Le Parlement libanais a tenu une séance mardi matin place de l'Etoile et a voté la prolongation du mandat des conseils municipaux et ceux des moukhtars pour une durée maximale d'un an. Ce scrutin, qui avait déjà été reporté d'un an, devait se tenir initialement à partir du 7 mai. Les mandats des conseils municipaux et des moukhtars expirent donc au plus tard le 31 mai 2024.
Réunis sous la conduite du président du Parlement Nabih Berry, les députés du tandem chiite Amal-Hezbollah et du Courant patriotique libre (CPL) ont participé à la séance, alors que ceux des Forces libanaises (FL) et des Kataëb notamment l'ont boudée.
La séance a été levée peu avant midi.
Le Liban est censé organiser des élections municipales tous les six ans. Le dernier scrutin local a eu lieu en 2016.
Par ailleurs, au cours d'une réunion du Conseil des ministres l'après-midi, le Premier ministre sortant Nagib Mikati a affirmé qu'il entendait organiser le scrutin "le plus rapidement possible". "Après que le Parlement a prolongé le mandat des municipalités nous pouvons prendre le temps de discuter de la question du financement", a-t-il indiqué. Le ministre sortant de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, a d'ailleurs été chargé d'examiner cette question, ainsi que de nouvelles dates avec les différentes parties concernées. Les conclusions de ces discussions seront rapportées lors du prochain Conseil des ministres.
Polémiques
Durant la séance parlementaire dans la matinée M. Mikati s'était adressé à ses détracteurs, mais sans les nommer. "Si vous ne voulez vraiment pas du report des municipales, pourquoi avez-vous assisté à la réunion d'aujourd'hui et assuré le quorum nécessaire ? Ceux qui ne veulent pas du report ne participent pas à la séance", a-t-il dit, dans une critique des députés du CPL, ce qui a suscité de vives critiques d'élus aounistes, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).
Une polémique a également éclaté avec le député de Saïda Oussama Saad qui a accusé le cabinet Mikati de mentir aux Libanais au sujet des élections. Le Premier ministre sortant a alors accusé, à son tour, les députés de mentir aux Libanais. Un échange tendu a également opposé le président du Parlement au député Hadi Aboul Hosn du Parti socialiste progressiste (PSP), qui a plaidé en faveur d'un report technique des municipales de quatre mois, conformément à une proposition de loi du vice-président de la Chambre Elias Bou Saab.
Le Parlement ne s'est pas réuni depuis trois mois dans un Liban aux prises avec une double vacance à l'Exécutif, depuis la fin du mandat du président de la République Michel Aoun en octobre. A l'ombre de cette vacance, la Chambre est censée uniquement procéder à l'élection d'un nouveau chef de l'Etat, ce qui a poussé nombre de députés à boycotter cette séance.
Le Liban est dirigé par un gouvernement démissionnaire depuis mai 2022. L'équipe ministérielle de Nagib Mikati doit aussi se retrouver mardi, pour décider entre autres du déblocage des fonds nécessaires pour financer les municipales si elles avaient lieu. Certains observateurs estiment néanmoins que ce point intervient trop tard. Depuis des semaines, les pouvoirs exécutif et législatif se renvoient la balle pour décider du sort de ces élections, qu'il s'agisse de leur financement ou de leur report.
Bassil se défend
S'exprimant à l'issue de la réunion, le chef du CPL Gebran Bassil a justifié la participation de son groupe parlementaire à la séance, bien qu'il critique régulièrement les réunions du cabinet sortant en pleine vacance présidentielle. "Nous avons participé à cette séance à une seule fin : éviter la vacance au sein des municipalités et parmi les mokhtars. Nous ne pouvons ajouter une vacance municipale aux vacances présidentielle et gouvernementale", a-t-il dit. Avant de renchérir : "Nous ne sommes pas avec la législation (en cas de vacance présidentielle) sauf en cas de nécessité extrême".
Le chef du CPL s'en est également pris à M. Maoulaoui, qui avait affirmé être prêt à organiser les municipales si le financement nécessaire était assuré. "Il s'est avéré que le gouvernement et le ministère de l'Intérieur ne sont pas prêts à organiser les municipales. Le ministre Maoulaoui s'exprime dans les médias mais ne dit rien lors de la réunion", a critiqué M. Bassil. Le ministère de l'Intérieur n'a pas tardé à réagir à ces accusations. "Le ministre Maoulaoui, dans ses propos exprimés aux médias et à huis clos, affirme que le ministère est logistiquement prêt à organiser les élections, une fois le financement nécessaire assuré", a-t-il précisé dans un communiqué.
Gebran Bassil n'a pas manqué de critiquer aussi son rival chrétien et chef des Forces libanaises, Samir Geagea, rappelant que les FL avaient participé à des séances législatives entre 2014 et 2016 aussi en pleine vacance présidentielle.
Les députés ont également voté en faveur de l'amendement de la loi sur les marchés publics de 2021, après voir planché sur une proposition de loi présentée par les députés Ali Hassan Khalil, Alain Aoun et Jihad Abdel Samad. Cette proposition réduit significativement l'efficacité de la loi initiale au niveau des garanties de transparence et de libre jeu de la concurrence, selon une étude comparative réalisée par l'Institut des Finances Bassel Fleyhane.
Rectification. Quand tu nous tiens. Et nous pourrons. Merci. La faute au correcteur que je n’ai pas sollicité tout comme certains pays qui se croient légitimes d’intervenir dans nos problèmes internes pour les aggraver, alors qu’on ne les a pas sonné.
14 h 19, le 19 avril 2023