamponnent complètement… Ça tombe bien, nous aussi.
gabynasr@lorientlejour.com
Le plus fascinant dans cette République de poche est de voir comment les différents joueurs de la présidentielle dégainent régulièrement un nouveau candidat cobaye que les protagonistes se renvoient comme une baballe dans un terrain de gueux. L’échantillon choisi, qui alors n’en revient pas, connaît son quart d’heure de gloire nimbée de lumière, avant de se voir jeter comme une...
commentaires (12)
Super, comme d'habitude...
Wlek Sanferlou
04 h 56, le 03 juin 2023