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Nos Lecteurs ont la Parole

Avons-nous besoin d’une tutelle ?

Les États susceptibles d’influer sur l’évolution de la situation dont pâtit le Liban comptent en leur nombre autant de pays démocratiques que de pays totalitaires.

La Syrie fut un pays démocratique, mais sa classe dirigeante s’est surtout montrée efficace dans une sorte de racisme confessionnel, l’a fait générer en terreau fertile pour les révoltes. Cette situation a enfanté le parti Baas, qui a fait grimper au pouvoir la famille Assad avec un gouvernement sauvage. Le peuple s’est alors soulevé et nous avons vu alors la guerre et l’exil des Syriens par millions où quelque deux millions sont venus se réfugier au Liban.

Il y a de l’autre côté Israël qui a usurpé une terre et s’est transformé en un État générant des réfugiés en Syrie, au Liban et en Jordanie. La grande défaite arabe de 1967 a lancé certains Palestiniens dans l’action terroriste qui a provoqué dans les pays d’accueil une hostilité encore plus grande que celle nourrie contre Israël ! Et c’est ainsi que la majorité des pays arabes a fini par normaliser les relations avec cet État, à l’origine spoliateur.

Il y a, d’autre part, la Turquie et aussi la France, la tendre mère « al-oumm al-hanouna », sans oublier l’Iran. Il y a également les États-Unis, ce pays qui cultive son intérêt et se range toujours du côté d’Israël. Il y a aussi l’Arabie saoudite qui a ouvert son cœur à toutes les confessions au Liban et qui a accueilli plus de la moitié des Libanais sur ses terres.

Au Liban, coexistent des peuples définis par leur confession : le sunnite, le chiite, le druze et les chrétiens (maronite, orthodoxe et catholique...). Ils se livrent tous des combats depuis l’indépendance, mais deviennent, quand c’est la trêve, un seul peuple unique en son genre, fusionnant joliment les cultures de l’Orient et de l’Occident. Mais il existe toujours une confession vaincue par les autres. De plus et surtout, une protection internationale est assurée à chaque confession.

Aujourd’hui, nous constatons que ce pays que nous aimons s’effondre de jour en jour, rongé par le confessionnalisme et la corruption. Ses institutions ont été détruites et il est en train de rendre son dernier souffle. Au cours de la guerre civile et sur l’initiative de l’Arabie saoudite, une action intelligente a été menée pour mettre fin aux combats et retrouver la paix. Ce fut alors l’accord de Taëf, qui a été coulé dans la Constitution qui, à la base, en contredit l’esprit. Taëf constituait une solution mettant fin aux combats, mais les milices confessionnelles ont pris le dessus. Les combattants ont alors ôté leurs tenues militaires et ont revêtu des habits civils, faisant croire que la guerre a pris fin à Taëf. Ils ont donné dans la Constitution une explication de Taëf exactement contraire à cet accord. Ils ont adopté une explication qui était une invitation à la guerre et à l’anéantissement. Ils n’ont corollairement appliqué aucune des réformes prévues par Taëf. Après le viol de cet accord, la porte a été ouverte aux assassinats. Puis les tenants du pouvoir ont pillé les fonds de l’État. Ils ont placé leurs partisans et leurs sympathisants dans toutes les institutions publiques, dans les ministères, dans la magistrature… Le nombre de fonctionnaires a triplé. Ces nouveaux arrivants touchent leurs salaires et émoluments sans être à leur poste. Le réseau électrique a été pillé avec ses équipements, câbles et poteaux, sans évoquer le fait que l’électricité est quasiment absente. L’excès de corruption et de cupidité a engendré un déficit de plus de quarante milliards de dollars en ce seul secteur.

Il en est ainsi depuis 1989 et jusqu’à ce jour. Le pays est en proie à un effondrement jamais vu dans le monde. Les portes ont été grandement ouvertes à la fuite des capitaux, dont notamment les fonds récoltés par le jeu de la corruption. Le peuple s’est rebellé et est descendu dans la rue, mais les maîtres de la corruption se sont glissés parmi eux et la montagne a accouché d’une souris !

Pour que les quelques grands pays, aidés du groupe des Libanais qui croient au Liban, puissent sauver le pays de cet effondrement, il faut revenir à l’accord de Taëf et l’appliquer, non seulement en ses termes mais également en son esprit. La Constitution devra être abrogée en son entier et quelques modifications devront être apportées à cet accord pour en faire le substitut, et non rejeter cet accord et élaborer une nouvelle Constitution contraire à l’ancienne et à « Taëf », et ce par la tenue d’un congrès national auquel participeraient les grands patriotes et les penseurs de toutes les confessions. Il leur appartiendra de réfléchir à : l’élaboration d’un nouveau système présidentiel ou parlementaire ;

l’abolition du confessionnalisme ; la décentralisation administrative ; la création d’un Sénat confessionnel et d’une Chambre des députés non confessionnelle ; l’institution d’une indépendance de la justice ; la création d’un conseil d’abolition du confessionnalisme ; l’application de la loi de l’enrichissement sans cause ; la proclamation de la neutralité.

Notre patrie, ils nous l’ont volée !

Aussi avons-nous loué une patrie. Pour ces raisons, les émigrés libanais, qui sont en nombre beaucoup plus grand que celui des résidents, ont un rôle à jouer dans la réforme et la reconstruction du pays pour se l’approprier à nouveau. Les émigrés sont les enfants des résidents et constituent une force dans leurs pays d’accueil. Cette élite est tenue de participer ardemment au travail, d’autant que les élections ont montré que cette élite est favorable à la réforme et comporte des gens de grande qualité morale.

Abdel Hamid EL-AHDAB

Avocat

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Les États susceptibles d’influer sur l’évolution de la situation dont pâtit le Liban comptent en leur nombre autant de pays démocratiques que de pays totalitaires. La Syrie fut un pays démocratique, mais sa classe dirigeante s’est surtout montrée efficace dans une sorte de racisme confessionnel, l’a fait générer en terreau fertile pour les révoltes. Cette situation a enfanté le...

commentaires (1)

Cher Maître. Vous parlez de patrie..quelle patrie ? Le jour où nous dirons je suis Libanais avant de dire je suis chrétien musulman druze..ce jour-là on pourra parler de patrie .....

Tamimtamim

09 h 43, le 28 avril 2023

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Commentaires (1)

  • Cher Maître. Vous parlez de patrie..quelle patrie ? Le jour où nous dirons je suis Libanais avant de dire je suis chrétien musulman druze..ce jour-là on pourra parler de patrie .....

    Tamimtamim

    09 h 43, le 28 avril 2023

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