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Société - Pouvoirs locaux

Dissolution polémique à Jdeidé de la plus grande municipalité du Metn

Le président sortant du conseil municipal invoque « un complot politique », alors que des membres démissionnaires l’accusent de « monopoliser les décisions ». L’agglomération côtière fait désormais partie des 10 % de municipalités du pays ayant des conseils démissionnaires.

Dissolution polémique à Jdeidé de la plus grande municipalité du Metn

Vue extérieure du bâtiment municipal de Jdeidé. Photo Facebook/Jdeidet el-Bouchrieh Sed (JBS)

Après des semaines de va-et-vient, la nouvelle est finalement confirmée. La municipalité de Jdeidé, la plus grande du caza du Metn, est officiellement dissoute après que la moitié de ses membres ont jeté l’éponge à la mi-mars en raison de conflits politiques, selon les uns, ou administratifs, selon les autres. Après des semaines de pourparlers pour tenter d’éviter cet effondrement, les démissions ont finalement été acceptées par le mohafez du Mont-Liban Mohammad Mekkaoui, qui en a notifié mardi le ministre sortant de l’Intérieur Bassam Maoulaoui, selon des informations obtenues par L’Orient-Le Jour. Présidée depuis une vingtaine d’années par Antoine Gebara, connu pour sa proximité avec la famille Murr dont il s’est ensuite éloigné, la localité, qui compte environ 20 000 électeurs inscrits (avec les quartiers de Bauchriyé et de Sed el-Bauchriyé) et des sites importants dont une décharge côtière, se retrouve aujourd’hui dans une situation délicate. Ces développements sont d’autant plus dramatiques que les élections municipales, qui devaient se tenir en mai, ont été reportées à l’an prochain par le Parlement.

« Ils se sont ligués contre moi »

Formé de proches du clan Murr, du Courant patriotique libre (CPL), des Kataëb et des Forces libanaises, le conseil municipal de Jdeidé a été déclaré hors service après la démission de 11 de ses 21 membres qui n’ont pas expliqué leurs motivations de manière officielle. Contacté par L’OLJ, Antoine Gebara estime, lui, qu’il s’agit d’une affaire purement politique liée à un conflit qui l’oppose « depuis les législatives de 2018 » à la famille Murr. « Je suis victime d’un complot. À l’époque, Élias Murr (ancien ministre) m’a menacé en direct à la télévision », accuse-t-il. Selon M. Gebara, tout a commencé cette fois lorsque des « élus aounistes et d’autres proches d’Élias Murr se sont ligués » contre lui, ce qui a alors conduit à la dissolution de la municipalité. Contacté par notre journal, le député Michel Murr, fils d’Élias Murr, a refusé de commenter cette affaire. Le vice-président du conseil municipal Mansour Fadel fait partie des démissionnaires. M. Fadel, qui occupe également le poste de vice-président aux affaires de la jeunesse au sein du CPL, assure pour sa part que ce dossier « n’a absolument rien de politique ». « Il s’agit d’un conflit administratif et non politique. Nous n’étions pas satisfaits du travail tout simplement. Certains vous diront qu’ils sont partis parce que le président de la municipalité monopolisait le pouvoir décisionnel, d’autres parce qu’il cherchait à faire élire son fils lors des prochaines municipales », explique-t-il.

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Pour Mansour Fadel, la situation au sein de la municipalité « n’était plus supportable ». « Comparé au système qui était en place, je pense que c’est beaucoup mieux maintenant, même avec un vide au niveau administratif. C’est mieux que de faire face à quelqu’un qui monopolise les décisions », souligne-t-il.Une source au sein du ministère de l’Intérieur indique que le président de la municipalité fait actuellement l’objet d’une plainte de la part d’Élias Murr, une information confirmée par Antoine Gebara lui-même. Ce dernier a répliqué en portant plainte à son tour contre l’ancien ministre qu’il accuse de diffamation et d’avoir versé des pots-de-vin à des fonctionnaires. « Élias Murr a sapé le conseil municipal pour s’en prendre à moi », accuse M. Gebara.

