Najate et Melhem

En vous constituant volontairement prisonniers, Najate et Melhem, députés de la nation, vous démontrez avec force et dignité que le Parlement, lieu par excellence où devrait s’exprimer la voix souveraine du peuple libanais, est devenu un pénitentiaire où sont séquestrées la liberté, la justice et la démocratie.

Vous êtes deux prisonniers politiques volontaires d’un régime aveugle et totalitaire, déguisé en république.

Avec vous sont séquestrés l’égalité, la justice, le sens du devoir et le patriotisme éclairé.

Vous incarnez ces valeurs au nom des victimes et des laissés-pour-compte d’un système corrompu qui s’auto-entretient. Un système qui a transformé le Liban en une geôle à ciel ouvert, et les Libanais en zombies condamnés à errer sur leur propre terre.

Je salue votre formidable énergie dont les seules ressources possibles sont la quête de la justice, la foi en Dieu et l’amour du Liban.

En entretenant une flamme où transparaissent l’intégrité et la justice, vous entretenez l’infime espoir d’un grand nombre.

Bien entendu, quelques-uns trouveront toujours quelque chose à redire sur votre démarche. Par intérêt, par calcul, par lâcheté, par jalousie, par vanité ou par ignorance.

Quoi qu’on en dise, il n’en demeure pas moins que votre initiative réhabilite les valeurs de la république et les principes de la démocratie, depuis longtemps bafoués par une classe politique archaïque et sans vergogne.

C’est ainsi que vous redonnez à la population manipulée et déboussolée la possibilité de se reconstruire et de se libérer des compromissions qui l’enchaînent.

Une chose vous est acquise, vous avez déjà réussi à sauver votre conscience, et c’est en définitive ce qui compte.

Le miroir de l’au-delà vous sourira, là où il crachera à la figure des personnages politiques qui ont déserté les sièges parlementaires qui vous entourent.

Comme nous le savons tous, au bout du chemin, nul ne pourra échapper au miroir de sa propre finitude…

Je prie Dieu pour que votre action, qui vous justifie et vous honore à titre personnel, ne soit pas vaine à l’échelle de la nation.

Je prie Dieu pour qu’il réveille la conscience de tous les citoyens, afin que le peuple retrouvé vous libère, vous les tenants d’une politique juste et citoyenne, bâillonnés dans les oubliettes d’un Parlement arriéré et inique.

Car ce qui a été volé au peuple ne peut être récupéré que par le peuple, accompagné par des représentants issus de ce peuple.

Avec toute mon estime, ma gratitude et mes prières.

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