L’ancien président de la municipalité de Jdeidé Antoine Gebara lors d’une cérémonie en 2018. Photo Facebook/Jdeidet el-Bouchrieh Sed (JBS)

Un casse-tête administratif

Quoi qu’il en soit, la dissolution du conseil municipal d’une localité de cette importance n’est pas anodine. Interrogé sur la poursuite du travail administratif au sein de Jdeidé, M. Gebara se contente de répondre : « Cela ne me dérange pas qu’on m’ait écarté. De toute manière, j’ai besoin de me reposer. » Selon la loi, la gestion des affaires courantes dans une municipalité démissionnaire incombe au mohafez ou au caïmacam de la région, qui doit alors prendre en charge toutes les démarches administratives. Une situation qui inquiète Mohammad Mekkaoui, dont la juridiction couvre la localité de Jdeidé. « Cette municipalité pose de nombreux défis, liés entre autres à la gestion de la décharge côtière qui se trouve sur le littoral du Metn, sans compter la zone industrielle de la localité ou encore les nombreux réservoirs de carburants (situés le long de la côte de Jdeidé et appartenant à des sociétés de distribution de carburants, NDLR) », alerte le mohafez. Interrogé par rapport à la décharge, Antoine Gebara indique que le conseil municipal ne s’est jamais occupé du site, sa gestion étant du ressort du Conseil du développement et de la reconstruction qui gère le contrat avec une entreprise privée, en l’occurrence celle de l’entrepreneur Dany Khoury.

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Une source gouvernementale confirme que la gestion du site ne serait pas affectée par le vide au niveau de la municipalité. « Il s’agit de l’une des cinq plus grandes municipalités du pays et de la plus grande du Metn. Il sera donc difficile qu’une seule personne gère une municipalité de cette taille. Ce sont les habitants de la région qui vont en payer le prix », déplore Mohammad Mekkaoui. Quant à de possibles élections partielles pour remplacer le conseil municipal, le mohafez révèle que les autorités n’y pensent même pas. « Personne ne prendra la peine de lancer des campagnes électorales pour des conseils municipaux qui resteront en place à peine une année. De plus, les choses se compliqueront si d’autres municipalités démissionnent entre-temps », explique-t-il. Car le cas de Jdeidé est loin d’être exceptionnel. Une source au sein du ministère de l’Intérieur a révélé à notre journal qu’un total de 110 conseils municipaux sur 1 057 ont démissionné depuis le début de la crise au Liban, soit plus de 10 % des autorités locales du pays. Selon le mohafez du Mont-Liban, « plus de 30 municipalités ont été dissoutes rien que dans ce mohafazat pour des problèmes parfois politiques ou liés à la situation du pays ». « Le rythme des démissions au sein des conseils municipaux va certainement augmenter dans les prochaines semaines », estime M. Mekkaoui, invoquant l’effondrement des budgets de ces autorités locales qui complique le travail municipal. Il affirme par ailleurs « avoir tout essayé pour pousser les élus de Jdeidé à revenir sur leur décision, en vain ».

Après des semaines de va-et-vient, la nouvelle est finalement confirmée. La municipalité de Jdeidé, la plus grande du caza du Metn, est officiellement dissoute après que la moitié de ses membres ont jeté l’éponge à la mi-mars en raison de conflits politiques, selon les uns, ou administratifs, selon les autres. Après des semaines de pourparlers pour tenter d’éviter cet...

commentaires (2)

Si l’exemple pouvait venir d’en bas.. Il n’est pas fréquent que des politiciens démissionnent en raison de divergences ….

C…

17 h 35, le 30 avril 2023

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Commentaires (2)

  • Si l’exemple pouvait venir d’en bas.. Il n’est pas fréquent que des politiciens démissionnent en raison de divergences ….

    C…

    17 h 35, le 30 avril 2023

  • "… parce qu’il cherchait à faire élire son fils lors des prochaines municipales …" - Je comprend que cela choque le CPL. Qu’on cherche à faire élire son gendre à sa place, ça c’est kosher, mais son fils !?! Où va-t-on? Merci CPL pour cette nuance…

    Gros Gnon

    06 h 33, le 30 avril 2023

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